TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 26 janvier 2011

Deux milliards d'utilisateurs de l'Internet dans le monde

"Début 2011", les abonnés à la téléphonie mobile atteignaient plus de cinq milliards, tandis que les utilisateurs d'Internet dépassaient légèrement les deux milliards, a annoncé mercredi 26 janvier le chef de l'Union internationale des télécommunications (UIT), Hamadoun Touré.

"Au début de l'année 2000, il y avait seulement 500 millions d'abonnés à la téléphonie mobile dans le monde et 250 millions d'utilisateurs d'Internet", a déclaré M. Touré devant les médias.

UN HABITANT SUR TROIS A SURFÉ SUR INTERNET

Selon les statistiques de l'UIT, quelque 2,08 milliards de personnes – soit plus d'un habitant de la planète sur trois – ont surfé sur Internet en 2010, contre 1,86 milliard en 2009. Ils n'étaient que 1,036 milliard à le faire en 2005.

Pour la troisième année consécutive, le nombre d'utilisateurs est plus important dans les pays en développement (1,19 milliard, une croissance de 15,6 % entre 2009 et 2010) que dans les pays développés (885 millions, une croissance de 7,79 % sur la même période).

LA TÉLÉPHONIE MOBILE

L'usage du téléphone portable est également foudroyant, avec 5,28 milliards d'abonnés dans le monde, dont plus de la moitié (3,84 milliards, une croissance de 18,59 % en un an) dans les pays en développement.

Dans les pays développés, le nombre d'abonnés à la téléphonie mobile a en revanche stagné en 2010 (+ 1,91 %, à 1,43 million de personnes).

L'agence onusienne chargée des questions relatives aux technologies de l'information et de la communication espère que la moitié au moins de la population mondiale aura accès à la téléphonie mobile à large bande (3G) d'ici à 2015. Selon l'UIT, le nombre d'abonnements à la téléphonie mobile 3G a été presque multiplié par dix en quatre ans, dépassant même la bande large fixe.

Les services secrets britanniques auraient élaboré un plan anti-Hamas

Les services secrets britanniques ont contribué à l'élaboration, en 2004, d'un plan secret pour restreindre l'action du Hamas en Cisjordanie, selon des documents confidentiels publiés, mardi 25 janvier, par le quotidien britannique The Guardian. Ce plan, qui comprenait l'internement de dirigeants et de militants du mouvement islamiste, la fermeture de stations de radio et le remplacement des imams dans les mosquées, a été en partie mis à exécution par la branche du Fatah en Cisjordanie, de plus en plus critiquée pour son autoritarisme et les atteintes qu'elle porte aux droits de l'homme.

Le plan comprenait des propositions détaillées pour établir une force de sécurité basée sur des responsables de l'Autorité palestinienne en qui le Royaume-Uni a "confiance" – et non les "chefs traditionnels de la sécurité" – qui serait reliée avec les services de renseignement israéliens via une "ligne directe".
Le plan de sécurité palestinien du MI6 (services secrets britanniques) recommandait la "détention des principaux officiers de rang intermédiaire" du Hamas et d'autres groupes armés, et proposait d'"explorer la possibilité d'interner temporairement des leaders du Hamas et du Djihad islamique, en s'assurant qu'ils sont bien traités, avec un financement de l'Union européenne".
"NOUS CONNAISSONS SON ADRESSE... POURQUOI NE LE TUEZ-VOUS PAS ?"
Ces documents, révélés par Al-Jazira puis vérifiés par le Guardian, mettent également en lumière la profonde coopération militaire et sécuritaire entre les forces palestiniennes et israéliennes.
Parmi les documents révélés, on trouve ainsi l'étonnant récit d'un entretien datant de 2005 entre le ministre de la défense israélien de l'époque, Shaul Mofaz, et le ministre de l'intérieur de l'Autorité palestinienne, Nasser Youssef. En parlant de Hassan Al-Madhoun, un commandant de la branche armée du Fatah liée aux Brigades des martyrs d'Al-Aqsa tenu responsable par Israël d'une attaque-suicide l'année précédente, M. Mofaz demande à M. Youssef : "Nous connaissons son adresse... pourquoi ne le tuez-vous pas ?" M. Youssef répond alors : "L'environnement n'est pas facile, nos capacités sont limitées." Quelques mois après cette rencontre, Hassan Al-Madhoun sera tué par un drone israélien.
Le porte-parole de l'Organisation de libération de la Palestine et négociateur en chef Saeb Erekat apparaît également dans ces documents. Il aurait dit à un haut fonctionnaire américain en 2009 : "Nous avons eu à tuer des Palestiniens pour établir une autorité et la primauté de la loi... Nous avons même tué nos propres hommes pour maintenir l'ordre et la loi."
M. Erekat se serait par ailleurs plaint auprès de George Mitchell, émissaire des Etats-Unis pour le Proche-Orient, du fait qu'il n'y avait pas suffisamment de mesures prises pour boucher les tunnels reliant Gaza à l'Egypte.
Selon Alistair Crooke, un ancien officier du MI6 qui a aussi travaillé pour l'UE en Israël et dans les territoires palestiniens, ces documents reflètent une orientation de politique prise en 2003 par Tony Blair. Le premier ministre britannique voulait alors mettre en commun les politiques sécuritaires du Royaume-Uni et de l'UE dans les territoires palestiniens avec un commandement américain de "contre-insurection" contre le Hamas – politique qui a perdu de sa pertinence quand le Hamas a remporté les élections législatives de 2006.

Les Frères musulmans appellent à une manifestation en Jordanie

La confrérie des Frères musulmans et sa branche politique, le Front de l'action islamique (FAI), ont appelé à une nouvelle manifestation, vendredi en Jordanie, "contre la vie chère et pour des réformes politiques", a indiqué mercredi 26 janvier un porte-parole des Frères musulmans.
"Une nouvelle manifestation aura lieu vendredi après la prière", a déclaré Jamil Abou Bakr. "Nous poursuivrons notre mouvement, jusqu'à l'obtention de réformes politiques et l'amélioration du niveau de vie des Jordaniens", a-t-il ajouté. Le FAI, principal parti d'opposition, s'est engagé à ce que les manifestations soient "pacifiques".
Depuis la chute du président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, deux manifestations et un sit-in se sont déroulés dans le calme pour protester contre la vie chère et réclamer la chute du gouvernement, malgré une série de mesures sociales du gouvernement.
Vendredi, 4 000 manifestants à Amman et plus de 5 000 dans le royaume ont participé à des manifestations (portfolio). Quelque 25 % des Jordaniens vivent sous le seuil de pauvreté dans le royaume, selon une étude du Conseil économique et social jordanien.

LES CHIENS DE L'ISLAM PROFITENT DE LA RÉVOLUTION TUNISIENNE QUI N'A RIEN DE RELIGIEUSE, ELLE.

L'euro-yen dans une zone de congestion

La devise européenne se redresse à la faveur de la publication de bons indicateurs en zone euro, tout particulièrement en Allemagne :

L'indice ZEW du sentiment des analystes financiers et investisseurs allemands a fortement rebondi en janvier à 15,4 après 1,8 et 4,3 sur les 2 derniers mois de 2010.

D'autre part, l'indice IFO du climat des affaires Outre-Rhin vient de repousser encore plus haut son record historique à 110,3 après 109,8 en décembre.


La situation économique actuelle est jugée stable. Elle plafonne depuis 2 mois à haut niveau sous 113. Par contre, les perspectives des entreprises progressent encore à 107,8 contre 106,8 le mois précédent.

Enfin, les réunions récentes des Ministres des Finances de la zone euro et de l'Union Européenne au travers de l'Eurogroupe et de l'Ecofin laissent présager une solution un peu plus durable sur le mécanisme de stabilisation financière lors d'un prochain rendez-vous soit début février ou fin mars.

Dans ce contexte, l'euro a réussi à reprendre un peu de hauteur et aborde cette nouvelle semaine à plus de 112 yens.
Les acheteurs ont repris les commandes mais ils ne mènent pour l'instant qu'un rebond purement technique.

L'euro-yen est en effet toujours dominé par une tendance long terme baissière. La force des vendeurs tend à s'épuiser peu à peu cependant au sein d'un biseau baissier où l'amplitude des différentes séquences de baisse s'amenuise.

En cas de sortie haussière de la zone de congestion actuelle, c'est à dire entre le support à 105-106,50 et la résistance à 112-113,50 dans laquelle les cours évoluent depuis la fin mai 2010, un retournement de tendance prendrait forme avec comme objectif principal un retour sur 120.

Le courage du Parlement



Le commentaire politique de Christophe Barbier



Un tableau de Bruegel s'anime en 3D

Lech Majewski a travaillé avec un historien de l'art pour interpréter Le Portement de croix peint en 1564. 

L'auditorium du Louvre diffusera en avant-première le 2 février, dans le cadre de la quatrième édition des Journées internationales du film sur l'art, Le Moulin et la Croix de Lech Majewski.
Ce n'est pas le premier flirt de ce cinéaste avec les arts plastiques. En 1996 il a produit et écrit le biopic sur Basquiat le météore new-yorkais. Outre l'étonnante beauté plastique des images et la présence de Rutger Hauer, Charlotte Rampling et Michael York, l'intérêt de cette œuvre réside dans une conception absolument originale. Tout repose en effet sur un seul et unique tableau dans lequel le spectateur va être plongé.

