TOUT EST DIT

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dimanche 14 octobre 2012

Face à l’islam, quelle laïcité ?

Face à l’islam, quelle laïcité ?


Je me souviens qu’en 2010, dans la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle, puis dans la basilique de la Sainte Famille à Barcelone, Benoît XVI avait notamment déclaré (extraits adaptés) : La beauté de l’architecture sacrée est la grande nécessité de l’homme. Il est tragique qu’en Europe, surtout au 19e siècle, se soit affirmée et ait été défendue la conviction que Dieu est le rival de l’homme et l’ennemi de sa liberté. Il est nécessaire que Dieu recommence à résonner joyeusement sous le ciel de l’Europe. Avoir soin de Dieu et avoir soin de l’homme : voilà ce que l’Église désire apporter à l’Europe.
En réalité – et cela c’est moi qui l’ajoute – l’Europe vit dans le mensonge. L’Europe fait la part belle aux milieux islamiques, à l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI). L’Europe a peur du terrorisme musulman. L’Europe a peur de perdre le pétrole arabe. L’Europe a peur de ses propres banlieues. Et un jour, l’Europe paiera ses propres peurs très cher.
Pour revenir au pape, en évoquant Antonio Gaudi, architecte chrétien, concepteur de la basilique de la Sainte Famille, Benoît XVI avait insisté sur l’importance de la réconciliation entre la raison et la foi : Gaudi réalisa ce qui est aujourd’hui une des tâches les plus importantes : dépasser la scission entre conscience humaine et conscience chrétienne, entre existence dans ce monde temporel et ouverture à la vie éternelle, entre la beauté des choses et Dieu qui est la Beauté. La consécration de cette église de la Sainte Famille (faite basilique par Benoît XVI), à une époque où l’homme prétend édifier sa vie en tournant le dos à Dieu, comme s’il n’avait plus rien à lui dire, est un événement de grande signification. Par son œuvre, Gaudi nous montre que Dieu est la vraie mesure de l’homme, que le secret de la véritable originalité consiste, comme il le disait, à revenir à l’origine qui est Dieu, avait conclu Benoît XVI.
A cet égard, j’aimerais rappeler ici que l’anthropologie chrétienne (c’est à dire, la philosophie chrétienne et la théologie catholique, combinées, dans l’étude de la personne humaine), cette anthropologie est essentiellement forgée par celles et ceux que l’Eglise appelle les saintes et les saints. Avec, par exemple, saint Jean évangéliste, saint Bernard, sainte Catherine de Sienne et saint Thomas d’Aquin, les catholiques ont toute la littérature catholique nécessaire pour s’apercevoir que primo, le christianisme est issu du judaïsme ; et secundo, que contrairement au judaïsme et au christianisme, tous deux issus de la bible, l’islam, lui, dès sa naissance au 7e siècle, n’est issu que de Mahomet et du coran.
Or, les athées et les agnostiques sont également en mesure de constater qu’en termes anthropologiques, Mahomet et le coran n’arrivent pas à la cheville de la bible, à la cheville des Prophètes d’Israël, à la cheville de David et ses Psaumes, à la cheville des écrits de saint Jean évangéliste, de saint Bernard, de sainte Catherine de Sienne, saint Augustin et de saint Thomas d’Aquin. En fait, que l’on soit croyant ou pas, l’intelligence suffit pour constater que le coran est une livre assez dérisoire en comparaison de la bible et en comparaison des écrits des Prophètes d’Israël, des saintes et des saints. Il est vrai qu’une partie du clergé catholique, notamment en France et au Moyen Orient, semble avoir un degré de culture, de connaissance, de foi et d’intelligence, degré soit très limité, degré soit très infesté par le désir de plaire – à n’importe quel prix – aux représentants et dirigeants musulmans.
Pour ce qui concerne Benoît XVI, il me faudrait un long article pour tenter d’expliquer, même brièvement, sa pensée et sa position. Je crois que sur le fond, Benoît XVI est conscient du désastre annoncé, qui se prépare, avec l’idéologie islamiste. Cela mis à part, en dehors de ses écrits strictement théologiques et philosophiques, ce que le Pape dit et lit, est, souvent, écrit, par d’autres que lui, par d’autres membres de la Curie romaine. Car le pape est sollicité 10 fois par jour, 7 jours sur 7, pour recevoir quelqu’un et lui adresser quelques mots.
En résumé, il faut distinguer le dogmatique et le pastoral. Par exemple, le Concile Vatican II était pastoral et non dogmatique. Détail intéressant : le plus important texte dogmatique catholique, c’est le « Credo », le « Je crois en Dieu ». Or, ce Credo ne dit rien qui ne sorte du catholicisme. Ce que je veux dire par-là, c’est que les propos judéophobes et islamophiles ne tiennent pas la route au plan philosophique. Car le « Credo » ne demande ni de repousser les Juifs, ni d’embrasser les mahométans. En fait, d’un point de vue philosophique catholique, le peuple juif a participé et participera jusqu’à la fin des temps au plan divin. Les saintes et les saints l’ont dit et écrit. Ceux qui disent le contraire, ceux qui sont judéophobes et islamophiles sont tout simplement des idiots.
