TOUT EST DIT

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vendredi 17 juin 2011

Le commentaire politique de Christophe Barbier




Dette grecque: Sarkozy et Merkel affichent leur unité

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont appelé vendredi à une solution rapide à la crise de la dette grecque. La participation des créanciers privés ne se fera que sur une base volontaire, ont déclaré les deux dirigeants à l'issue d'une réunion à Berlin.

  La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy sont convenus vendredi de chercher une solution rapide pour aider la Grèce à faire face à sa dette, avec une participation volontaire des créanciers privés. "Il nous faut une solution au plus vite", a déclaré Mme Merkel lors d'une conférence de presse commune à Berlin. Elle s'est toutefois refusée à donner une date précise, tout comme M. Sarkozy.
Ce front uni a en tout cas rassuré les investisseurs. Sur le marché des changes, l'euro rebondissait ainsi nettement à 1,4282 dollar vendredi après midi contre 1,4209 jeudi. De son côté, le CAC 40 est reparti à la hausse, avec une progression de 0,47% en fin de matinée alors qu'il a perdu jusqu'à 1% en début de séance. Ce qui lui a permis de repasser le cap des 3800 points. Les valeurs financières étaient parmi les premières à relever la tête: Axa (+2,83% ), Crédit Agricole (+2,16%), de BNP Paribas (+1,98%) et Société Générale (+1,82%).
La chancelière a en effet prononcé des mots de nature à les rassurer: "Nous voulons que le secteur privé participe sur une base volontaire (au plan de sauvetage de la Grèce). Je veux insister là-dessus, il n'y a aucune base légale pour une participation obligatoire", a-t-elle indiqué. L'Allemagne souhaitait jusqu'ici que les banques qui détiennent de la dette toxique grecque perdent une partie de leur mise dans le cadre d'un rééchelonnement des échéances. La France favorisait plutôt, comme la BCE, une solution "volontaire" pour ne pas déclencher ce que les marchés nomment un "événement de crédit" susceptible d'être interprété par les marchés comme un défaut de paiement de la Grèce.
"Nous voulons faire des progrès et nous voulons une solution aussi vite que possible, afin que toute la situation soit clarifiée. Nous avons discuté de cela tout mai et juin (...) sans que cela soit résolu jusqu'ici", a ajouté Angela Merkel. Nicolas Sarkozy a indiqué qu'il fallait aller le plus vite possible, "sans fixer de date", mais tout en laissant entendre qu'une solution sur le nouveau plan d'aide serait trouvé bien avant septembre.
Les Européens discutent actuellement d'une nouvelle aide pour Athènes qui pourrait atteindre une centaine de milliards d'euros, en plus des 110 milliards sur trois ans qu'ils lui avaient déjà promis l'an dernier avec le FMI. Ce second plan d'aide est censé éviter la banqueroute du pays, en pleine crise politique et sociale, et une contagion au reste de la zone euro.
Le Premier ministre grec a nommé vendredi un nouveau gouvernement, marqué par l'entrée de ténors socialistes tels Evangélos Vénizélos au ministère critique des Finances. Le premier défi pour le nouveau gouvernement sera de faire adopter d'ici la fin du mois un projet de loi d'austérité, vivement contesté par la rue et une partie de la base du parti socialiste au pouvoir, mais jugé indispensable par les créanciers du pays pour débloquer une deuxième aide financière.
M. Vénizélos, 54 ans, qui est aussi un rival malheureux du Premier ministre Georges Papandréou pour le leadership du parti socialiste, et à revient aussi le poste de vice-premier ministre, devra notamment obtenir de la base des députés rétifs un vote de confiance, que M. Papandréou devrait demander dès vendredi.
Il sera aussi chargé de mettre en oeuvre les réformes demandées par les créanciers du pays, dont il devient l'interlocuteur. Le politologue Ilias Nikolakopoulos indique qu'il "doute de ses possibilités pour faire avancer les vraies réformes" dont la Grèce a besoin, car "il n'a jamais montré de grandes capacités administratives". "On a une dizaine de jours pour voir comment il va réagir avant le bouclage des discussions en Europe" a-t-il ajouté.