Un texte devenu scénario 

Il s'agit du Portement de croix que Pieter Bruegel l'Aîné a exécuté en 1564 durant l'occupation brutale des Flandres par les Espagnols. Cette huile de 1,70 m sur 1,24 m est aujourd'hui conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne. L'historien de l'art Michael F. Gibson l'a longuement analysée et son texte est devenu scénario. «Pourquoi le peintre a-t-il dissimulé la figure centrale du Christ parmi une foule de paysans? s'est-il demandé. Pourquoi, dans un paysage Renaissance, a-t-il donné une importance considérable à un improbable moulin perché sur un énigmatique rocher? Pourquoi les gendarmes qui encadrent la procession sont-ils en uniforme rouge? Que signifie le style archaïsant des saintes femmes ? Passé et futur, vie et mort, destin et liberté façonnent cette fresque foisonnante, qui compte au moins cinq cents personnages se dirigeant vers le Golgotha. À Vienne on ne peut en savourer les mille saynètes et anecdotes qu'avec une loupe et sur un escabeau. Toutes sont significatives.»
Son essai paru aux éditions Noêsis en 1996 est lumineux. Il explique notamment pourquoi le peintre imagine la Passion au XVI e  siècle: «La démarche de Bruegel consiste à utiliser la situation politique immédiate pour faire comprendre l'histoire du messie en non pas de prendre l'histoire du Christ pour condamner les exactions espagnoles.» Mais le film qui découle de sa lecture, en alliant l'analogique à l'imagerie de synthèse et à la 3D, en produisant une manière d'équivalent visuel à l'interprétation, livre un supplément de sens. Par exemple, ce n'est que lors du tournage que Michael F. Gibson a pu discerner les différentes perspectives structurant la composition. Il y en a sept. Un chiffre magique.

L’euthanasie, un enjeu de 2012

Le droit à l’euthanasie est un vieux débat : voilà plus de vingt ans, le sénateur Caillavet le préconisait déjà et, chaque année ou presque, des parlementaires de droite et de gauche déposent un projet de loi, comme l’on fait hier des sénateurs. Chaque année aussi, le débat est renvoyé à des jours meilleurs.
Il serait cependant inexact de dire que rien n’a été accompli pour répondre aux souhaits de l’opinion, favorable à une loi comme le montrent tous les sondages, le dernier en date à 94 % ! La loi votée en 2005, dite « loi Leonetti » du nom de son rapporteur, permet le « laisser mourir » : un patient peut demander l’arrêt de tout traitement même si cela provoque un décès et les médecins sont tenus de suive le souhait du patient. Cette loi bien appliquée et partout, ce qui n’est pas le cas, serait déjà un pas important. Nombre de patients et leurs proches ont pu parvenir avec les équipes médicales à une décision de débrancher les appareils. Décision terriblement douloureuse pour ceux qui ont eu, j’en suis, la responsabilité de la prendre.
Mais faut-il aller plus loin en permettant par la loi de « faire mourir », de provoquer délibérément le décès par une assistance médicale organisée comme cela est possible en Belgique, aux Pays-Bas ou en Suisse ? Nos dirigeants politiques sont divisés à l’intérieur de chaque camp, le Premier ministre et Xavier Bertrand sont contre, comme Ségolène Royal.
Beaucoup de socialistes sont pour, tels François Hollande et Martine Aubry. Pendant la campagne de 2012, les principaux candidats devront prendre position clairement, comme autrefois sur l’avortement.

Egypte : "Personne ne lâchera Moubarak"

Jean-Noël Ferrié, directeur de recherche spécialiste de l'Egypte au CNRS, relativise l'ampleur des manifestations anti-Moubarak qui ont eu lieu mardi 25 janvier dans le pays. Selon lui, il serait "très étonnant" que le président égyptien connaisse le même sort que son ancien homologue tunisien, Ben Ali.

Les manifestations de mardi sont-elles réellement exceptionnelles à l'échelle de l'histoire des mouvements sociaux en Egypte ?
La mobilisation était inédite en nombre pour de telles circonstances (demander le départ du président égyptien Hosni Moubarak). Mais les mouvements de 1977 étaient beaucoup plus importants et les mobilisations sur d'autres sujets, comme la Palestine, sont aussi très fortes.
A l'échelle de l'ensemble de la population égyptienne, les manifestations de mardi sont peu importantes. Que 15 à 20 000 personnes descendent dans les rues d'une capitale qui compte 14 millions d'habitants reste avant tout symbolique.
Mais a-t-on déjà vu des revendications aussi dures envers Moubarak  ?
Ce n'est pas si nouveau. Il y a encore quelques années, le mouvement Kifaya ("assez", en arabe) arrivait à rassembler plusieurs centaines de personnes pour réclamer le départ de Moubarak. Par ailleurs, il n'est pas très étonnant que dans un régime autoritaire avec un certain nombre de problèmes sociaux il y ait des manifestations contre le chef de l'Etat.
Dans les pays démocratiques, on trouverait facilement 15 000 personnes pour demander le départ du gouvernement. A mon sens, ces manifestations ne marquent donc pas une rupture dans le régime.
Est-ce que les pays occidentaux pourraient accepter de lâcher Moubarak ?
Mais personne ne lâchera Moubarak ! La Tunisie est un petit pays, où pour l'instant les gens qui remplacent Ben Ali sont issus de l'ancien pouvoir. Il n'y pas réellement de changement de régime. En Egypte, la chute de Moubarak impliquerait l'écroulement de l'ensemble du régime.
Dans ce pays, le gouvernement et la haute administration ont l'impression de travailler pour l'intérêt de l'Egypte et non pour le chef de l'Etat, comme en Tunisie. Et l'armée soutient Moubarak. Par ailleurs, si l'ensemble du régime tombe c'est un problème pour le pays, pour la région et pour les alliés de l'Egypte.
Le président égyptien contrôle donc mieux son Etat que Ben Ali ?
La situation est sans comparaison avec la Tunisie. Moubarak n'est pas à proprement parler un dictateur, c'est un dirigeant autoritaire. Il gouverne au sein d'un Etat qui est très institutionnalisé. L'entourage de Moubarak n'est pas constitué de prédateurs et de profiteurs comme celui de Ben Ali.
Par ailleurs, Moubarak est issu de l'armée, avec qui il entretient toujours des liens très forts. Une chute de Moubarak serait donc extrêmement étonnante. Les syndicats sont contrôlés par le gouvernement et ne soutiennent pas les manifestants. Même les partis politiques d'opposition affichent un soutien modéré. Il y a donc peu de chance que les protestaires arrivent à déclencher une mobilisation massive des Egyptiens autour de leurs revendications.
Pourquoi le principal mouvement d'opposition, les Frères musulmans, ne soutient pas plus les manifestants ?
Les Frères musulmans sont très prudents et savent qu'au moindre faux pas le régime n'aura aucun problème à accentuer la répression sur eux. Deuxièmement, il n'est pas certain que les Frères musulmans aient beaucoup de sympathie pour les manifestants, qui sont avant tout des jeunes libéraux. Et troisièmement, les Frères musulmans pensent que le mouvement ne durera pas.
Comment expliquez-vous que, même si trois manifestants sont morts, la police égyptienne ait fait preuve d'une certaine retenue ?
Depuis plusieurs années, probablement sous l'influence d'une aile libérale autour de Gamal Moubarak [le fils d'Hosni Moubarak, pressenti pour le remplacer à la tête de l'Egypte], la répression des mouvements de protestation s'est adoucie. Mais cela ne veut pas dire qui si les manifestations perdurent le régime ne choisira pas de revenir aux anciennes méthodes. C'est très simple : si le régime n'est pas capable d'accroître la répression dans les manifestations, cela peut avoir un effet d'encouragement pour de nouvelles manifestations.

Impressionnant rebond de la croissance mondiale

Dans la mise à jour de ses prévisions, le Fonds monétaire international (FMI) dépeint une croissance économique très vigoureuse dans les pays en développement et émergents (6,5%), soutenue aux Etats-Unis (3%) mais faible et fragile en Europe (1,5%).