Toujours à propos de Benoît XVI, pour faire court, voici ce que je crois savoir : 1- Benoît XVI s’est fixé comme priorité l’unité. On peut aimer ou pas. Mais il a choisi l’unité. Avec qui ? Avec tous les catholiques. Avec les orthodoxes. Avec les anglicans. Avec les réformés, protestants, évangéliques. 2- Avec cela, il est vrai que l’amitié envers les Juifs, passe non pas avant, mais après l’unité que je viens d’expliciter. Benoît XVI s’est donc fixé comme deuxième priorité l’amitié avec les Juifs. En théorie, c’est gentil comme tout. En pratique, il y a encore un sacré bout de chemin à faire. Et sur ce blog, ce chemin je l’ai fait dès le premier jour et je le poursuivrai jusqu’au bout. Il y a dans l’Eglise des courants de gauche antisionistes et des courants d’extrême-droite antisémites. Et au milieu de tout ça, il y a Benoît XVI.
Je sais qu’au Vatican, ou plutôt au sein de son personnel, c’est un peu le panier de crabes, avec les « pro-ceci » et les « anti-cela ». Mais ce n’est pas parce que son personnel est parfois déficient que je vais cesser d’aimer l’Eglise.
Je suppose ou j’imagine que Benoît XVI essaye de se concentrer sur la priorité mentionnée dans mon point N°1, à savoir l’unité entre les chrétiens. Je ne sais pas comment Benoît XVI, qui n’est plus tout jeune et qui n’a jamais imaginé qu’un jour, le pauvre, il serait pape (il voulait se retirer chez son frère dans sa terre natale, la Bavière), je ne sais pas comment Benoît XVI, écrivais-je, arrive à tenir le coup, jour après jour, quand son entourage ne cesse de lui dire : « il faudrait faire comme ceci » ou « il faudrait faire comme cela » ; « il faudrait faire un pas supplémentaire vers les musulmans » ; « il faudrait faire un pas de plus vers les palestiniens ».
Pour ce qui me concerne, j’ai toujours souhaité – et je souhaite encore – élargir, le travail et le débat des idées, dans le cadre d’une anthropologie judéo-chrétienne de la société libre et laïque. De la société libre, par opposition aux sociétés totalitaires et autoritaires, que celles-ci soient fascistes, nationales-socialistes, communistes ou islamistes.
Dans ce cadre anthropologique judéo-chrétien, je me souviens, par exemple, que dès son arrivée, lundi 11 mai 2009, à l’aéroport Ben Gourion, près de la ville israélienne de Tel Aviv, Benoît XVI, avait aussitôt déclaré, au pied de l’avion, sur le tarmac : « Le peuple juif a tragiquement fait l’expérience des terribles conséquences d’idéologies qui nient la dignité fondamentale de toute personne humaine. Il est juste et opportun que, pendant mon séjour en Israël, je puisse avoir la possibilité d’honorer la mémoire des six millions de Juifs victimes de la Shoah et de prier pour que l’humanité ne soit plus jamais témoin d’un crime d’une telle ampleur. Malheureusement, l’antisémitisme continue de relever la tête en beaucoup d’endroits de notre monde. Ceci est totalement inacceptable. Tous les efforts doivent être faits pour combattre l’antisémitisme où qu’il se manifeste ».
Voilà ce que Benoît XVI avait déclaré le 11 mai 2009, à peine arrivé à l’aéroport Ben Gourion. Nos médias – évidemment – n’avaient pas relayé cela tel que Benoît XVI l’avait déclaré. En revanche, nos médias s’étaient acharnés contre d’autres propos (certes différents, et, même, pour certains d’entre eux, inopportuns) tenus par Benoît XVI lors de son séjour en Israël en mai 2009.
Mais l’essentiel, pour les catholiques, devrait – normalement -, se situer ailleurs. L’essentiel, pour les catholiques, devrait – normalement -, se situer, d’une part, dans l’origine, et d’autre part, dans l’eschatologie, dans le sort ultime de la personne humaine et dans le sort ultime de l’Univers. Concernant l’origine, Saint Bernard, parlant des chrétiens par rapport au judaïsme, a écrit que « les branches (les chrétiens) ne doivent pas être ingrates envers la racine (le judaïsme), les branches ne disputeront pas à la racine la sève qu’elles tiennent d’elle ». Concrètement, l’Eglise reconnaît le lien qui relie les catholiques au judaïsme. Avec Saint Bernard, l’Eglise demande même aux catholiques, je cite Saint Bernard, de ne pas être ingrats envers les Juifs et de se souvenir que c’est du judaïsme que les chrétiens tiennent la sève de leur foi.