10 chiffres à connaître sur l'économie française

Nombre de travailleurs, niveau des revenus, part de marché à l'international, taux d'épargne des ménages, montant de la dette publique... Ce qu'il faut savoir sur l'économie tricolore.
L'Insee a publié son tableau de bord annuel de l'économie tricolore. Voici ce qu'il faut en retenir.
26,7 millions de travailleurs pour 2,6 millions de chômeursEn 2010, l'emploi a légèrement progressé (+44 000 personnes), après la saignée de 2009 (-313 000 emplois). 26,7 millions de personnes étaient en emploi en décembre dernier. Les deux tiers des salariés travaillent dans le privé. Le taux de chômage au sens du BIT s'établissait ainsi à 9,6% de la population active fin 2010, en légère baisse sur un an (-0,3 point). Le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) s'établit à 22,3%, celui des seniors (plus de 50 ans) à 6,3%.
+0,1% de hausse du pouvoir d'achatLe revenu disponible brut des ménages français a progressé de 2% en 2010, après +0,6% en 2009. Mais compte tenu de l'inflation, leur pouvoir d'achat a ralenti (+0,8% en 2010 après +1,3% en 2009). Cette évolution est mesurée pour l'ensemble des ménages. Au niveau individuel, le pouvoir d'achat est resté quasi stable (+0,1%, après +0,6%). Cette accélération du revenu disponible brut est principalement due au redémarrage des revenus d'activité, tandis que les prestations sociales reçues ont ralenti (+3,4% après +5,5% en 2009).
+2,6% de dépenses de consommationMalgré un pouvoir d'achat en berne, les Français ont continué de consommer en 2010.Leurs dépenses de consommation ont progressé de 1,3% en volume et de 2,6% en valeur. Et ce en dépit d'une forte remontée des prix (+1,2%). Le taux d'épargne des Français a ainsi reculé d'un demi-point, à 16% du revenu disponible brut.
Les ménages endettés à 79% de leur revenuL'encours des crédits accordés aux ménages en 2010 a progressé de 6,2% en 2010 pour atteindre 1050 milliards d'euros. Cette hausse est essentiellement due à la forte demande des ménages pour des prêts immobiliers, en raison du bas niveau des taux d'intérêt et des mesures d'incitation fiscale. Le ratio d'endettement des ménages a ainsi progressé de 3,2 points à 78,9% de leur revenu disponible brut.
Un taux de prélèvements obligatoires de 42,5%Le taux des prélèvements obligatoires a augmenté de 0,5 point en 2010 pour atteindre 42,5% du PIB. Une hausse due au rebond de l'impôt sur les sociétés, de la TVA et des droits de mutation. Pour les ménages et les entreprises, l'alourdissement de la fiscalité est de 11 milliards d'euros. Au total, les recettes fiscales et sociales perçues par les administrations publiques a atteint 822,1 milliards d'euros en 2010.
1738 milliards d'euros de richesses produites par le privéLa valeur ajoutée des entreprises du secteur privé non agricole a progressé de 2% en valeur en 2010 et de 1,3% en volume. Cette hausse est cependant inférieure au niveau d'avant crise (+2,3% en moyenne par an entre 2004 et 2007). La valeur ajoutée de l'industrie a progressé de 3,9%, celle des services marchands de 1,9%. En revanche, celle des services financiers s'est repliée (-2,3%).
6% de part de marché dans le commerce mondialLa compétitivité-coût de la France par rapport à ses principaux partenaires de l'OCDE s'est nettement améliorée en 2010 (+2%), ainsi que sa compétitivité-prix (+4,2%). Cette amélioration est essentiellement due à la forte dépréciation de l'euro vis-à-vis de la quasi-totalité des monnaies. La France n'en a pourtant pas profité pour améliorer sa compétitivité à l'export. La part de marché en valeur de la France dans le commerce mondial est passée de 6,6% en 2009 à 6,1% en 2010. Sa part de marché relative en volume a également reculé (-0,1 point à 6,4%).
50 milliards d'euros de déficit commercialLes exportations françaises ont progressé en volume plus rapidement (+9,7%) que les importations (+8,8%) en 2010. En valeur, en revanche, la hausse est plus forte pour les importations (+13%) que pour les exportations (+11,6%), en raison notamment de l'alourdissement de la facture énergétique. Résultat: le déficit commercial s'est creusé au niveau record de 49,4 milliards d'euros. Grâce aux services, le déficit extérieur français est légèrement moins élevé (45,3 milliards d'euros).
Le taux d'autofinancement des entreprises est de 78,7%Grâce à la réforme de la taxe professionnelle, qui a réduit de 8 milliards d'euros les impôts sur la production acquittés par les entreprises, celles-ci ont vu leur excédent brut d'exploitation progresser de 5,3% en 2010 (après une chute de 11% en 2009). La valeur ajoutée a quant à elle progressé de 2,1% à 973 milliards d'euros. Les deux tiers (66,8%) de cette valeur ajoutée servent à rémunérer les salariés. L'investissement des entreprises est également reparti à la hausse (+3,1%), mais moins que l'épargne. Résultat: le taux d'autofinancement des entreprises a progressé de 5,8 points pour atteindre 78,7%.
1600 milliards d'euros de detteLe déficit public français a diminué de 6 milliards d'euros à 136,5 milliards en 2010, passant ainsi de 7,5 à 7,1% du PIB. Si les déficits de l'Etat (112,4 milliards d'euros) et des administrations locales (1,7 milliard) se sont réduits, le "trou" de la Sécurité sociale s'est lui creusé (+7,6 milliards à 22,8 milliards d'euros). La dette publique a quant à elle augmenté de 3,3 point à 82,3% du PIB, soit 1591,2 milliards d'euros.

La réforme vaut bien une messe

C’est un artifice que de nombreux prestidigitateurs du grand cirque politique sortent régulièrement de leur chapeau. Il a la sonorité d’une remontrance et l’aspect flou d’une morale, mais il n’est ni l’une, ni l’autre. C’est un écran de fumée sémantique qui laisse roder le mystère. Abracadabra… et voilà : « Ça n’intéresse pas les Français ». Une formule magique qui permet d’échapper au danger immédiat d’une question gênante. Ça marche à tous les coups mais ça finit par user le spectacle. Et la suggestion - principe premier de la magie - reste muette, laissant derrière elle le goût de plus en plus prononcé de la frustration.

Eh bien chiche, Mesdames et Messieurs les artistes ! Relevez le gant aujourd’hui et demain à Strasbourg. Intéressez les Français ! Faites, faites donc. Il n’est que temps. Dans les années 70, à l’aube noire de la première crise, une publicité fanfaronnait : « En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées ! ». Presque quarante ans plus tard, la crise est toujours là, la France n’a toujours pas de pétrole, mais cette fois elle n’a plus d’idées non plus. Même le coq déchaîné de notre humour national n’arrive pas à en rire. L’anxiété devant l’avenir rendrait même aphone le glorieux volatile qui dans son inaltérable et mécanique optimisme n’oublie jamais de signaler midi au-dessus de l’auguste portail des DNA. C’est dire.