Un moindre ralentissement dans les pays avancés et la confirmation d'une vigoureuse reprise dans les pays émergents : le tableau statistique dressé par le Fonds monétaire international (FMI) dans la mise à jour de janvier de ses prévisions économiques mondiales (Weo), est à première vue rassurant. Globalement, l'économie de la planète devrait croître de 4,4% en 2011, comparé à seulement 4,2% selon ses prévisions parues en octobre. Un vrai sursaut par rapport à 2009 marquée par la plus grande récession depuis 1929 (-0,6%). En 2012, l'économie mondiale devrait progresser de 4,5%, sans changement par rapport aux prévisions d'octobre.
Très largement en tête de peloton, les pays émergents et en développement devraient enregistrer une croissance de leur PIB de 6,5% (+0,1 point) en 2011 et autant en 2012. Parmi eux, la Chine engrangerait une augmentation de son activité de 9,6%, en léger reflux par rapport à 2010 (10,3%), et presque autant en 2012.
A l'opposé, l'économie de la zone euro n'augmenterait que d'un modeste 1,5%, sans changement par rapport aux prévisions d'octobre, avant de croître de 1,7% en 2012. Le taux de croissance des Etats-Unis serait le double de celui de l'Europe, avec un rythme de 3% en 2011 puis refluerait légèrement à 2,7% en 2012.
Le FMI attribue "aux nouvelles initiatives pour doper la croissance" la vigueur de la reprise aux Etats-Unis. Toutefois, il relève que "la reprise à deux vitesse se poursuit", avec "dans beaucoup de pays émergents, une activité bouillonnante, des pressions inflationnistes, et quelques signes de surchauffe alimentées en partie par d'importants afflux de capitaux". Dans les pays avancés en revanche, "le chômage demeure élevé, et des signes renouvelés de tension parmi les pays périphériques de la zone euro" obscurcissent l'horizon.
Au total, "la menace sur la croissance demeure élevée" et "le plus urgent pour instaurer une croissance robuste consiste à mener des actions d'envergure et rapides afin de venir à bout les désordres financiers et souverains dans la zone euro et des politiques de redressement budgétaire ainsi que de réparer et réformer le système financier dans les pays avancés", recommande le FMI.

Les Français champions du monde de l'anti-capitalisme

Selon un sondage mené dans dix pays par l'Ifop et publié ce mercredi par La Croix, les Français sont de loin les plus opposés au capitalisme. A l'inverse des Chinois dont seulement 3% se disent favorables à un abandon du système capitaliste.

C'est un sondage qui, à gauche comme à l'extrême-droite de l'échiquier politique français, devrait satisfaire ceux qui pourfendent le modèle libéral. Selon l'Ifop, pour un Français sur trois, le capitalisme n'est pas un bon système et il conviendrait d'en sortir. Cette enquête réalisée dans dix pays doit être publiée ce mercredi par le journal La Croix à l'occasion de l'ouverture du forum de Davos et elle montre que les Français sont, de loin, les plus nombreux à prôner un abandon du système capitaliste.
A titre de comparaison, 3% seulement des Chinois pensent la même chose. Bien qu'ils vivent officiellement dans une république qui se revendique communiste, ces derniers sont même 65% à considérer qu'il faut conserver ce système "qui fonctionne plutôt bien", contre 15% à peine en France. C'est d'ailleurs dans l'Hexagone que, sur les dix pays étudiés, on trouve le moins de défenseurs du capitalisme. Et c'est en Chine que ses zélateurs sont les plus nombreux.
Le sondage met en avant un clivage qui se dessine au sein de l'Europe entre les zones où l'économie repart, comme en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Pologne, et celles où chômage et déficits publics restent élevés. Ainsi, 21% des Allemands ont encore le sentiment d'être "en pleine crise" contre 53% des Français, 58% des Italiens, 52% des Américains et 46% des Britanniques.
Les Australiens pensent à 79% que leur pays est bien placé pour faire face à la compétition mondiale, et les Allemands sont optimistes à 77% sur ce sujet. Les Français le sont à 34% et les Américains à 40%, comme les Italiens. Pour 91% des Français, 77% des Chinois et 66% des Néerlandais, une nouvelle crise économique est fortement probable et il faut plus de réglementation.
Début janvier, un sondage BVA pour Le Parisien affirmait que les Français étaient les champions du monde du pessimisme, devant les habitants de pays en guerre comme l'Irak. Le sondage de l'Ifop pour La Croix a été réalisé du 8 au 23 décembre sur un échantillon de 6.023 personnes, représentatif des habitants âgés de 18 ans et plus de chacun des pays.
latribune.fr - 25/01/2011, 18:23  | 
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L'iPhone 5 d'Apple, futur accélérateur du paiement sans contact ?

Selon le Financial Times, la future version de l'iPhone contiendra la capacité d'opérations sans contact. De quoi, peut-être, les faire décoller.

La planète "high tech" commence à bruisser des rumeurs sur le futur iPhone 5, le "smartphone" vedette d'Apple. Quelles seront ses spécificités, ses améliorations, ses petits "plus", chacun y va de son pronostic.
Ce mercredi, le Financial Times lève peut-être un coin du voile. Selon le grand quotidien britannique des affaires, l'iPhone 5 sera doté de capacités d'opérations sans contact, et notamment le fameux paiement sans contact qui n'a pas encore vraiment décollé.
Le succès de l'iPhone pourrait donc être le "booster" qui manquait au paiement sans contact, comme il l'a été du très haut débit mobile comme le reconnaissent les opérateurs et notamment France Télécom Orange.

L’impossible choix

C’est un éditorial pour lequel on aurait envie de demander un joker.

Peu de sujets sont aussi difficiles à traiter que l’euthanasie. La question défie la raison. Ses tourments trouvent leur source au plus profond de la conscience, de l’éthique de la vie, de la conception de la mort et d’une certaine idée de la liberté face aux diktats les plus insupportables de la condition humaine. Un terrible carrefour intérieur où se télescopent la certitude et le doute. Le mystère et la conviction. La morale et l’affranchissement.

Il n’y a pas d’échappatoire pourtant à ce rendez-vous avec soi-même que la société transforme peu à peu en interrogation collective. Suis-je, oui ou non, maître de mon existence jusqu’à son extinction? Suis-je, oui ou non, propriétaire de ma propre mort? La prudence intime et les préventions politiques refoulent volontiers cette introspection personnelle...

La loi de 2005, dite Leonetti, ne répond que partiellement à l’intention, universelle, de mourir dans la dignité. En ouvrant à un patient le droit de demander l’arrêt d’un traitement, elle permet le «laisser-mourir». Et elle constitue un grand progrès, même si les soins palliatifs ne sont pas forcément un substitut satisfaisant. Mais elle ne donne pas accès à une autre dimension, plus radicale: la demande de mourir. Autrement dit, au suicide assisté. Au refus d’une cruauté inutile. Au rejet d’une torture qui n’a aucun sens sauf pour ceux qui considèrent l’épreuve de la douleur comme une rédemption religieuse.

Théoriser sur l’acceptation de la déchéance physique quand on parle des autres et qu’on est soi-même en pleine possession de ses moyens, c’est assez facile. Mais il est tout aussi facile de préjuger de son intention d’en finir quand on sera diminué au-delà de l’acceptable. En vérité, on ne sait pas comment on réagira. On ne sait rien... Il n’y a pas de modèle. Pas de destin pré-écrit, et c’est précisément cette incertitude qu’il est pratiquement impossible de codifier. Quant à la frontière entre le droit et tous les abus qu’on peut imaginer, elle serait forcément ténue.

Dès lors, on peut parfaitement comprendre les réserves de personnalités de toutes appartenances et de médecins à l’égard du projet sur la mort assistée. Le texte, proposé par des sénateurs de droite et de gauche et totalement amendé par le gouvernement, a rassemblé pour lui - ou mobilisé contre lui - au-delà des frontières politiques traditionnelles. Il était raisonnable à la fois dans sa volonté de dépasser les hypocrisies du tabou actuel, et dans son souci de multiplier les garde-fous contre le n’importe quoi d’un consumérisme effrayant. Mais la vigueur des oppositions, respectables, qu’il suscite montre que la société française n’est pas encore tout à fait prête à laisser à la volonté du patient une force décisive à l’heure de fixer lui-même le moment de son grand départ.


Le Liban sous la coupe du Hezbollah


1982-2011. Depuis vingt-neuf ans, la vie politique libanaise doit compter avec un acteur forgé par la guerre civile. Le Hezbollah, le parti de Dieu. Un mouvement né après la révolution iranienne et l'invasion israélienne du Liban, nourri par son opposition armée, constante depuis lors, à l'État hébreu. Milice connue pour ses faits d'armes anti-américains et anti-israéliens, parti politique à l'influence grandissante sur la scène intérieure, mouvement social rendu incontournable par les défaillances de l'État libanais : le Hezbollah est tout cela à la fois. Son fief, c'est le Liban Sud et une partie de la banlieue de Beyrouth ; la communauté chiite, celle dont il défend les intérêts ; Damas et Téhéran, ses soutiens financiers, politiques, militaires.


Depuis hier, le Hezbollah est encore davantage. En faisant chuter, le 12 janvier, le gouvernement de Saad Hariri et en favorisant, hier, la nomination de son successeur, Najib Mikati, le Parti de Dieu est devenu l'actionnaire principal du gouvernement libanais. Un rôle inédit qui inquiète au plus haut point Washington et Paris, même si Najib Mikati, sunnite richissime formé à Harvard et en bonne cour à Damas, prône le consensus et clame son indépendance.


L'inquiétude est un mot sans doute faible, car, pour les Américains, soutiens économiques et militaires du gouvernement libanais, voir le Hezbollah, qu'ils considèrent comme une organisation terroriste, tirer à ce point les fils de la politique libanaise, laisse présager des heures difficiles.