L’Eglise catholique a reconnu et reconnaît encore, par des textes écrits, que les prémices de la foi catholique se trouvent dans les patriarches, dans Moïse et dans les prophètes. Saint Jean évangéliste a écrit que « le salut vient des Juifs ». C’est, du reste, la raison pour laquelle, je crois fermement, concernant l’eschatologie, concernant le sort ultime de la personne humaine et de l’Univers, que Dieu aura un seul peuple, Israël et les chrétiens issus des Nations. Dieu jugera le monde et l’Eglise de la même manière que le monde et l’Eglise auront jugé Israël. Et il ne nous appartient pas de juger, par nous-mêmes, sous quelle forme anthropologique, Dieu aura un seul peuple, Israël et les chrétiens issus des Nations, dans les temps eschatologiques.
Mais laissons les temps eschatologiques et revenons au temps présent. Le monde va mal. Il a besoin d’unité. Si quelqu’un veut faire du prosélytisme et de l’évangélisation, je l’invite, avant toute autre forme d’évangélisation, à prier et à exercer son métier. Car depuis qu’il est pape, Ratzinger a rappelé, à de nombreuses reprises, que l’évangélisation se fait d’abord par le travail et la prière ; et non pas d’abord par l’usage de la parole ou par l’écriture (à moins d’être journaliste et essayiste, n’est-ce pas ; auquel cas aussi, il faut prier d’abord et écrire ensuite…). Les grands discours (je fais allusion aux bavards professionnels ; et non pas allusion à Benoît XVI), les grands discours, écrivais-je, cela ne marche qu’un certain temps. Après, les gens se lassent et repartent déçus.
Et si nous voulons de l’œcuménisme, je propose de l’intensifier avec les Juifs et avec les Evangéliques. Plutôt que de nous planter avec les musulmans dans de creux bavardages que les musulmans eux-mêmes qualifient de creux bavardages. Actuellement, l’islam n’est pas disposé au dialogue alliant foi et raison. L’islam actuel s’avère même totalement incapable d’allier foi et raison. La réaction hystérique aux propos – pourtant purement historiques – de Benoît XVI à l’université de Ratisbonne en a témoigné. Du reste, Benoît XVI avait réitéré, en Jordanie, en 2009, son invitation aux musulmans, invitation à combiner foi et raison. Sur ce point, le discours en Jordanie de 2009 n’a pas différé du discours de Ratisbonne et n’a pas différé non plus du discours au Collège des Bernardins.
Cela m’est égal qu’il y ait plus d’un milliard de musulmans et « seulement » quelques millions de Juifs et d’Evangéliques sur terre. Ce n’est pas un motif suffisant pour privilégier le dialogue avec l’islam au détriment du dialogue avec le judaïsme et les communautés évangéliques. Dans le moyen et le long terme, c’est l’amitié judéo-chrétienne qui fera rempart aux islamistes radicaux du Hamas, du Hezbollah, des Frères musulmans, d’Ennahda, d’Al-Qaïda, d’Ahmadinejad, des talibans. Ménager l’islamisme radical, c’est un calcul à court terme. Un calcul qui ne nous créera que des ennuis. Du reste, pour le dialogue avec les musulmans, je note que l’Union Européenne ne dialogue pas avec les intellectuels musulmans réformateurs (ils sont pourtant des centaines et ils attendent toujours notre ouverture au dialogue) ; l’Union Européenne préfère dialoguer avec l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) et avec la Ligue Arabe.
Quant à l’antisionisme (que j’ai abondamment pratiqué dans ma jeunesse…), y compris l’antisionisme catholique français (très conspirationniste), il est une idéologie haineuse qui se drape dans la soi-disant défense des droits de l’homme. Si la France n’est plus antisémite, pourquoi ne le prouve-t-elle pas dans ses actes ? C’est facile de faire mémoire de la Shoah tout en refusant, à demi-mots, aux Juifs leur terre ancestrale.
A cet égard, je rappelle qu’Israël s’est retiré du Sinaï. Qu’Israël s’est retiré du Sud-Liban. Qu’Israël s’est retiré de la Bande de Gaza. Résultat : le Sinaï est un lieu de transit pour les armes qui finissent à Gaza. La Bande de Gaza est une république islamique : le Hamastan. Le Liban, ou plutôt le Hezbollistan, est une enclave iranienne dominée par la légion étrangère et mercenaire du Hezbollah. La Judée et la Samarie sont dominées par des bandes claniques, par des éléments armés du Hamas et par des éléments armés du Fatah. Et « l’Autorité » palestinienne de Mahmoud Abbas en Judée et en Samarie – concrètement sur le terrain – en termes « d’autorité », c’est du pipeau mafieux.
Pour conclure, je note que lorsque nous osons simplement défendre la société libre et laïque de culture judéo-chrétienne, la gauche, l’extrême gauche, l’extrême-droite laïque antisioniste et les islamistes nous accusent de prôner la supériorité de la civilisation chrétienne occidentale, alors que personnellement, j’ai toujours écrit « société libre et laïque de culture judéo-chrétienne » et jamais « civilisation chrétienne occidentale ». Ce mélange d’autisme et de terrorisme intellectuel, à notre encontre, reste pour moi assez hallucinant. Et puis, ce mélange d’autisme et de terrorisme intellectuel, révèle, une disparition lente, mais constante et persistante, de la connaissance. La connaissance rend libre la personne humaine. La disparition de la connaissance rendra la personne humaine esclave.