La nonchalance fataliste des élites devant le moral désespérément bas que révèlent, les uns après les autres, les bulletins de santé de la société française, devrait être secouée à l’approche d’une nouvelle année électorale qu’on nous annonce évidemment « décisive ». Si seulement ! Si seulement l’urgence pouvait réveiller un pays assoupi par un discours politique corrompu jusqu’à la moelle par les techniques et les éléments de langage lénifiants des communicants. Ce n’est pas la réclame de Martine Aubry hier soir dans le 20 heures de TF1 pour les vertus de « la vieille soupe » qui risque de réchauffer l’humeur d’un public citoyen désabusé, et encore moins d’ouvrir son appétit.

Mais attention, les lignes que vous venez de lire pourraient bien être taxées d’un infamant « populistes » quand elles n’appellent qu’à l’enthousiasme d’une vie démocratique inventive, généreuse, fluide, décontractée et animée par l’envie d’avoir envie. Les idées neuves qui circuleront en liberté dans ce foyer séculaire de l’humanisme européen qu’est la capitale alsacienne sont autant d’amazones salvatrices. 100 n’y suffiront pas, d’ailleurs, pour prendre d’assaut la forteresse inerte d’un débat public cadenassé. Elles auront besoin qu’on leur ouvre les portes de toutes les chapelles de décideurs.

Dans une France qui n’aimerait que les révolutions, la réforme vaut bien une messe. Une grand-messe intellectuelle, laïque et universelle. Elle commence ce vendredi à 12h30.

Evangelos Venizélos, nouveau ministre des finances de la Grèce en crise

L'actuel ministre de la défense grec a été nommé, vendredi 17 juin à l'occasion d'un remaniement gouvernemental annoncé dans la matinée, ministre des finances. Evangelos Venizélos récupère ce poste-clé au moment où Athènes traverse une crise financière et économique d'une ampleur sans précédent. Signe de cette place centrale accordée à M. Venizélos, il prend également la fonction de vice-premier ministre.

Georges Papaconstantinou, titulaire du poste depuis la victoire du Pasok (socialiste) aux élections législatives d'octobre 2009, devient ministre de l'environnement. C'est lui qui a été le principal architecte de la cure d'austérité subie par la Grèce pour éponger ses déficits.
Stavros Lambrinidis, eurodéputé socialiste, est nommé ministre des affaires étrangères. Un autre proche de Papandréou, Panos Beglitis, jusqu'ici secrétaire d'Etat à la défense, devient ministre de la défense.
Cette décision d'écarter Papaconstantinou des finances était attendue de la part du premier ministre, Georges Papandréou, qui a annoncé la formation d'un nouveau gouvernement dans l'espoir d'apaiser l'opinion et une partie du Pasok mobilisées contre son nouveau plan de rigueur.
Evangelos Venizélos, 54 ans, a été le rival de Papandréou contre qui il s'est présenté, sans succès, pour prendre la direction du Pasok après la deuxième défaite électorale consécutive des socialistes, en 2007. Il a occupé de nombreux postes ministériels dans les précédents gouvernements socialistes, au milieu des années 1990, dont ceux de porte-parole du gouvernement, ministre de la justice et ministre du développement.
Marié, père d'une fille, professeur de droit constitutionnel, Venizélos a entamé sa carrière politique sur le tard, en 1993, comme député de Salonique, sa ville natale.
CE QUI PROUVE SON INCOMPÉTENCE EN MATIÈRE ÉCONOMIQUE !!!!

De la fourche à la fourchette, rigueur !

Après l'Allemagne et Lille, Amiens ? La bactérie E.coli serait-elle en train d'étendre sa toile malfaisante, d'attaquer la Picardie ? Nous n'en sommes pas là. Comme dans toutes les affaires de sécurité sanitaire, entre la psychose franchouillarde et l'indifférence coupable, il est une voie plus sage, l'examen lucide des faits. Les faits justement : sept enfants hospitalisés pour une intoxication alimentaire liée à un type rare de bactérie E.coli. Ils avaient mangé des steaks hachés surgelés. Il est permis d'établir une analogie avec la virulente bactérie, mais aucun lien avec cette épidémie qui sème la mort outre-Rhin. L'origine de cette dernière a été identifiée, reste à savoir si la bactérie a été véhiculée par l'homme ou l'animal. L'énigme sera-t-elle jamais élucidée ? Inutile de crier haro sur le steak haché. D'ailleurs, instruite du couac allemand - on a accusé le concombre avant de l'innocenter - l'Europe n'a pas déclenché l'alarme sur la contamination française. La viande suspecte proviendrait notamment d'Allemagne, elle a été transformée en France. Une cause périphérique - une rupture de la chaîne du froid - n'est pas à exclure. Oui, prudence, car la crise allemande témoigne que les graines germées ont pu être infectées par un sol souillé ou conditionnées au mépris des régles de l'hygiène. Tout au long de la chaîne, la vigilance s'impose. La qualité d'un aliment est l'affaire de tous, elle engage la responsabilité de l'ensemble des acteurs. De l'agriculteur qui abuserait des pesticides au consommateur qui se montrerait négligent, en passant par le distributeur peu scrupuleux. Manger sans risque, ça se mérite !


L'ALLEMAGNE, APRÈS AVOIR ACCUSÉ LA FILIÈRE ESPAGNOLE EST COUPABLE DE NE PAS AVOIR REGARDÉ DANS SON PROPRE JARDIN.
ELLE EST DOUBLEMENT BLÂMABLE, DE SE CONSIDÉRER AU DESSUS DE TOUT SOUPÇON.
BOYCOTTONS LES PRODUITS ALLEMANDS.

Nicolas Dupont-Aignan : "L'euro, c'est comme le Mediator!"

En déplacement à Athènes mercredi, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République et candidat à la présidentielle, a rencontré les manifestants grecs. Il a "l'intime conviction" que la crise de la dette touchera la France et que seule une sortie de la zone euro peut l'endiguer.