Leur première crainte : un possible retour des violences confessionnelles, dont les manifestations d'hier pourraient n'être qu'un hors-d'oeuvre. La seconde : la mutation des équilibres sur l'échiquier régional. La montée en puissance du Hezbollah illustre aussi celle de son mentor, l'Iran, dont le poids dans la région n'a cessé d'augmenter depuis la chute de Saddam Hussein. Toute déstabilisation du Liban ne peut que faire le jeu de Téhéran et crisper, encore un peu plus, Israël.


Paris n'est pas moins inquiet. Près de 1 500 soldats français (le second contingent de la force des Nations unies sur place, la Finul) sont toujours déployés au Liban Sud. En outre, même si Nicolas Sarkozy n'entretient pas les relations intimes qui étaient celles de Jacques Chirac avec le camp Hariri, la France s'est beaucoup investie, depuis trois ans, pour aider le Liban à trouver une stabilité, pour sortir de l'impasse syrienne en renouant avec Damas dans le but d'affaiblir l'axe syro-iranien. Washington, sur ce point, a suivi Paris. Une ambassade américaine a été rouverte tout récemment à Damas.


Le déclencheur de la crise actuelle, c'est l'enquête menée par le tribunal spécial pour le Liban chargé de juger les responsables de l'assassinat, en 2005, de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, le père de Saad. Tout porte à croire que le Hezbollah va être mis en cause dans ses conclusions, annoncées pour début février. C'est ce calendrier et ce détonateur que le parti chiite, qui n'a cessé de se réarmer depuis sa guerre contre Israël, il y a cinq ans, a exploité pour dynamiter le fragile ¯ et inerte ¯ équilibre institutionnel du Liban. L'État particulièrement faible d'un Proche-Orient livré, plus que jamais, au jeu communautaire.

Ordinaire


Irène Frachon aurait pu rester un médecin ordinaire, coulant des jours paisibles à Brest. Mais un jour, en 2007, elle croise une diabétique, malade après avoir pris un coupe-faim. Alors elle s’interroge, Irène Frachon, elle cherche, elle fait, dit-elle, son travail de médecin. Et elle trouve : ce coupe-faim, le Mediator, est bien la cause des troubles de sa patiente. Et de beaucoup d’autres... Elle alerte les autorités sanitaires : rien. Irène Frachon ne se décourage pas, elle écrit un livre, intitulé « Mediator : combien de morts ? » Servier lui fait un procès, et le gagne. Mais le scandale éclate enfin, et la question du livre trouve une terrible réponse : « Mediator : au moins 500 morts »... Hier, en appel, la justice a donné raison à Irène Frachon. « Je suis quelqu’un de très ordinaire, dit-elle, embarquée dans une histoire extraordinaire ». L’histoire d’Irène Frachon, une héroïne ordinaire.

Les Français continuent à déprimer face à la crise

PARIS (Reuters) - Un nouveau sondage montre que les Français sont plus opposés au capitalisme que les habitants d'autres pays avancés et qu'ils ont le sentiment d'être englués dans une crise profonde.

Une enquête d'opinion réalisée par l'Ifop et qui doit être publiée mercredi par le journal La Croix à l'occasion de l'ouverture du forum de Davos montre que, parmi les dix pays étudiés, les Français sont les plus nombreux (33%) à juger qu'il faut désormais abandonner le système capitaliste.

Seulement 3% des Chinois pensent la même chose et ils sont 65% - en tête de tous les pays de l'étude - à considérer qu'il faut conserver ce système "qui fonctionne plutôt bien", contre 15% à peine en France, classée au dernier rang sur ce point.

Un clivage se dessine au sein de l'Europe entre les zones où l'économie repart, comme en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Pologne, et celles où chômage et déficits publics restent élevés.

Ainsi, 21% des Allemands ont encore le sentiment d'être "en pleine crise" contre 53% des Français, 58% des Italiens, 52% des Américains et 46% des Britanniques.

Les Australiens pensent à 79% que leur pays est bien placé pour faire face à la compétition mondiale, et les Allemands sont optimistes à 77% sur ce sujet. Les Français le sont à 34% et les Américains à 40%, comme les Italiens.

Pour 91% des Français, 77% des Chinois et 66% des Néerlandais, une nouvelle crise économique est fortement probable et il faut plus de réglementation.

Début janvier, un sondage BVA pour Le Parisien affirmait que les Français étaient les champions du monde du pessimisme, devant les habitants de pays en guerre comme l'Irak.

Le sondage de l'Ifop pour La Croix a été réalisé du 8 au 23 décembre sur un échantillon de 6.023 personnes, représentatif des habitants âgés de 18 ans et plus de chacun des pays.


La dette des départements et des régions encore en forte hausse

L’endettement des départements et des régions pèse de plus en plus lourd sur les finances des Français, comme le montrent nos tableaux interactifs qui vous permettent de réaliser toutes sortes de classements et de comparaisons.

En 2009, selon les toutes dernières données disponibles, la dette des régions a bondi de 10,74%, à 15,6 milliards d'euros et celle des départements de 14,45% (27,9 milliards d’euros). Ce qui porte à 687 euros par habitant la dette cumulée de ces collectivités locales. La facture grimpe même à 2.252 euros par foyer imposable, selon nos calculs réalisés avec l'aide Claude Jaillet, expert comptable honoraire.
Cette dérive n'est pas nouvelle. "La décentralisation a fait exploser les budgets de fonctionnement des régions et des départements. Or comme les moyens des collectivités locales se réduisent, en raison de l'érosion de leurs marges de manœuvre fiscale liée à la suppression de la taxe professionnelle, elles ne peuvent que continuer à s’endetter", explique Christophe Parisot, analyste responsable du secteur public chez Fitch Ratings.
La crise n’a rien arrangé, car elle a entrainé une forte hausse des dépenses liées aux prestations sociales (versement des minimaux sociaux, et de l'ex-APA), qui sont assurées par les départements.
Conséquence, entre 2001 et 2009, l'endettement des départements a progressé de 58% et celui des régions a plus que doublé. Derrière ces moyennes se cachent évidemment d’importantes disparités : le montant de la dette (département + région) par habitant varie de 212 euros dans l'Indre à… 1927 euros en Haute Corse.
Pour vous aider à trouver facilement le montant de la dette de votre département, de votre région, et connaitre le poids de cet endettement par habitant, consultez nos trois tableaux interactifs :
- La dette des départements s'est envolée de 58% depuis 2001
- La dette des régions a plus que doublé depuis 2001
- La dette totale des départements et des régions s’élève à 28 milliards d’euros
Ces tableaux vous permettent de réaliser des classements pour découvrir les collectivités qui ont le plus creusé leur déficit ou, au contraire, celles qui se sont montrées raisonnables. Vous découvrirez ainsi que l'endettement de la Dordogne a été multiplié par 1500 en 9 ans, que la palme de la région la plus endettée revient à l'Ile-de-France (3 127 millions d’euros), et que ce sont les Guyanais et les Corse pour qui la dette est la plus lourde.

A Davos, chefs d'Etat et patrons au chevet d'un monde "épuisé"

Dette souveraine européenne, hausse de l'inflation, spectre d'une guerre des monnaies, volatilité des prix des matières premières : les chefs d'Etat et les grands patrons auront l'embarras du choix des sujets de crise à évoquer lors du forum de Davos qui s'ouvre mercredi en Suisse.

Plus de trente chefs d'Etat, quelque 1.400 chefs d'entreprise et huit présidents de Banque centrale vont se réunir à Davos, station de ski helvétique qui accueille chaque année le Forum économique mondial.

Le président du Forum, Klaus Schwab, a estimé que les pays souffraient du syndrome de "burn out" (épuisement) et étaient trop fragiles pour s'attaquer aux menaces auxquels sont actuellement confrontés les entreprises et les gouvernements.

Face à ces gouvernements débordés par la diversité des menaces, le Forum va lancer cette année un réseau mondial permettant notamment aux dirigeants politiques et aux chefs d'entreprise d'échanger des informations sur les risques et menaces potentiels.

Le président français, Nicolas Sarkozy, qui assure la présidence tournante du groupe des vingt plus grandes puissances économiques (G20), devrait consacrer son discours de jeudi à la lutte contre la volatilité du prix des matières premières afin d'éviter les émeutes de la faim et de ne pas pénaliser la croissance.

RESTRUCTURATION DE LA DETTE

La flambée du prix des matières premières pourrait en effet inciter certains gouvernements à adopter des mesures protectionnistes ou encore conduire à une multiplication des troubles sociaux et soulèvements populaires comme ceux qui se sont produits en Tunisie et en Algérie récemment.

Des prix élevés sont également susceptibles de freiner la consommation dans les marchés émergents et de mettre en péril la timide reprise économique mondiale.

"Si nous ne faisons rien, nous risquons des émeutes de la faim dans les pays les plus pauvres, et par ailleurs un impact très défavorable sur la croissance mondiale", a déclaré lundi le président français.

En marge du sommet, Nicolas Sarkozy pourrait discuter de façon informelle avec la chancelière allemande Angela Merkel des options à mettre en oeuvre pour renforcer le Fonds européen de stabilité financière (FESF).

Selon certains analystes, plusieurs gouvernements européens pourraient tôt ou tard procéder à une restructuration de leurs dettes et contraindre les banques créancières à demander de l'aide.