La zone euro réfléchit à de nouvelles solutions pour la Grèce

Des responsables de la zone euro réfléchissent à de nouvelles solutions destinées à réduire l'endettement de la Grèce, les retards pris par Athènes dans les réformes et la récession sévère qui sévit dans le pays ayant réduit à néant les chances que la République hellénique ramène son ratio d'endettement à 120% de son PIB en 2020.
Une analyse de la soutenabilité de la dette grecque, réalisée en mars par le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne prédit que la dette grecque grimpera à 164% du PIB en 2013 contre 160% en 2012.
Cette analyse part du principe que la récession cessera l'année prochaine, or il est plus que probable que le pays doive une nouvelle fois accuser une diminution de son PIB. Une contraction de 3,8% est prévue et elle se traduirait par un gonflement de l'endettement à 179,3% du PIB.
Dans un entretien accordé au Suddeutsche Zeitung, Jörg Asmussen a déclaré que pour l'heure, tout laissait à penser que le ratio d'endettement de la Grèce serait supérieur à 120% du PIB d'ici 2020.
Pour ramener son ratio à l'objectif voulu, la Grèce pourrait organiser un rachat volontaire de dette, a-t-il dit.
"Il faut réfléchir aux éléments qui pourraient rendre cet objectif possible. L'une des possibilité est un rachat de dette", a dit Jörg Asmussen.
Le financement de l'opération pourrait provenir de la Banque centrale européenne ou du Mécanisme européen de stabilité par exemple, a dit un haut responsable.
Selon lui, pour chaque euro emprunté au MES pourrait réduire l'endettement grec de 1,5 euro, a-t-il dit.
Benoit Coeuré, membre du directoire de la BCE, a de son côté déclaré que l'institution monétaire n'allait pas rééchelonner le remboursement de la dette grecque, une solution préconisée par Athènes.
Un autre responsable européen a dit que si l'emprunt au MES augmenterait en soi l'endettement de la Grèce, il existait d'autres solutions pour le réduire.
"Ce qui changerait le niveau général de l'endettement, serait qu'à un certain niveau, en cas de recapitalisation directe des banques par le Mécanisme européen de stabilité, on pourrait convertir en capital une partie des prêts de la zone euro destinées à la recapitalisation ce qui pourrait aider à réduire l'endettement, mais cela ne pourra pas se produire avant la fin de l'année prochaine", a dit le deuxième responsable.
Le fonds provisoire d'aide à la zone euro, le Fonds européen de stabilité financière (FESF), a déjà prêté 25 milliards d'euros à la Grèce pour qu'elle recapitalise ses banques et 23 autres milliards sont en attente de versement.
Athènes pourrait par ailleurs utiliser les recettes des privatisations pour racheter une partie de sa dette.
Le Fonds monétaire international pousse les gouvernements de la zone euro a restructurer la dette qu'Athènes leur doit, près de 53 milliards d'euros prêtés lors du premier plan d'aide au pays et 14,4 milliards prêtés lors d'un deuxième plan.
La zone euro pourrait encore réduire les taux exigés dans le premier plan d'aide, actuellement fixés à 150 points de base, ou étendre la maturité des prêts ou la durée de la période durant laquelle la Grèce est dispensée de verser les intérêts produits par sa dette.
La restructuration n'est toutefois pas la voie privilégiée par la plupart des Etats de la zone euro.
Pour aider la Grèce à renouer avec la croissance, la zone euro et le FMI discutent d'une proposition visant à donner deux années supplémentaire à Athènes pour dégager un excédent primaire de 4,5% de son PIB, reportant la date butoir à 2016.
Selon Athènes, reporter cette échéance de deux ans coûterait entre 13 et 15 milliards de dollars.
Aucune décision n'a encore été prise.

La « Chinafrique »

La « Chinafrique » 