Comment s'est déroulé votre déplacement à Athènes?
Je ne veux pas paraître vantard, mais j'ai étonnamment été bien accueilli. Je me suis rendu mercredi matin place Sindagma [la place de la Constitution, l'un des lieux de rassemblement des manifestants grecs, Ndlr]. J'ai été très surpris et ému d'avoir été acclamé par la foule présente. Les gens ont applaudi l'écharpe tricolore que je portais [Nicolas Dupont-Aignan est député-maire d'Yerres, Ndlr]. La France représente encore quelque chose. Après mon discours, j'ai pu rencontrer ces personnes, plus modérées que ne le disent les médias. Le mouvement n'est pas politisé : certes il y a des militants d'extrême-droite ou d'extrême-gauche, mais ils ne représentent pas la majorité des manifestants. Il n'y a pas de drapeaux rouges place Sindagma, mais que des drapeaux grecs. La crise, là-bas, n'est pas politicienne mais démocratique.
La crise grecque est surtout économique...
L'endettement entraîne une menace des droits citoyens, de la démocratie. Aujourd'hui à Athènes, il y a un discrédit total de la classe politique et du bipartisme. Les gens ont l'impression de ne pas maîtriser leur pays. On leur a imposé un plan de spoliation : on les ruine pour renflouer leurs banques et on ruine les contribuables européens pour renflouer leur dette. Les Français vont, à eux seuls, payer 17 milliards d'euros pour éviter la banqueroute grecque. Soit le gain de notre réforme des retraites! Bruxelles a imposé à Athènes des mesures drastiques pour éviter d'exclure la Grèce de l'Europe économique. Mais c'est l'effet inverse qui se produit. L'Etat surendetté est vu par le reste de la zone euro comme un boulet. Les décideurs de la Commission européenne opposent, à tort, les victimes de la crise au reste de l'Union. Derrière ces décisions technocratiques, il y a des gens, révoltés contre un plan de sortie de crise inefficace et révoltant. Et rien ne changera : les profits continueront à alimenter les banques tandis que les pertes doivent être payées par les contribuables. 

Pour vous, la seule solution reste donc une sortie de l'euro...
C'est ce que je préconise pour la Grèce... et pour la France. Dans la zone Euro, l'Allemagne va bien, mais le reste des pays membres est surendetté. Les banquiers continuent comme avant et ce qui se passe en Grèce n'est qu'un commencement. Une manifestante m'a dit mercredi matin : "Ça nous arrive à nous, mais demain, ça vous arrivera". J'en ai l'intime conviction. La fuite en avant des plans d'aide européens –pour la Grèce, bientôt le Portugal ou l'Irlande– ne vise qu'à retarder leur sortie de la zone euro. Pourquoi Athènes ne pourrait pas sortir de la monnaie unique dès maintenant, et reconstruire ainsi son système économique?
Est-ce seulement possible? De nombreuses études démontrent le contraire...
La caste de Bruxelles dramatise toute sortie de l'euro. Tout le monde oublie que de nombreux pays sont sortis de zones monétaires sans pertes ni fracas. Les pays de l'ex-Union soviétique, la Tchécoslovaquie quand elle s'est scindée en deux... Rien n'est impossible si un plan économique solide s'accompagne d'une réelle volonté politique. La vraie folie serait de persister dans l'euro. Aujourd'hui, les démocraties européennes sont devenues des oligarchies au service des banques et non plus des peuples.
N'avez-vous pas une vision caricaturale de la crise de la dette?
L'euro était censé consacrer l'Union. Elle n'a fait qu'exacerber les différences, les nationalismes. Désormais, les dirigeants se parlent par ministres et médias interposés et s'affrontent sur des questions sensibles, comme l'immigration, alors qu'ils devraient être au contraire unanimes. Nous sommes dans un système dictatorial qui ne fait que protéger les intérêts des banques. L'idée européenne a été dénaturée. Au lieu d'écouter les Indignés qui manifestent un peu partout, nos oligarques accélèrent et vont dans le mur. 

La monnaie unique apparaît toutefois comme une garantie face aux autres puissances, émergentes ou non...
Vous parlez de protection, mais l'euro fort est plutôt synonyme d'asphyxie! Les Chinois ou les Américains ne sont pas fous : ils ont dévalué leur yuan ou dollar pour éviter le mécanisme implacable de l'endettement. L'euro, c'est une saignée, c'est le Mediator. Et moi, je suis le docteur Frachon [le médecin qui a alerté des méfaits du médicament au début des années 2000, Ndlr].
Lancés dans la course à la présidentielle, Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon préconisent eux aussi la sortie de l'euro. Comment vous démarquerez-vous politiquement?
Je suis un pragmatique qui veut rassembler. Leur formation respective, à l'extrême, divisent les Français. Ceci dit, il est normal qu'ils reprennent le débat que j'ai lancé il y a plusieurs années sur une sortie de l'euro. Ce sera un thème de campagne majeur, à l'instar du protectionnisme. C'est toute la raison de ma candidature. L'oligarchie qui domine en France ne veut pas en parler. Est-ce que nous, Français, sommes encore un peuple qui peut réfléchir? Est-ce que nous pouvons encore compter dans le monde de demain? Voilà les questions qui seront, j'espère, au centre du débat électoral.


Patrick Buisson : "L'antisarkozysme est une forme d'antisémitisme qui ne s'assume pas"

Quand le "conseiller" en stratégie politique de Sarkozy raconte le sarkozysme, cela peut faire froid dans le dos.
 Aujourd'hui, on n'échappe ni au bac, ni à Patrick Buisson, conseiller du président Sarkozy, personnage intrigant dont on se demande d'ailleurs quelle est la fonction réelle. Gourou ? Augure ? Influenceur ? Eminence grise ? Raspoutine? Raseur ?