Le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, sera également présent à Davos, vendredi, tout comme le ministre chinois du Commerce, Chen Deming.

Le président russe, Dmitri Medvedev, prononcera quant à lui le discours d'ouverture mercredi mais a annulé la rencontre en amont prévue avec les dirigeants suisses en raison de l'attentat qui a tué 35 personnes lundi à l'aéroport international de Moscou.

Selon Michala Marcussen, chef économiste de la Société générale, Davos constitue une tribune pour les dirigeants européens pour expliquer la situation de la dette souveraine européenne au reste du monde.

"Ce qui fait de Davos un endroit unique est ce mélange des patrons d'entreprises et de dirigeants politiques. Davos sera l'une des opportunités pour les responsables européens de savoir comment le reste du monde perçoit et comprend la situation européenne."

Marine Pennetier pour le service français

L'improbable refonte du système monétaire international

En 2008, au paroxysme de la crise économique et financière, le chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, avait tapé du poing sur la table et plaidé pour l'organisation d'un nouveau Bretton Woods pour refonder un système monétaire international inadapté au monde actuel. L'an dernier, au G20 de Séoul, les pays émergents, Brésil en tête, dénoncent le risque de guerre des changes, accusant les Etats-Unis de conduire délibérément une politique d'affaiblissement du dollar. Du coup, l'un des chantiers prioritaires de la présidence française du G20, considéré il y peu avec une certaine condescendance relevant d'une énième idée farfelue française de vouloir tout réglementer, a pris une tout autre dimension. Le sujet n'est plus tabou. Tous les membres du G20 en conviennent : l'organisation monétaire internationale doit être revue.

Reste à savoir comment faire évoluer un système basé, depuis le début des années 1970, sur des monnaies flottantes entre elles et dont le dollar est le socle. En particulier, il constitue l'essentiel des réserves de change des banques centrales internationales. Pendant près de trente ans, l'économie internationale s'en est fort bien accommodée. Mais, la mondialisation aidant, de nouveaux acteurs économiques se sont imposés. Et, à nouveaux acteurs économiques, nouvelles monnaies. Le système monétaire international ne se résume plus aux devises des sept pays les plus industrialisés du G7. Il faut désormais compter avec le yuan chinois, la roupie indienne, le real brésilien ou encore le rouble russe ou le rand sud-africain.

Il n'y aura pas de second Bretton Woods, où, comme en 1944, le système monétaire serait revu de fond en comble pour en faire émerger un autre. C'est plus une évolution, lente et progressive, à laquelle il faut s'attendre et non à une révolution. Il n'existe aujourd'hui aucune alternative crédible au billet vert, en tant que devise globale. Pour qu'une monnaie soit une devise de réserve, elle doit d'abord inspirer confiance. Cette dernière repose sur un pouvoir politique fort. Il faut ensuite un marché financier suffisamment large pour que les banques centrales internationales puissent placer leurs réserves dans des actifs rentables (essentiellement des titres du Trésor). Enfin, et surtout, elle doit être convertible. Quelle devise aujourd'hui rassemble ces trois éléments fondamentaux ? Aucune, exception faite du dollar.

Le yuan chinois s'appuie certes sur un pouvoir politique fort. En revanche, le marché financier chinois de titres d'Etat n'est pas suffisamment large et le yuan non seulement n'est pas convertible, mais il est très peu internationalisé. L'euro ? L'évolution récente de la composition des réserves de change révèle que, si le dollar les compose encore à 60 %, l'euro, lui, n'en représente qu'environ 25 %. Le marché financier de l'euro est comparable à celui des Etats-Unis et la monnaie unique est convertible. En revanche, la cacophonie européenne constitue un handicap majeur quant à la force du pouvoir politique européen et la crise des dettes souveraines européennes a fragilisé sa position.

Si aucune monnaie ne peut prétendre se substituer totalement au dollar, pourquoi ne pas en créer une autre de toutes pièces ? Dans ce domaine, certains poussent à ce que les droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI) jouent ce rôle ou, au moins, prennent plus d'importance en tant que devise de réserve. L'idée n'est pas nouvelle et avait été explorée dans les années 1980, sans succès. D'une part, le DTS n'est pas une monnaie en tant que telle, mais seulement une unité de compte calculée en fonction d'un panier de devises (dollar, euro, livre sterling, yen). C'est aussi un actif de réserve des banques centrales des pays membres détenu auprès du FMI et calculé sur la base du capital détenu par chaque pays. « Aujourd'hui, les DTS ne constituent guère plus de 4 % des réserves des banques centrales et la moitié est détenue par les pays du G7. Renforcer le rôle du DTS nécessite non seulement une approbation par 85 % des membres du Fonds, mais également une meilleure répartition du capital du FMI entre les pays riches et les pays émergents. Autant dire que le processus mettra des années », témoigne Ousmène Mandeng, conseiller en investissement chez Ashmore Investment Management et ancien responsable exécutif au FMI. Et d'ajouter que la création d'une devise de réserve globale, projet « très ambitieux », est peu probable à court terme. L'évolution plaide plutôt pour la présence continue du dollar, couplée avec l'existence de devises dites « secondaires » pour l'épauler à l'image du monde multipolaire actuel. Autant dire que rien ne sera réglé dans les mois prochains, ce qu'a d'ailleurs reconnu Nicolas Sarkozy. Jean-Pierre Lehmann, professeur à l'International Institute for Management Development (IMD) de Lausanne, le regrette. A ses yeux, « la présidence française devrait proposer la réunion de spécialistes financiers pendant plusieurs mois pour réfléchir au développement d'une architecture financière adaptée à ce siècle. A ce stade, ce qui a été fait relève du bricolage ». « Ce qui serait encore plus inquiétant, estime-t-il, serait d'attendre des réponses rapides à court terme. Bretton Woods a mis plusieurs mois à élaborer le système de l'après-guerre. » Il est donc probable qu'un ensemble de propositions seront faites en fonction des intérêts de chacun. C'est là le risque principal. Une refonte totale du système ne pourrait se faire que dans l'urgence. Lors d'une crise encore plus grave que la crise actuelle.

Un succès qui oblige


Un véritable plébiscite. La première émission du Fonds européen de stabilité financière (FESF) a rencontré un enthousiasme sans précédent. Pour un véhicule dont certains dénoncent depuis des mois l'insuffisance des moyens ou la gouvernance chaotique et dont le rôle est de financer les besoins des Etats délaissés par les investisseurs pour cause de doute sur leur solidité financière, c'est plutôt inattendu.


Bien sûr, l'excédent actuel de liquidités sur les marchés n'est pas pour rien dans ce succès. Mais, n'en déplaise aux eurosceptiques, il valide aussi et surtout la riposte de l'Union à la crise de la zone euro. La solidarité communautaire a payé. En dépit des nombreuses difficultés qu'il a fallu surmonter pour mettre sur pied cette structure dans l'urgence, le résultat est là. En se ruant sur du « papier » à la rémunération des plus limitées, les investisseurs ont exprimé un vote de confiance massif à l'égard du mécanisme de sauvetage des Etats périphériques.


Les Européens auraient toutefois tort de se satisfaire de ce coup de maître initial. De considérer qu'il s'agit là d'un chèque en blanc. D'abord, parce que le plébiscite d'hier s'est nourri des engagements esquissés ces dernières semaines. Le relèvement de la capacité d'emprunt du Fonds et l'élargissement de ses missions au rachat d'obligations souveraines sur le marché secondaire sont déjà « dans les cours ». Alors que la crise irlandaise s'éloigne, les investisseurs sont manifestement prêts à faire de nouveau crédit à l'Union. Mais pour quelque temps seulement. Il faudra donc rapidement passer à l'acte pour maintenir cette confiance.


Ensuite, parce que l'opération d'hier marque une rupture. Pour nombre d'investisseurs, les titres du FESF, qui offrent des garanties proches de celles du Bund allemand pour un rendement supérieur, préfigurent les futurs eurobonds. On n'en est certes pas encore là. Les obstacles, notamment politiques et institutionnels, à franchir sont nombreux avant de pouvoir imaginer lancer des obligations communes pour la zone euro. Mais le coup est parti. Et les investisseurs pourraient avoir envie d'accélérer le tempo. L'accueil qu'ils réserveront aux prochaines émissions de l'Espagne et du Portugal devrait à cet égard être riche d'enseignements.