La France et l’Afrique, c’est l’histoire d’un vieux couple. Et, comme dans tous les vieux couples, brouilles et réconciliations se succèdent.
François Hollande veut enterrer la Françafrique. Sage et bonne résolution, sauf que bien d’autres l’ont dit avant lui, sans y parvenir. Les liens entre les anciennes colonies et la France sont aussi anciens qu’ambigus.
Voici cinquante ans que les pays africains ont déclaré leur indépendance. Mais, comme le proclame une formule restée célèbre, l’indépendance dans l’interdépendance a résisté au temps.
Paris demeure un partenaire privilégié, même si, officiellement en Afrique, il est de bon ton de rejeter son influence, voire de dénoncer le plus fort possible la tentation néocolonialiste de la France. Pourtant, les élites regardent toujours vers l’ancienne métropole et les clandestins rêvent de l’eldorado hexagonal. Les Africains gardent au fond d’eux « une certaine idée de la France ».
Notre pays, au contraire, fourmille d’idées sur l’Afrique. Chaque changement de majorité scrute ce continent à la loupe de son idéologie. Nicolas Sarkozy a voulu mettre fin à la repentance. François Hollande rêve, lui, d’une Afrique émancipée, prenant en main, enfin, son destin. Le président français n’a pas hésité, au nom de ses bons sentiments, à donner une leçon de démocratie à la République démocratique du Congo. Kinshasa a peu apprécié cette ingérence. S’il est un domaine où les pays africains sont sourcilleux, c’est celui du respect de l’indépendance nationale. Au moins officiellement. Il n’est donc pas du tout sûr que la leçon porte ses fruits.
Les Africains sont pragmatiques. Plutôt que d’attendre, en vain, que la France oublie la politique pour se consacrer à l’économie, ils se tournent de plus en plus vers la Chine. Pékin a renoncé à l’exportation du communisme au profit de l’expansion économique. Du nord au sud de l’Afrique, les usines et les grands chantiers chinois poussent allègrement.
Dans le même temps, les Français voient fondre leur pré-carré. C’est la dure loi de la mondialisation. Aux idées préconçues, les Chinois opposent la Realpolitik qui leur réussit bien. La « Chinafrique » est en pleine forme.

ET LA MACHINEAFRIC AUSSI !

Un manque de désir au Parti socialiste

Un manque de désir au Parti socialiste


Un vrai sabotage. Ou plutôt un sabordage. En un an, le PS a réussi à faire disparaître l'enthousiasme - fut-il ambigu - des Primaires. En octobre dernier, près de trois millions de Français s'étaient déplacés pour désigner le candidat socialiste à la présidentielle. Première impulsion d'une dynamique qui allait conduire François Hollande à l'Elysée. Ce jeudi, à peine la moitié des militants - quelque 80 000 personnes - sont allés voter sur les motions devant permettre de désigner le nouveau Premier secrétaire de leur parti. L'arrangement estival entre Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault, autour d'une « motion de soutien à François Hollande » réunissant tous les poids lourds du gouvernement et les éléphants du PS avait certes verrouillé l'issue de ce vote, devenu sans nul autre enjeu... que celui du score obtenu par Harlem Désir. Or, même cet objectif-là n'est pas franchement atteint. Alors que cette motion majoritaire était pronostiquée au départ à 90 %, elle n'atteint pas les 70 % de votants (voire à peine 65 %, par exemple, dans la Somme). A contrario, l'aile gauche du PS - promise à la marginalisation - obtient un honorable 13,4 %, auxquels s'ajoutent les 12 % plus inattendus de la motion des « indignés » de Stéphane Hessel. La direction du PS peut certes tenter de positiver et de voir là une preuve de vivacité dans l'unité - ou l'inverse - c'est bien un Premier secrétaire bien mal élu qui sortira du congrès de Toulouse à la fin du mois. Ce qui n'est pas non plus une bonne nouvelle pour l'Elysée ou Matignon.

Congo : Yamina Benguigui fait (encore) mentir François Hollande

Selon Le Point, les équipes de l’Élysée et du Quai d’Orsay seraient particulièrement « agacées » par Yamina Benguigui, qui avait assuré à François Hollande que Joseph Kabila, le président de la RDC, allait mettre en place des mesures démocratiques dans son pays. Croyant la réalisatrice bling-bling, le président de la république avait programmé un voyage dans ce pays. Un soutien à un régime peu démocratique qui colle mal aux beaux discours moraux des socialistes français.
« Ou elle a survendu son affaire ou elle s’est fait rouler dans la farine », déplorent les collaborateurs de François Hollande cités par Le Point.
En rentrant de son voyage de préparation pour le prochain sommet de la francophonie, en République démocratique du Congo (RDC), Yamina Benguigui prétendait avoir obtenu l’assurance que Kabila lancerait des réformes démocratiques dans son pays avant le sommet. Elle disait notamment qu’il s’était engagé à créer une « commission nationale indépendante des droits de l’homme » et une « commission indépendante en charge de la transparence des élections ».
Ces informations de la grande diplomate Benguigui avait suffit à convaincre le petit ami de Valérie Trierweiler d’organiser un déplacement à Kinshasa pour le sommet de la francophonie.