Lepoint.fr publie un portrait assez étonnant du personnage, et pour tout confesser, assez terrifiant. Passons sur la revendication d'une stratégie droitière pour remporter la prochaine présidentielle (à droite, rien de nouveau) et concentrons nous sur les propos de Patrick Buisson qui éclairent la personnalité de celui à qui l'on prête tant d'influence sur le président.


Et d'une, Buisson fait parler les morts. Et voici Pierre Bérégovoy présenté comme la "gorge profonde" de Minute du temps où Buisson y officiait. Et voici encore François de Grossouvre, qui recevait chez lui le même Buisson de Minute dans le but de partager une bonne tranche d'anticommunisme primaire.

Ben voyons...

Et de deux, Buisson dévoile le vrai rapport à la presse de l'actuel pouvoir. Cela donne un pot-pourri de citations d'anthologie. Il avoue plaisanter avec Sarkozy :"Cite-moi un journaliste de droite à France Télévisions", mais disserte aussi sur "les idiots du village médiatique" avant de dénoncer l'inévitable "hégémonie idéologique de la gauche sur le monde de la culture et des médias".

Ben voyons...

Et de trois, Buisson, à travers Sarkozy, invente un truc incroyable. Après avoir décrété que "Chirac était une grande nouille solennelle" (la famille Chirac va apprécier) Buisson annonce que "Sarkozy, c'est un chapitre du roman de l'énergie nationale. Très barrésien.". Avis aux lycéens qui préparent le concours d'entrée à Sciences Po : une nouveau chapitre de l'histoire des idées politiques vient de s'ouvrir avec la création du "sarkozysme barrésien".

Gageons que Barrès, là où il est, va se sentir obligé de faire un communiqué de démenti, car si Sarkozy est un "déraciné", il ressemble peu à François Sturel.

Enfin, il y a cette dernière sortie, qui mériterait et mérite bien des commentaires, tant elle est hallucinante : "L'antisarkozysme est une forme d'antisémitisme qui ne s'assume pas." Afin que chacun prenne la dimension de cette sentence, relisons là encore une fois :

"L'antisarkozysme est une forme d'antisémitisme qui ne s'assume pas."

"Ben mon vieux", aurait sobrement commenté Pierre Dumayet.

Quelle conclusion tirer des tirades buissonnières ? Simple : les communicants de Sarkozy, surtout Buisson, ça ose tout, et c'est même à ça qu'on les reconnaît.

Attention dangers

Comment imaginer que dans notre monde hypercommunicant et hyperconnecté, notre monde si rapide et définitivement universel, les manipulateurs de l'apocalypse puissent encore embrouiller des gogos pour en faire des adeptes ? L'illusion du retour à la nature et la mystification de la médecine miraculeuse, ces échappatoires de la réalité, connaissent une recrudescence qui va au-delà des déviances habituelles. Dans son rapport annuel, la Miviludes insiste sur l'indispensable vigilance face au risque que font courir les « millénaristes » aux plus fragiles, séduits par ces mouvances dangereuses. Mais la vigilance peut-elle suffire à combattre cette résurgence des discours de fin du monde, ce buzz planétaire qui alimente des millions de pages sur le net ?

Les gourous de tous acabits nourrissent leurs arguments du malaise social et de la perte de repères de notre société qui ne réussit pas à laisser espérer des jours meilleurs. La rationalité n'offrant guère de perspectives enthousiasmantes, l'irrationnel attire et aide à soutenir le moral. Fausse béquille pour ceux que les accidents de parcours ont déroutés et qui mal à l'aise à identifier les bornes, vont alors vers ce qui les rassure. Comme le font les enfants qui, lorsque l'on ne répond pas à leurs questions, s'inventent les réponses qui leur conviennent.

Dans le fatras de messages que nous recevons à jet continu, tout s'empile, tout vaut tout et nous avons souvent du mal à établir une hiérarchie. L'opinion peine à définir les priorités et à différencier les discours. Elle perd confiance dans l'information libérant ainsi un espace dans lequel s'engouffrent les prophètes et les guérisseurs galactiques, trop heureux de pouvoir affirmer que la tisane de géraniums n'est pas plus nocive que le Médiator.

La stupide prédiction qui promet l'apocalypse pour le 21 décembre 2012 viendrait du calendrier des Indiens Mayas, bien plus sages et cultivés que tous ces arnaqueurs malfaisants qui ont le Da Vinci code pour bible. Un qui ne va pas être content c'est le père Noël... en plein dans sa meilleure semaine. Contacté par nos soins, il a répondu, serein : « C'est la 183e fois depuis que l'humanité existe que l'on m'annonce la fin du monde. Alors! »

Solidarité


Qui doit payer pour les plus âgés d’entre nous ? Sur quelles épaules doit peser la prise en charge de la dépendance ? Cela fait des mois que tourne cette question à plusieurs milliards d’euros. On le sait, tout le monde paiera, mais à divers degrés. Le Conseil économique et social a proposé hier de taxer davantage les retraités, ou plutôt de leur imposer la même CSG qu’aux actifs. N’en doutons pas, cette proposition va hérisser bien des cheveux gris. Elle paraît pourtant logique : les actifs du deuxième âge financent les retraités du troisième âge, et le troisième âge contribuerait ainsi à la prise en charge du quatrième âge. Les grands-parents, en somme, paieraient davantage pour les arrière-grands-parents. Mais alors, qui paiera pour les arrière-petits-enfants, aujourd’hui si souvent aidés par les grands-parents ? La solidarité entre les générations est décidément un exercice difficile.

Les “indignés” de la place Syntagma : “C’est notre jour !”

Le 15 juin, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour protester contre les mesures d’austérité du gouvernement aux abords du Parlement, à Athènes, où les "indignés" grecs campent depuis déjà trois semaines. Si la manifestation s’est déroulée pacifiquement, des affrontements ont éclaté en marge du cortège. 