L'emploi public garanti à vie, un fétichisme français

Franchement inutile. » Lundi 10 janvier, le Premier ministre François Fillon a sèchement clos le débat lancé par le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, sur « la pertinence de l'embauche à vie des fonctionnaires ». Question inopportune, peut-être, venant juste après celle sur l'abrogation des 35 heures, mais sûrement pas illégitime aux yeux de François Fillon, lui qui écrivait, en 2006, dans son livre « La France peut supporter la vérité » : « Qu'une nouvelle thématique de recherche émerge ? Il faut aussitôt créer des nouveaux postes de chercheurs à vie ! » Etre fonctionnaire implique-t-il de jouir du privilège de la sécurité de l'emploi ? La réflexion ne peut être évacuée d'un mot car elle a inspiré une profonde évolution des cadres généraux de l'emploi public dans de nombreux pays de l'OCDE. Elle reste dérangeante dans un pays comme la France dont le président s'est dit ouvert - c'était il y a un an, le 25 janvier 2010 -à la titularisation progressive des contractuels de la fonction publique, un mouvement à rebours de la tendance générale. Le ministère et les syndicats de la Fonction publique se retrouvent d'ailleurs aujourd'hui pour continuer de négocier sur cet objectif dont l'ambition initiale a été entre-temps revue en baisse.
La garantie d'emploi des fonctionnaires français est une pratique plus qu'un droit. L'Etat peut licencier un agent pour insuffisance professionnelle. Mais cette faculté reste extraordinairement peu utilisée. Vingt ans après le « nouveau » statut de 1983, « seuls 55 agents publics, toutes fonctions publiques confondues, avaient été licenciés pour ce motif », pointe Agnès Verdier-Molinié, du think thank Ifrap. Ouverte par une loi d'août 2009, la possibilité de licencier un agent qui aurait refusé six offres suite à une réorganisation administrative est trop encadrée pour ouvrir une brèche dans la garantie d'emploi. Celle-ci découle de l'identité même de notre fonction publique, dite de « carrière » (par opposition à la fonction publique d'« emploi », qui recrute, comme aux Etats-Unis, pour exercer un métier).
Même si elle est issue de notre conception colbertiste de l'Etat, cette sécurité de l'emploi, inscrite en filigrane dans le statut de 1946, s'est justifiée au lendemain de la Deuxième Guerre par la nécessité de garantir l'indépendance d'une administration bien moins pléthorique qu'aujourd'hui à l'égard du politique. Et bien qu'elle porte la marque du communiste Maurice Thorez, alors vice-président du Conseil, il faut se garder de trop y voir le reflet d'une idéologie. L'Espagne, l'Italie, le Portugal ou la Belgique ont aussi opté, à l'origine (la plupart dans les années 1960), pour des fonctions publiques de carrière, dont les agents ont longtemps eu un statut dérogatoire du droit commun du travail.
Néanmoins, la plupart des pays de l'OCDE disposant d'un système de carrière et d'un statut protecteur pour leurs agents ont entrepris, dès le milieu des années 1980, de le faire évoluer. Au Portugal, depuis 2008, « la majorité des emplois de l'administration publique est passée sous le régime du droit général du travail, sauf les emplois liés à la souveraineté nationale », note l'OCDE (1). En Italie, « des exceptions subsistent », mais « le droit privé a progressivement été appliqué à de nombreux secteurs de l'emploi public ». Sans remettre en cause ni la carrière ni le statut, l'Espagne a assoupli le recrutement pour rapprocher compétences du candidat et exigences des postes à pourvoir.
Partout, d'ailleurs, sauf en France où il garde le monopole d'accès au statut, « la portée théorique du concours, quand il y en a un, a été sérieusement limitée », relève Elsa Pilichowski, responsable du département Emploi public de l'organisation internationale. Avec son statut rigide, auquel sont attachés emploi à vie et recrutement par concours, « le modèle français de fonction publique est plus isolé qu'il y a vingt ans », analyse Elsa Pilichowski, qui ne lui trouve plus que deux équivalents, en Corée du Sud et au Japon. Avec une différence de poids : dans ces deux pays, l'administration ne représente que 5 % de la main-d'oeuvre totale, mais 20 % en France. Dans un « Livre blanc sur l'avenir de la fonction publique » remis en avril 2008 au gouvernement, le conseiller d'Etat Jean-Ludovic Silicani relevait que la France est, parmi les sept économies les plus développées, celle qui consacre le plus (13 % de son PIB) à la rémunération des agents des collectivités publiques.
A peine contenue, désormais, par le remplacement partiel des agents de l'Etat partant en retraite, cette hypertrophie du service public invite à s'interroger sur le coût collectif de la garantie de l'emploi de fonctionnaires appelés à relever d'autres défis que ceux de 1946 : la performance et l'adaptabilité, l'efficacité et la proximité. Ces nouvelles valeurs du service public exigent flexibilité plutôt que rigidité. Agnès Verdier-Molinié pose une question pertinente : « En quoi la sécurité de l'emploi est-elle aujourd'hui un facteur de qualité du service public ? »
Peu réputée pour son libéralisme échevelé, la Suède, dont le tiers de la population active est fonctionnaire ou assimilé, concilie bien mission de service public et droit commun du travail. La plupart des agents y sont couverts par une convention collective offrant, à défaut d'emploi à vie, des préavis plus longs que dans le privé. Seuls les militaires, policiers, magistrats y bénéficient d'un statut avec emploi à vie. En Allemagne, c'est le cas de 40 % seulement des agents, ceux de l'administration centrale, dévolus eux aussi aux fonctions « souveraines ». Distinguer entre une fonction publique régalienne (défense, police, justice, diplomatie) bénéficiant d'une sécurité de l'emploi statutaire, et une fonction publique ordinaire (celle des enseignants, des personnels hospitaliers...) régie par le droit commun du travail : l'idée avait été émise par le rapport Silicani pour être aussitôt écartée. « Cela conduirait à faire basculer 4,6 millions d'emplois [sur 5,3 millions] s ous le régime du contrat », notait l'auteur. Impensable, vraiment ? Surtout, à vrai dire, tant que l'Etat français, piètre employeur, continuera de traiter ses contractuels avec un mépris qui fait du contrat un repoussoir absolu.

L’argent chinois et la dette publique de la zone euro

D’où vient l’argent que la banque centrale chinoise (People’s Bank of China) utilise pour acquérir une quantité importante de dettes étatiques libellées en euros ? Quelle est la réalité des objectifs poursuivis par les autorités chinoises ? 