Les lolos de Benguigui....bien socialistes, non ????
Face à la stagnation de la situation politique du pays, Hollande s’est retrouvé dans une situation embarrassante et n’a pas pu annuler le voyage. Il va donc tout de même se rendre en RDC, mais il a fait raccourcir son séjour. Il ne passera même pas la nuit sur place et assistera uniquement à la cérémonie d’ouverture  du sommet. Une fois de plus, Hollande se sera ridiculisé devant le monde entier.
Même s’il ne s’agit pas du premier reniement de François Hollande, qui a déjà accueilli discrètement plusieurs dictateurs à l’Élysée, cette affaire illustre la pratique d’un parti déconnecté et idéologisé qui pense qu’un beau symbole vaut mieux qu’un bon ministre.
Les observateurs s’interrogent sur la manière dont Kabila a embobinée la ministre : lui aurait -il prêté une esclave pour s’occuper de ses cheveux ? Auquel cas, l’artiste n’aura pas pu résister à une telle attention. Après tout, à chacun sa vision de la démocratie !
On ne va pas revenir sur le caractère de star du cinéma de celle qui estime qu’à « qualité égale, priorité au beur ». Elle est incompétente et déconnectée, ça on le savait. Le problème, c’est que des professionnels de la politique, censés être responsables de notre pays, aient pu nommer une telle femme à un poste de ministre.
Il se murmure que ses heures aux ministère seraient comptées. Il serait temps !!
On a vraiment l’impression d’avoir un gouvernement d’incompétents qui naviguent à vue et qui sont dépassés par la pression et l’ampleur de la tâche.
Le reniement, c’est maintenant !

Argent public : nouveau scandale autour de Yamina Benguigui

Yamina Benguigui, la ministre de la Francophonie, est au cœur d’un énième scandale. Le Canard enchaîné a révélé qu’elle avait exigé de se rendre au Congo avec un Falcon 900 de la république, au lieu de prendre un avion de ligne. Selon les journalistes de l’hebdomadaire, le caprice de la star aurait coûté 140.000 euros au contribuable français.
L’article du Canard enchaîné explique ainsi que Yamina Benguigui « s’est fait tirer les oreilles par l’Élysée » pour avoir utilisé un avion de luxe lors de son déplacement pour le Sommet de la francophonie, qui se tient à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC). Il y est précisé que ce choix inapproprié a couté 140.000 euros.
Selon un « argentier de l’Élysée » cité dans l’article, « les consignes étaient d’utiliser un avion de ligne. Elle est passée outre ». Yamina Benguigui, la grande classe !
Pour défendre la diva, un de ses collaborateurs a déclaré que « la procédure a été respectée à la lettre et validée par Matignon. Et contrairement à ce qu’avance « le Canard », cela n’a pas coûté 140.000 euros mais 88.000 euros ». A bon, si le caprice de Yamina n’a couté que 88.000 euros à l’état, ce n’est pas grave alors ! Après tout, on a les moyens en ce moment…
Pour rappel, en 2010, un ministre de droite avait été débarqué de son poste quelques semaines après s’être fait griller, dans les mêmes circonstances, car il avait emprunté un jet privé pour un montant de 116.000 euros, afin de se rendre en Martinique. On verra si les belles leçons d’exemplarité de François Hollande sont suivies d’effets !
Il s’agit tout de même du troisième couac de Yamina Bengugui autour du Sommet de la francophonie organisé au Congo, après l’affaire de la coiffeuse présente 24/24 à ses côtés aux frais de la princesse et après l’humiliation qu’elle a infligé à François Hollande face à Kabila.
Désormais, on sait à quoi sert la « charte de déontologie » démagogique que Hollande et Ayrault avaient fait signer à leurs ministres afin qu’ils « ne mélangent pas les genres et qu’ils soient exemplaires » : Benguigui l’aurait-elle oubliée dans ses toilettes ?

Face à l’islam, quelle laïcité ?