"En avant !" crie un homme en battant  son tambour sans s'arreter une seule minute — "Tous devant !" Le reste de l'orchestre, qui rappelle celle du Titanic, continue de jouer malgré les quolibets qui fusent. C'était à l'heure où la place Syntagma (Constitution) était inondée de monde, de même que les rues et ruelles adjacentes. Les gaz lacrymogènes de la police continuaient de tomber comme la pluie dans une ambiance rendue électrique par une foule très remontée. Les explosions raisonnaient, tout comme les sirènes des ambulances qui allaient et venaient en permanence pour ramasser les blessés. Dans chaque petit groupe où éclataient des échauffourées, ont entendait crier "sé-cu-ri-té".
Au centre de la place, les manifestants avaient formé des chaînes humaines pour empêcher les troubles et pour laisser passer les blessés. Plusieurs personnes âgées avaient le crâne ouvert et étaient évacuées, alors que des enfants en bas âges circulaient avec des masques à gaz trop larges pour leurs petites têtes. Aux mégaphones, les organisateurs appellaient les gens à se rassembler et à rester sur la place malgré les échauffourées. "Nous ne partirons pas d’ici. C'est notre jour !", criaient-ils. Alors que les affrontements se faisaient de plus en plus violents, ils appellaient à ne pas céder à la pression de la police, à ne pas rompre cette chaîne. "Quel que soit le nombre de lacrymogènes que l’on nous balance, nous resterons ici. C'est la place de la révolte populaire, de la démocratie, de là où est né l'espoir".
La foule était aussi au rendez vous à Thessalonique, à Patras, et dans les petites villes comme Lamia ou Larissa, en Crète, dans les îles comme Corfou ou Samos. Partout, les Grecs étaient dans les rues. Les agriculteurs avec leurs tracteurs, les commerçants, les étudiants, écoliers, retraités. Le soulèvement est massif, et le malaise politique est palpable. Cette fois, ils ne s'arrêteront pas là : rendez-vous est pris pour ce dimanche 19 juin.

La démocratie de nouveau dans la place

Tandis que le Premier ministre grec, Georges Papandréou, tente d’imposer un second plan de rigueur à son pays, la place Syntagma à Athènes est devenue un modèle de démocratie directe où les citoyens de tous âges, de tous milieux et de tous courants politiques viennent exprimer leur colère. 

Lorsque Stéphane Hessel écrivait dans son essai Indignez-vous ! que notre sentiment de révolte devant les injustices devait nous amener à une "insurrection pacifique", il ne s’attendait probablement pas à voir le mouvement des indignados en Espagne ou celui des aganaktismenoi en Grèce mettre ses conseils en pratique aussi rapidement et de manière aussi spectaculaire.
L’opposition des Grecs à cette série de mesures catastrophiques était attendue. Tout au long de leur histoire, les Grecs ont résisté aux occupations étrangères et à la dictature intérieure avec détermination et sens du sacrifice. Les mesures imposées par le Fonds monétaire international (FMI), l’Union européenne (UE) et la Banque centrale européenne (BCE) avec l’accord — pour ne pas dire sur l’invitation — du gouvernement grec ont donné lieu à onze journées de grève générale, quantité de débrayages régionaux et divers actes de résistance inédits.

Des citoyens qui débattent et dénoncent l'injustice

Les médias grecs et étrangers ont largement couvert les affrontements entre jeunes et forces de police anti-émeute qui ont laissé un épais nuage de gaz lacrymogène flotter au-dessus de la capitale grecque après plusieurs grandes manifestations. Menées à l’instigation des partis de gauche et de plusieurs syndicats, ces manifestations ont éclipsé la vague de protestation anti-rigueur qui déferlait sur le reste de l’Europe. Le climat de peur inlassablement entretenu par les médias, les experts et les élites intellectuelles de l’establishment ont réussi à distiller un sentiment de crainte et de culpabilité au sein d’une majorité de la population, et ainsi à affaiblir la résistance.
Il y a trois semaines, la donne a pourtant changé. Une foule hétéroclite d’hommes et de femmes en colère – tout âge, idéologie et professions confondus – a commencé à se réunir sur la place Syntagma située au cœur d’Athènes, en face du Parlement, ainsi qu’autour de la Tour blanche à Thessalonique et dans les lieux publics d’autres grandes villes. Ces rassemblements quotidiens, attirant jusqu’à plus de 100 000 participants, se sont déroulés de manière pacifique, sous l’œil des forces de police.
Se baptisant "les indignés", ces citoyens ont entrepris de dénoncer l’injuste paupérisation des travailleurs grecs, la perte de souveraineté qui a transformé leur pays en chasse gardée des banquiers et la déliquescence de la démocratie. Ensemble, ils exigent le départ des élites politiques corrompues qui ont dirigé le pays pendant près de trente ans et l’ont conduit au bord de l’abîme. Les partis et slogans politiques ne sont pas les bienvenus parmi eux.
Des milliers de personnes se réunissent chaque jour sur la place Syntagma pour discuter des mesures à prendre. Le parallèle avec l’antique agora athénienne – qui se situait à quelques centaines de mètres – est frappant. Les participants souhaitant prendre la parole reçoivent un numéro leur permettant d’accéder à la tribune par tirage au sort, reprenant ainsi la méthode aléatoire par laquelle bon nombre de charges étaient distribuées dans la cité antique. Les orateurs ne disposent que de deux minutes, ce afin de permettre au plus grand nombre de s’exprimer.
Le système fonctionne de manière efficace et sans les interruptions intempestives qui caractérisent la plupart des débats publics. Les sujets de discussion sont variés et vont de questions d’organisation aux nouvelles formes de résistance en passant par la solidarité internationale et les alternatives possibles aux mesures les plus injustes. Aucun sujet n’est écarté. Chaque semaine, des économistes, des avocats et des penseurs de la vie politique sont invités à participer à des débats organisés pour présenter des solutions à la crise.