L’origine du stock de devises détenu par la banque centrale chinoise
Ecartons d’emblée l’explication, selon laquelle les sommes prêtées par la Chine, naguère aux Etats Unis et désormais également aux pays de la zone euro, proviendraient de l’importante épargne privée de particuliers chinois qui assureraient ainsi des risques non couverts par leurs systèmes sociaux. Cette explication répétée à satiété, parfois par des personnalités connues comme Jean-Pierre Raffarin(1), est fausse.
Certes, les Chinois épargnent (comme les Français ou les Italiens d’ailleurs), mais ce n’est pas l’épargne des agents privés chinois, constituée dans une monnaie inconvertible, le yuan, qui est prêtée à la zone euro ou aux USA. En réalité les dollars ou euros prêtés par la Chine, proviennent de l’accumulation par la banque centrale chinoise de phénoménales réserves de change.
La détention par une banque centrale de réserves de change est normale. Elle est, par principe, destinée à assurer la liquidité opérationnelle d’une économie vis-à-vis de l’extérieur(2). La finalité des réserves de change est ainsi définie par les directives du FMI pour la gestion des réserves de change comme devant permettre de « susciter et maintenir la confiance dans la politique monétaire et de change…, limiter la vulnérabilité externe en maintenant des réserves liquides de change…et ce faisant donner aux marchés l’assurance que le pays est en mesure de remplir ses obligations extérieures ». Quantitativement on estimait, traditionnellement, qu’un pays disposait de réserves suffisantes lorsque ses réserves permettaient d’assurer 3 mois d’importations, puis après l’expérience des crises financières des années quatre vingt dix (crise mexicaine, crises asiatiques, crise argentine) la règle dite Greenspan-Guidotti a recommandé de fixer le montant de ces réserves au niveau de la dette extérieure à court terme du pays concerné. Or les réserves de change accumulées par la Chine excèdent, et de beaucoup, ces montants.
Pourquoi la Chine a-t-elle accumulé de telles réserves de change ?
La réponse est connue : c’est pour maintenir une sous évaluation importante du yuan et conférer ainsi à l’économie chinoise l’hyper compétitivité qui lui a permis de connaître une décennie de développement exceptionnel.
Comment la constitution de réserves de change peut-elle empêcher une monnaie de s’apprécier ?
Le bilan d’une banque centrale est schématiquement composé :
• à l’actif, de ses réserves de change (or et devises) ainsi que de ses créances sur son Etat et les établissements de crédit de son système financier ;
• au passif, de la monnaie nationale qu’elle émet, ainsi que de ses dettes à l’égard de son Etat et des établissements de crédit de son système financier.
Lorsque le solde global des opérations courantes (exportations et importations de biens et services, investissements directs et opérations financières) d’un pays ou d’une zone monétaire est excédentaire, la banque centrale de ce pays ou de cette zone peut laisser s’apprécier la monnaie qu’elle a émis pour équilibrer son bilan. Cette appréciation de la monnaie de ce pays ou de cette zone, par rapport aux monnaies de ses partenaires économiques, réduira la compétitivité de ce pays ou de cette zone ce qui tendra à amener ses opérations courantes à l’équilibre.
Mais les interventions d’une banque centrale sont, également et a priori,toujours possibles lorsqu’il s’agit de d’empêcher l’appréciation d’une monnaie(3). Une banque centrale, agissant de concert avec les autorités financières de son pays ou de sa zone, peut en effet conserver les devises procurées par un solde excédentaire de ses opérations courantes et équilibrer l’augmentation du poste d’actif « réserves de change » de son bilan par une création de monnaie nationale. Cette création de monnaie nationale en augmente la masse totale ce qui tend à la déprécier, ou, à tout le moins, à l’empêcher de s’apprécier. La valeur de la monnaie nationale n’augmentant pas, l’économie du pays conserve ou améliore encore, dans un premier temps, sa compétitivité ; en revanche la masse monétaire augmentant ce pays connaitra des tendances inflationnistes, lesquelles si elles ne sont pas suffisamment contrôlées pourront, à terme, affecter la compétitivité du pays.
Les autorités chinoises ont intelligemment observé et compris l’économie mondiale avant de participer à la « globalisation ». Après que l’éclatement du système de Bretton Woods fut officialisé en 1976, elles ont commencé, dès 1978, à déprécier le yuan pour réduire en 15 ans par trois sa valeur par rapport au dollar, tout en conservant au yuan son inconvertibilité. Puis, lorsqu’elles se sont senties prêtes, elles ont adhéré à l’OMC pour bénéficier de la suppression de barrières douanières tout en se dotant, avec un yuan sous évalué, d’un outil efficace de protectionnisme monétaire. Grande économie émergente, l’économie chinoise restait, dans un système économique mondialisée, une économie asymétrique (avec au début du 21ème siècle un PIB per capita de 30 à 40 fois inférieur à celui des économies nord-américaines, japonaise ou européennes) pour laquelle l’accumulation de réserves permettait de conserver une hyper compétitivité que l’inflation interne (malgré tout, partiellement contrôlée) ne pouvait pas réduire rapidement. Les autorités chinoises réagissent généralement assez vivement lorsqu’il est reproché à la Chine d’avoir recours au protectionnisme monétaire. Celui-ci est pourtant indiscutable comme les principaux agrégats de la comptabilité nationale chinoise le démontrent. La Chine a en effet, depuis le début du 21ème siècle, augmenté annuellement ses réserves de change d’un montant équivalent à celui des soldes globaux de ses opérations courantes (exportations et importations de biens et services, investissements directs et opérations financières), ce qui a empêché, d’une part le yuan de s’apprécier et d’autre part à la balance des paiements chinoise de tendre vers une position d’équilibre.
Les réserves de change chinoises - cliquer sur le tableau ci-contre  pour zoomer(4) - sont manifestement excessives et leur accumulation (avec celle des réserves de change d’autres pays ayant mené, souvent pour d’autres raisons, des politiques de change similaires) a, également fortement contribué aux grands déséquilibres mondiaux, qui sont à l’origine de la crise(5). Ces réserves ont dépassé, et de loin, les niveaux (suivant la règle Greenspan-Guidotti) assignés généralement à ces réserves, puisque la dette extérieure à court terme de la Chine était, en 2009, de 260 Milliards d’USD, alors que ses réserves de change de 2400 Milliards d’USD représentaient plus de 9 fois ce montant. A titre de comparaison les réserves de change cumulées de la France et de l’Allemagne sont d’un ordre de grandeur de 400 Milliards d’USD pour un PIB cumulé supérieur à celui de la Chine. La constitution par la Chine de réserves de change excessives ne s’explique que par la volonté de maintenir le yuan sous-évalué pour maintenir l’hyper compétitivité de l’économie chinoise.
Les soldes largement excédentaires, à partir de 2001/2002, de la balance chinoise des paiements auraient permis une hausse du yuan, dès cette époque. Les autorités chinoises ont finalement, tardivement (puisqu’à partir seulement de 2005) laissé leur monnaie s’apprécier mais de manière encore insuffisante. Avec un yuan moins sous-évalué, la croissance chinoise eut été, certes, légèrement moins forte, moins fondée sur les seules exportations, mais la Chine aurait, par ailleurs, moins souffert de l'inflation, son marché intérieur se serait mieux développé et l’économie mondiale aurait été moins engorgée par l’excès de liquidité monétaire.
Pourquoi la Chine veut-elle acquérir des dettes étatiques libellées en euros ?
Tout simplement pour poursuivre sa stratégie de développement et maintenir le yuan sous évalué par rapport à l’euro. Par ailleurs, la rentabilité des titres de dettes publiques libellées en euros est bien meilleure que celle des titres de dettes publiques libellées en dollars, ce qui permet à la banque centrale chinoise de faire d’une pierre deux coups : diversifier ses réserves de change tout en leur assurant une meilleure rentabilité immédiate. La Chine ne croit guère au risque de défaut de certains pays de la zone euro, mais en toute hypothèse elle ne recherche pas à faire des placements mais surtout à ancrer solidement son industrie dans le système économique mondial en continuant à profiter du système de protectionnisme monétaire à l’abri duquel elle a assuré la formidable expansion de son économie. L’Europe lui fournit un relai pour quelques années avant que les effondrements relatifs des économies européennes et américaines ne l’incitent à assurer son développement par son marché intérieur. Mais cela sera une autre histoire.
Globalement, pourtant la zone euro n’a pas besoin, pour le moment en tout cas, de concours extérieurs. Le solde des opérations courantes, financières et en capital de la zone euro est quasiment à l’équilibre. Les pays excédentaires de la zone euro (Allemagne, Pays bas, Autriche) pourraient assurer le financement des pays déficitaires. Ils ne le font pas, parce que leurs agents privés et publics n’ont plus confiance dans les économies des pays déficitaires.
(1)Lors de l’émission de télévision du 5 janvier 2011 de France 2 « Face aux Français ».
(2)Directives pour la gestion de réserves de change du 20 septembre 2001du Fonds Monétaire International téléchargeable sur http://www.imf.org/external/np/mae/ferm/fra/guidef.pdf Discours du gouverneur de la Banque de France du 1er octobre 2007 sur « les implications systémiques de l’accumulation des réserves de change» ; téléchargeable sur http://www.banque-france.fr/fr/instit/telechar/discours/disc20071001.pdf
(3)Rapport n° 80 du Conseil d'Analyse Economique sur « la politique de change de l'euro » ; en particulier Michel Didier (pages 40 et s.) ; téléchargeable sur http://www.cae.gouv.fr/IMG/pdf/080.pdf.
(4)Téléchargeable sur http://www.ambafrance-cn.org/IMG/pdf/bulletin_economique_chine_no29_octobre_2010_.pdf. Attention, le montant mentionné en page 17 des réserves de change pour 2009 comporte une erreur d’addition. Il faut se reporter aux chiffres de la page précédente ou corriger l’erreur en refaisant l’addition
(5)Sur les dangers de l’accumulation excessive de réserves de change, voir le discours du gouverneur de la Banque de France cité sous note 2 ; voir  également sur ce site http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/politique-eco-conjoncture/221129994/connaitre-les-causes-de-la-crise-pour-la-combat

 

Klaus Schwab

Le président du Forum économique de Davos est lui-même si expert en matière de capitalisme qu'il a transformé en prospère multinationale l'événement qu'il organise chaque mois de janvier au milieu des montagnes des Grisons. Pas moins de 300 personnes travaillent pour le compte de ce Germano-Suisse de soixante-douze ans, dont la galaxie de fondations et de clubs pour décideurs a essaimé jusqu'en Chine. Si les grands de la planète sont prêts à débourser plusieurs dizaines de milliers d'euros pour discuter entre eux de questions forcément « globales », c'est que l'ancien professeur à l'Université de Genève a prouvé depuis quatre décennies son talent à faire dialoguer les ennemis les plus irréconciliables, qu'il s'agisse des leaders turcs et grecs ou des patrons de Coca et Pepsi. Secondé de près par son épouse Hilde, cet homme de réseaux est pourtant un solitaire, qui s'impose une vie d'ascète pour garder la forme. Levé à l'aube, il absorbe force fruits et litres de thé vert, et nage chaque matin une demi-heure dans sa piscine tout en lorgnant sur CNN. Adepte des marathons alpestres, le « Professeur » aime entraîner ses collaborateurs sur les pentes helvètes, surtout s'il peut les précéder au sommet. Ce père de deux enfants aux manières compassées et à l'accent plus germanique que vaudois ne se départit de sa retenue que pour valser avec sa femme lors de la soirée de gala de son cher « Foroum ». Une façon, crise ou pas, de montrer qu'à l'instar du congrès de Vienne, non seulement Davos marche, mais qu'il danse.

Davos revient à ses fondamentaux, les affaires

Le 41 e Forum économique mondial ouvre ses portes mercredi à Davos. Nicolas Sarkozy intervient jeudi. Les quelque 2.500 participants plancheront sur des « normes partagées pour une nouvelle réalité ».