Je me souviens qu’en 2010, dans la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle, puis dans la basilique de la Sainte Famille à Barcelone, Benoît XVI avait notamment déclaré (extraits adaptés) : La beauté de l’architecture sacrée est la grande nécessité de l’homme. Il est tragique qu’en Europe, surtout au 19e siècle, se soit affirmée et ait été défendue la conviction que Dieu est le rival de l’homme et l’ennemi de sa liberté. Il est nécessaire que Dieu recommence à résonner joyeusement sous le ciel de l’Europe. Avoir soin de Dieu et avoir soin de l’homme : voilà ce que l’Église désire apporter à l’Europe.
En réalité – et cela c’est moi qui l’ajoute – l’Europe vit dans le mensonge. L’Europe fait la part belle aux milieux islamiques, à l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI). L’Europe a peur du terrorisme musulman. L’Europe a peur de perdre le pétrole arabe. L’Europe a peur de ses propres banlieues. Et un jour, l’Europe paiera ses propres peurs très cher.
Pour revenir au pape, en évoquant Antonio Gaudi, architecte chrétien, concepteur de la basilique de la Sainte Famille, Benoît XVI avait insisté sur l’importance de la réconciliation entre la raison et la foi : Gaudi réalisa ce qui est aujourd’hui une des tâches les plus importantes : dépasser la scission entre conscience humaine et conscience chrétienne, entre existence dans ce monde temporel et ouverture à la vie éternelle, entre la beauté des choses et Dieu qui est la Beauté. La consécration de cette église de la Sainte Famille (faite basilique par Benoît XVI), à une époque où l’homme prétend édifier sa vie en tournant le dos à Dieu, comme s’il n’avait plus rien à lui dire, est un événement de grande signification. Par son œuvre, Gaudi nous montre que Dieu est la vraie mesure de l’homme, que le secret de la véritable originalité consiste, comme il le disait, à revenir à l’origine qui est Dieu, avait conclu Benoît XVI.
A cet égard, j’aimerais rappeler ici que l’anthropologie chrétienne (c’est à dire, la philosophie chrétienne et la théologie catholique, combinées, dans l’étude de la personne humaine), cette anthropologie est essentiellement forgée par celles et ceux que l’Eglise appelle les saintes et les saints. Avec, par exemple, saint Jean évangéliste, saint Bernard, sainte Catherine de Sienne et saint Thomas d’Aquin, les catholiques ont toute la littérature catholique nécessaire pour s’apercevoir que primo, le christianisme est issu du judaïsme ; et secundo, que contrairement au judaïsme et au christianisme, tous deux issus de la bible, l’islam, lui, dès sa naissance au 7e siècle, n’est issu que de Mahomet et du coran.
Or, les athées et les agnostiques sont également en mesure de constater qu’en termes anthropologiques, Mahomet et le coran n’arrivent pas à la cheville de la bible, à la cheville des Prophètes d’Israël, à la cheville de David et ses Psaumes, à la cheville des écrits de saint Jean évangéliste, de saint Bernard, de sainte Catherine de Sienne, saint Augustin et de saint Thomas d’Aquin. En fait, que l’on soit croyant ou pas, l’intelligence suffit pour constater que le coran est une livre assez dérisoire en comparaison de la bible et en comparaison des écrits des Prophètes d’Israël, des saintes et des saints. Il est vrai qu’une partie du clergé catholique, notamment en France et au Moyen Orient, semble avoir un degré de culture, de connaissance, de foi et d’intelligence, degré soit très limité, degré soit très infesté par le désir de plaire – à n’importe quel prix – aux représentants et dirigeants musulmans.
Pour ce qui concerne Benoît XVI, il me faudrait un long article pour tenter d’expliquer, même brièvement, sa pensée et sa position. Je crois que sur le fond, Benoît XVI est conscient du désastre annoncé, qui se prépare, avec l’idéologie islamiste. Cela mis à part, en dehors de ses écrits strictement théologiques et philosophiques, ce que le Pape dit et lit, est, souvent, écrit, par d’autres que lui, par d’autres membres de la Curie romaine. Car le pape est sollicité 10 fois par jour, 7 jours sur 7, pour recevoir quelqu’un et lui adresser quelques mots.
En résumé, il faut distinguer le dogmatique et le pastoral. Par exemple, le Concile Vatican II était pastoral et non dogmatique. Détail intéressant : le plus important texte dogmatique catholique, c’est le « Credo », le « Je crois en Dieu ». Or, ce Credo ne dit rien qui ne sorte du catholicisme. Ce que je veux dire par-là, c’est que les propos judéophobes et islamophiles ne tiennent pas la route au plan philosophique. Car le « Credo » ne demande ni de repousser les Juifs, ni d’embrasser les mahométans. En fait, d’un point de vue philosophique catholique, le peuple juif a participé et participera jusqu’à la fin des temps au plan divin. Les saintes et les saints l’ont dit et écrit. Ceux qui disent le contraire, ceux qui sont judéophobes et islamophiles sont tout simplement des idiots.
Toujours à propos de Benoît XVI, pour faire court, voici ce que je crois savoir : 1- Benoît XVI s’est fixé comme priorité l’unité. On peut aimer ou pas. Mais il a choisi l’unité. Avec qui ? Avec tous les catholiques. Avec les orthodoxes. Avec les anglicans. Avec les réformés, protestants, évangéliques. 2- Avec cela, il est vrai que l’amitié envers les Juifs, passe non pas avant, mais après l’unité que je viens d’expliciter. Benoît XVI s’est donc fixé comme deuxième priorité l’amitié avec les Juifs. En théorie, c’est gentil comme tout. En pratique, il y a encore un sacré bout de chemin à faire. Et sur ce blog, ce chemin je l’ai fait dès le premier jour et je le poursuivrai jusqu’au bout. Il y a dans l’Eglise des courants de gauche antisionistes et des courants d’extrême-droite antisémites. Et au milieu de tout ça, il y a Benoît XVI.