Jamais nous n'avons été aussi proches de la démocratie

Voilà la démocratie en action. Chômeurs et professeurs d’université ont autant de temps pour présenter des idées qui seront discutées avec autant de vigueur et soumises à un vote avant d’être adoptées. Les indignés ont repris la place Syntagma des mains des marchands pour la transformer en véritable lieu public d’échange. Les soirées habituellement passées devant la télé sont devenues le temps de se rassembler pour discuter ensemble du bien commun. Si la démocratie désigne le pouvoir du "demos", c’est-à-dire de ceux qui n’ont ni rang, ni fortune ou compétence particulière les destinant au pouvoir, alors jamais nous n’avons été aussi proches de la démocratie depuis longtemps.
Les débats de haut niveau qui se déroulent sur la place Syntagma contredisent cette idée répandue selon laquelle les questions de politique publique sont trop techniques pour les citoyens ordinaires et doivent être laissées aux spécialistes. Athènes redécouvre un des principes fondateurs de l’agora, à savoir que le demos a plus de bon sens que n’importe quel dirigeant. Le mouvement des indignés nous montre que la démocratie parlementaire doit être complétée par une version plus directe, un rappel qui tombe à pic alors que le principe de la représentation politique est de plus en plus contesté dans toute l’Europe.
Pour l’heure, le gouvernement du Pasok s’est muré dans un silence embarassé. La propagande de l’establishement rejette la responsabilité de ces manifestations et des quelques violences qui les ont suivies sur une gauche divisée. Cette stratégie ne peut toutefois pas fonctionner contre les indignés qui représentent tous les partis et aucun à la fois. Ces derniers mènent une campagne déterminée visant à empêcher le Parlement de voter les mesures que les banques et Angela Merkel ont déjà réussi à imposer auprès du Premier ministre grec et qui ne feraient qu’aggraver la récession et le taux de chômage jusqu’en 2015 au moins. Le remède serait pire que le mal. La réaction à ces mesures marquera le point d’orgue de la confrontation entre l’establishement et les indignés. La foule de la place Syntagma rejoint aujourd’hui les syndicats pour participer à une grève générale et encercler le parlement.
La place Syntagma ressemble désormais davantage à la place Tahrir du Caire qu’à la Puerta del Sol de Madrid. Ces rassemblements quotidiens et l’opposition au parlement situé juste en face ont changé la donne politique pour de bon et les élites grecques commencent à s’inquiéter. En grec, le mot stasis signifie à la fois se tenir droit et se révolter. La place Syntagma doit son nom aux manifestants qui réclamaient une constitution (syntagma) à leur roi au 19e siècle. Aujourd’hui, l’histoire se répète avec les indignés : ils se tiennent droit et exigent un nouveau contrat politique pour les libérer de la domination néolibérale et de la corruption politique.

NOUVELLE TRANCHE D'AIDE POUR LA GRÈCE

Un répit pour Athènes: la zone euro devrait approuver dimanche le versement d'une nouvelle tranche d'aide de 12 milliards d'euros au profit de la Grèce, a annoncé jeudi le commissaire européen Olli Rehn. Confronté à une fronde au sein de son parti au sujet des nouvelles mesures d'austérité imposées au pays, le Premier ministre Georges Papandréou a de son côté affirmé vouloir rester à son poste et se battre pour sortir la Grèce de la crise.
M. Papandréou a été contraint de retarder le remaniement de son gouvernement pour convoquer jeudi une réunion d'urgence de son Parti socialiste (PASOK), au pouvoir. Il a déclaré aux députés socialistes qu'il allait poursuivre ses efforts pour trouver un consensus avec l'opposition conservatrice sur les mesures d'austérité.
Il a également reconnu des "erreurs et faiblesses" de la part de son gouvernement, mais a assuré que le nouveau cabinet remanié serait plus solide. Il a enfin promis de rester à son poste et de se battre pour sortir le pays de ses graves difficultés financières.
La réunion d'urgence a été convoquée après les démissions de deux députés grecs et anciens ministres du PASOK, Georges Floridis et Hector Nasiokas, et après des critiques contre M. Papandréou émanant de son propre camp.
De son côté, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn a déclaré jeudi que les ministres des Finances de la zone euro approuveraient probablement dimanche le versement d'une nouvelle tranche de 12 milliards d'euros provenant du plan d'aide de 110 milliards accordé l'an dernier à la Grèce par l'UE et le FMI.
"Cela signifie que le financement de la dette souveraine grecque peut maintenant être assuré jusqu'en septembre", a souligné M. Rehn, ajoutant qu'une décision sur le déblocage d'une autre tranche serait prise en juillet. "Les prochains jours seront déterminants pour la stabilité financière et la reprise économique en Grèce et en Europe", a-t-il souligné.
Le versement de la nouvelle tranche est conditionné à l'adoption par le Parlement grec d'ici la fin juin de nouvelles mesures d'austérité, notamment un vaste plan de privatisation.
Le Fonds monétaire international (FMI), qui contribue à hauteur de 30 milliards d'euros au plan d'aide, avait menacé de ne pas verser sa quote-part si la solvabilité de la Grèce sur le long terme n'était pas garantie. L'institution financière a toutefois déclaré jeudi être "prête à poursuivre (son) soutien" à la Grèce si les réformes "convenues avec les autorités grecques" sont adoptées.
Son directeur général par intérim, John Lipsky, assistera à la réunion des ministres des Finances de la zone euro prévue dimanche et lundi à Luxembourg, a déclaré Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, dans un entretien à APTN.
L'incertitude grandit toutefois sur la solvabilité à long terme de la Grèce, des experts estimant que les investisseurs devront in fine accepter de perdre une partie de l'argent qui leur est dû. Et la dette grecque continue d'inquiéter les marchés.
Les places financières étaient en repli jeudi à travers l'Europe alors que l'euro tombait à son plus bas niveau depuis trois semaines en passant sous les 1,41 dollar. Les coûts d'emprunt ont également atteint de nouveaux sommets pour la Grèce, le taux de ses obligations à dix ans grimpant à 18,4%. "La crise grecque devient incontrôlable", commentait Kit Juckes, un analyste de la Société Générale.
Entre les pressions des créanciers internationaux et la colère de l'opinion publique grecque, M. Papandréou avait annoncé mercredi qu'il remanierait son gouvernement et demanderait la confiance du Parlement après l'échec de discussions avec l'opposition pour former un gouvernement de coalition.