Nous avons plus de PDG que jamais. » C'est l'argument retenu cette année par Klaus Schwab pour vanter son célèbre Forum économique mondial, qui ouvre ses portes ce matin dans la station de ski des Grisons suisses de Davos, en une quarante et unième édition qui s'achèvera dimanche. « Back to business » ! Après deux années passées à décortiquer les rouages d'une crise sans précédent, le fondateur et toujours président du World Economic Forum veut revenir aux affaires, définir des « normes partagées pour la nouvelle réalité » - c'est le titre légèrement abscons retenu pour la réunion de cette année.
Son programme vante 1.400 « leaders du monde des affaires des 1.000 premières entreprises mondiales » parmi les 2.500 participants venus aussi de la politique, de l'université, des organisations internationales ou de la presse. Et les six coprésidents de l'événement sont tous des chefs d'entreprise, de Paul Bulcke (Nestlé) à Ellen Kullman (DuPont) en passant par Yorihiko Kojima (Mitsubishi), Wei Jiafu (China Ocean Shipping Group), Xchanda Kochhar (de la banque indienne ICICI) et Jacob Wallenberg (Investor AB).
Mais, derrière cette volonté d'aller de l'avant, au-delà du glissement vers l'Asie très sensible dans le programme et les participants de cette année, le doute persiste sur la santé de l'économie mondiale. Klaus Schwab évoque le risque de « crise sociale ». La dette est le premier des grands dangers évoqués dans un rapport sur les risques mondiaux publiés par le forum la semaine dernière. Parmi les sessions très demandées dès l'inscription, lundi, il y avait une séance sur les « leçons de développement des pays en croissance rapide » destinées aux vieux pays industrialisés. Et le débat traditionnel sur l'origine des éventuelles crises à venir a été remplacé par un échange sur « le prochain choc : sommes-nous mieux préparés ? ». Les politiques (35 chefs d'Etat et de gouvernement, deux fois plus de ministres) seront donc très présents. Le président russe, Dimitri Medvedev, fera l'ouverture. Le secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner, sera très attendu. Les absences seront commentées -pas tant celle du président des Etats-Unis, habituelle, que celle du patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, ou du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
Les Français, eux, ne jouent plus la politique de la chaise vide. Il y a deux ans, François Fillon avait été le premier Premier ministre à venir à Davos. L'an dernier, c'était Nicolas Sarkozy qui avait fait le voyage. Le président revient cette année, à une place inévitablement moins prestigieuse (une « special address » le jeudi au lieu de l'ouverture du mercredi). Il tentera de faire avancer ses idées pour le G20. Trois de ses ministres seront là -Christine Lagarde, Nathalie Kosciusko-Morizet et Pierre Lellouche.
Parmi les chefs d'entreprise, il y a des habitués, comme Carlos Ghosn (Renault), Christophe de Margerie (Total), Anne Lauvergeon (Areva), Maurice Lévy (Publicis), Paul Hermelin (Capgemini), Jean-Charles Decaux (Decaux), Bernard Charlès (Dassault Systèmes), Gérard Mestrallet (GDF Suez) ou Laurence Parisot (Medef). Et aussi des dirigeants plus discrets, comme Michel Rollier (Michelin) ou Patrick Sayer (Eurazeo). Les banquiers français, eux, brilleront par leur absence, à l'inverse de leurs collègues anglais ou américains.
DOCUMENT : Les français à Davos (PDF)

A l'est de Tunis

La « révolution de jasmin » n'est sans doute pas terminée. Il lui reste à accoucher d'un gouvernement suffisamment représentatif et accepté par la population. Pour l'heure, on perçoit en tout cas les principales raisons, politiques et personnelles, de la chute de Ben Ali. Politiques : son régime dictatorial rustique n'a pu résister aux acquis hérités de Bourguiba, tels le niveau général d'éducation, la libération des femmes, une certaine laïcité ambiante, un développement économique (dont touristique) tiré de ses propres ressources d'activités. A quoi se sont ajoutées quelques graves faiblesses personnelles comme une culture du leader limitée aux techniques policières, un certain vide de projets, une famille calamiteusement prédatrice. La plupart des commentaires en extrapolent un vade-mecum pour les révolutions arabes à venir.

Mais il faut aussi prêter quelque attention à ce qui lui vient de sa frontière de l'est, la Libye de Kadhafi. Le leader illuminé ne s'est jusqu'ici principalement manifesté que par son regret public de la destitution de Ben Ali, agrémenté du rappel d'une fraternité historique entre les deux voisins. Or elle est réelle. Qui se souvient en effet d'une certaine « journée historique » de janvier 1974 ? Ce jour-là, Bourguiba et Kadhafi avaient projeté ensemble une « République arabe islamique » commune, objet d'un référendum avorté, et appelant l'Algérie, la Mauritanie et le Maroc à la rejoindre... Bourguiba y consentit sans doute par opportunisme, mais Kadhafi apparemment y croit toujours. Sa tête un peu fragile affaiblit certes le propos, mais ses 32 milliards de recettes pétrolières annuelles peuvent ne pas laisser indifférent un nouveau gouvernement, incertain de ses projets et de ses recettes publiques. Ce n'est pas là prévoir, encore moins prédire. Seulement noter qu'avant de célébrer le nouveau rayonnement de la Tunisie sur les autres, il est prudent de tenir compte des radiations auxquelles elle est elle-même exposée.

Les racines bourgeoises de la révolution tunisienne

Il est largement possible aussi que la Tunisie soit en train de connaître la première révolution bourgeoise jamais intervenue dans le monde arabe. Un événement considérable

  La Tunisie vit une crise grave, profonde, mais peut-être porteuse. Elle est le plus petit des états d'Afrique du Nord, 163 000 KM², à peu près le double du Benelux et 10,5 millions d'habitants. Elle est l'un des 22 états membres de la Ligue des Etats Arabes.. Elle est aussi pleine de charme et de modération par le climat, par l'histoire et la culture. Elle fut un pilier majeur de dynamisme culturel et de rayonnement, de la République et de l'Empire Romain. Première terre christianisée d'Afrique, elle fut le pays de Saint Augustin et la principale source d'évangélisation catholique en Afrique. Surtout berbère à l'origine elle fut conquise par les arabes et islamisée, et fut quelques siècles une dépendance lointaine de la Sublime Porte, donc turque.
Elle passa au XIXè siècle sous protectorat français. Protectorat et non colonie comme le fut l'Algérie, cette différence explique une relativement meilleure préservation des structures sociales et des traditions locales.
Indépendante depuis1956, elle s'est donnée une constitution Républicaine et Présidentielle. Son Président Habib Bourguiba avait été le principal combattant de sa libération, qui s'est faite après quelques émeutes et de multiples incidents, mais plus vite et avec au total beaucoup moins de violence qu'en Algérie. Très occidentalisé, Bourguiba avait maintenu le caractère laïc de l'Etat et des relations notamment économiques, avec l'Occident et la France, plus intense que ne l'a fait l'Algérie.
De rares tentatives marxisantes ont échoué. La Tunisie est restée principalement un pays de libre entreprise. Cela lui a permis un développement industriel relatif que n'a pratiquement connu aucun autre pays d'Afrique ni du Moyen Orient. Elle fut ces dernières années le premier exportateur industriel d'Afrique, avant même l'Afrique du Sud et l'Egypte.
En 1987 le Président Bourguiba était devenu médicalement incapable d'assurer ses fonctions. Son Ministre de l'intérieur, Zine el Abidine Ben Ali, à peine nommé Premier Ministre obtient une déclaration médicale d'inaptitude, et dépose Habib Bourguiba puis devient Président. Ce dirigeant s'était déjà distingué par la répression qu'il conduisait contre le mouvement islamiste, et qu'il a intensifiée comme Président.
Beaucoup de citoyens tunisiens non islamistes et une large partie de l'opinion mondiale, notamment en France lui ont su gré de cette politique. Ils l'ont couverte sinon approuvée sans observer ni discuter les moyens mis en oeuvre. Or ceux-ci ont abouti à la suppression à peu près totale de toute liberté d'expression. Presse censurée, journalistes massivement emprisonnés, procès politiques nombreux, arrestations arbitraires dans tous les milieux et frappant bien au delà des islamistes, toute forme d'opposition démocratique. Le régime est devenu une pure dictature. Le Président et sa famille se sont taillés des empires dans l'économie locale, dirigeant à peu près tous les secteurs d'activité, et firent fortune.
Une véritable classe moyenne bourgeoise s'est ainsi constituée, à l'image de l'Egypte, et comme en aucun autre pays arabe sauf peut-être le Maroc
Or la politique d'industrialisation a continué. Une véritable classe moyenne bourgeoise s'est ainsi constituée, à l'image de l'Egypte, et comme en aucun autre pays arabe sauf peut-être le Maroc. La crise économique a comme ailleurs ralenti la croissance en Tunisie. Des tensions sociales se sont multipliées. La presse et le Parlement étant muselés, elles n'ont eu d'exutoire que la rue.
La police a tiré à de nombreuses reprises mais elle était faible. Le point nouveau et décisif est que l'armée a refusé de tirer sur le peuple. Ben Ali a fui en Arabie Saoudite, la France lui ayant refusé son accueil.
On a là bas rêvé quelques jours d'un gouvernement d'union nationale rassemblant le personnel de Ben Ali et toutes les formes d'opposition. Mais la rue manifestement excédée n'en a pas voulu. La décantation ne laissant subsister au pouvoir qu'une coalition des anciennes oppositions sera lente, difficile et dangereuse, car il n'y a plus de cadre institutionnel respecté.
La Tunisie est en danger. L'islamisme peut ressortir vainqueur, mais il est largement possible aussi que la Tunisie soit en train de connaître la première révolution bourgeoise jamais intervenue dans le monde arabe. C'est un événement considérable.