Grèce: Nouriel Roubini pour la sortie de l'euro

Laurent Pinsolle reprend l'analyse de l'économiste, l'un des rares économistes qui avait anticipé la crise des subprimes, selon laquelle, à l'inverse de ce que disent bien des économistes français, la sortie de l'euro reste la moins mauvaise option pour l'économie grecque, à l'instar de ce qui s'est passé en Argentine. 


  Hier avait lieu la 3ème grève générale en Grèce en protestation contre les plans concoctés par la Commission, la BCE et le FMI et qu’essaie de faire passer le gouvernement. Nicolas Dupont-Aignan était hier à Athènes pour protester lui aussi contre ses plans absurdes.


La partie de poker entre la finance et les Etats

Sur son blog, Hervé Nathan montre justement qu’aujourd’hui que c’est la corbeille qui décide à Athènes et que Commission, BCE et FMI ne font que suivre ce qu’elle souhaite. Assez naturellement, les marchés ne veulent pas entendre parler d’une décote qui risquerait à nouveau de provoquer une crise financière systémique, démontrant à nouveau que le secteur financier n’est qu’un immense château de cartes à la merci du défaut d’un pays pesant 3% du PIB de la zone euro.

On perçoit dans les menaces des agences contre Athènes ou les banques qui ont des engagements en Grèce une forme de chantage, un pur rapport de force entre les marchés et les Etats européens pour se partager l’addition. Il est intéressant de constater à quel point la troïka infernale défend uniquement les intérêts de la finance, appuyée par la France, en contradiction totale avec les propos de Nicolas Sarkozy sur la moralisation du capitalisme.

En revanche, l’Allemagne pèse de tout son poids (qui est grand, en tant que prêteur de dernier ressort) pour partager l’addition avec le secteur financier et imposer qu’il prenne en charge une partie de la note, quitte à accroître les tensions sur les marchés financiers. On peut se demander si, de la sorte, l’Allemagne ne cherche pas tout bonnement à faire pourrir la situation pour enfin sortir d’un euro dont elle n’a jamais voulu. Résultats, les négociations continuent à piétiner.

La seule chose qui est certaine est que les conditions de l’accord qui doit être trouvé d’ici la fin du mois seront à nouveau sanglantes : baisse des salaires, hausse des impôts, véritable dépeçage du service public national pour dégager de la trésorerie (50 milliards d’euros de privatisations, c’est 20% du PIB du pays, l’équivalent de 400 milliards en France…). Comme le soutient Morad El Hattab, cela revient à presser un citron jusqu’à ce que les pépins craquent…

Une situation totalement intenable

J’avais écrit il y a quelques semaines qu’il n’y avait qu’une solution pour la Grèce, à savoir la sortie de l’euro, une forte dévaluation et une restructuration, si possible ordonnée, de sa dette. C’est exactement ce qu’a écrit Nouriel Roubini dans le Financial Times de mardi. Les médias ont assez mal rendu compte de cet article, qui, avant de conclure, étudie les autres possibilités offertes à la Grèce : dévaluation de l’euro, voie allemande ou dévaluation interne.

Mais l’économiste qui avait prédit la crise de 2008 juge que ces options sont impraticables car les traités impliquent un euro cher, (d’autant plus quand on met des psychopathes à la tête de la BCE) et que le principe d’une compression interne des salaires pour améliorer la compétitivité de la Grèce provoquerait une Grande Dépression qui, non seulement achèverait l’économie grecque, mais rendrait totalement illusoire le remboursement des dettes que le pays a contracté.

Certes, certains évoquent la solidarité européenne mais celle-ci est illusoire tant elle devrait être importante. Jacques Sapir a chiffré à 3.5 à 4% du PIB l’effort annue l que devrait consacrer l’Allemagne. Pire, comme je l’avais expliqué, cette solidarité, si elle améliorerait la situation de la population grecque, ne ferait qu’entretenir un déséquilibre de la balance des paiements du pays qu’il faudra bien tôt ou tard corriger. Cette solution revient à une fuite en avant dans toujours plus de dettes.

La Grèce n’a pas 36 solutions aujourd’hui : elle doit dévaluer pour retrouver sa compétitivité. Soit elle procède à une dévaluation interne pour rester dans l’euro. Mais dans ce cas, Patrick Artus estime qu’il faudra baisser les salaires de 35% : je vous laisse imaginer la boucherie que représenterait un tel ajustement. C’est pourtant la voie prise aujourd’hui. L’alternative consiste à sortir de l’euro pour procéder à une dévaluation en bonne et due forme.
L’Argentine s’était imposée quatre années de récession avant d’abandonner le lien avec le dollar. La Grèce est dans sa troisième année. Si Athènes suit Buenos Aires, le moment de vérité aura lieu début 2013… Mais la situation est tellement instable que cela pourrait arriver plus vite