Je sais qu’au Vatican, ou plutôt au sein de son personnel, c’est un peu le panier de crabes, avec les « pro-ceci » et les « anti-cela ». Mais ce n’est pas parce que son personnel est parfois déficient que je vais cesser d’aimer l’Eglise.
Je suppose ou j’imagine que Benoît XVI essaye de se concentrer sur la priorité mentionnée dans mon point N°1, à savoir l’unité entre les chrétiens. Je ne sais pas comment Benoît XVI, qui n’est plus tout jeune et qui n’a jamais imaginé qu’un jour, le pauvre, il serait pape (il voulait se retirer chez son frère dans sa terre natale, la Bavière), je ne sais pas comment Benoît XVI, écrivais-je, arrive à tenir le coup, jour après jour, quand son entourage ne cesse de lui dire : « il faudrait faire comme ceci » ou « il faudrait faire comme cela » ; « il faudrait faire un pas supplémentaire vers les musulmans » ; « il faudrait faire un pas de plus vers les palestiniens ».
Pour ce qui me concerne, j’ai toujours souhaité – et je souhaite encore – élargir, le travail et le débat des idées, dans le cadre d’une anthropologie judéo-chrétienne de la société libre et laïque. De la société libre, par opposition aux sociétés totalitaires et autoritaires, que celles-ci soient fascistes, nationales-socialistes, communistes ou islamistes.
Dans ce cadre anthropologique judéo-chrétien, je me souviens, par exemple, que dès son arrivée, lundi 11 mai 2009, à l’aéroport Ben Gourion, près de la ville israélienne de Tel Aviv, Benoît XVI, avait aussitôt déclaré, au pied de l’avion, sur le tarmac : « Le peuple juif a tragiquement fait l’expérience des terribles conséquences d’idéologies qui nient la dignité fondamentale de toute personne humaine. Il est juste et opportun que, pendant mon séjour en Israël, je puisse avoir la possibilité d’honorer la mémoire des six millions de Juifs victimes de la Shoah et de prier pour que l’humanité ne soit plus jamais témoin d’un crime d’une telle ampleur. Malheureusement, l’antisémitisme continue de relever la tête en beaucoup d’endroits de notre monde. Ceci est totalement inacceptable. Tous les efforts doivent être faits pour combattre l’antisémitisme où qu’il se manifeste ».
Voilà ce que Benoît XVI avait déclaré le 11 mai 2009, à peine arrivé à l’aéroport Ben Gourion. Nos médias – évidemment – n’avaient pas relayé cela tel que Benoît XVI l’avait déclaré. En revanche, nos médias s’étaient acharnés contre d’autres propos (certes différents, et, même, pour certains d’entre eux, inopportuns) tenus par Benoît XVI lors de son séjour en Israël en mai 2009.
Mais l’essentiel, pour les catholiques, devrait – normalement -, se situer ailleurs. L’essentiel, pour les catholiques, devrait – normalement -, se situer, d’une part, dans l’origine, et d’autre part, dans l’eschatologie, dans le sort ultime de la personne humaine et dans le sort ultime de l’Univers. Concernant l’origine, Saint Bernard, parlant des chrétiens par rapport au judaïsme, a écrit que « les branches (les chrétiens) ne doivent pas être ingrates envers la racine (le judaïsme), les branches ne disputeront pas à la racine la sève qu’elles tiennent d’elle ». Concrètement, l’Eglise reconnaît le lien qui relie les catholiques au judaïsme. Avec Saint Bernard, l’Eglise demande même aux catholiques, je cite Saint Bernard, de ne pas être ingrats envers les Juifs et de se souvenir que c’est du judaïsme que les chrétiens tiennent la sève de leur foi.
L’Eglise catholique a reconnu et reconnaît encore, par des textes écrits, que les prémices de la foi catholique se trouvent dans les patriarches, dans Moïse et dans les prophètes. Saint Jean évangéliste a écrit que « le salut vient des Juifs ». C’est, du reste, la raison pour laquelle, je crois fermement, concernant l’eschatologie, concernant le sort ultime de la personne humaine et de l’Univers, que Dieu aura un seul peuple, Israël et les chrétiens issus des Nations. Dieu jugera le monde et l’Eglise de la même manière que le monde et l’Eglise auront jugé Israël. Et il ne nous appartient pas de juger, par nous-mêmes, sous quelle forme anthropologique, Dieu aura un seul peuple, Israël et les chrétiens issus des Nations, dans les temps eschatologiques.
Mais laissons les temps eschatologiques et revenons au temps présent. Le monde va mal. Il a besoin d’unité. Si quelqu’un veut faire du prosélytisme et de l’évangélisation, je l’invite, avant toute autre forme d’évangélisation, à prier et à exercer son métier. Car depuis qu’il est pape, Ratzinger a rappelé, à de nombreuses reprises, que l’évangélisation se fait d’abord par le travail et la prière ; et non pas d’abord par l’usage de la parole ou par l’écriture (à moins d’être journaliste et essayiste, n’est-ce pas ; auquel cas aussi, il faut prier d’abord et écrire ensuite…). Les grands discours (je fais allusion aux bavards professionnels ; et non pas allusion à Benoît XVI), les grands discours, écrivais-je, cela ne marche qu’un certain temps. Après, les gens se lassent et repartent déçus.
Et si nous voulons de l’œcuménisme, je propose de l’intensifier avec les Juifs et avec les Evangéliques. Plutôt que de nous planter avec les musulmans dans de creux bavardages que les musulmans eux-mêmes qualifient de creux bavardages. Actuellement, l’islam n’est pas disposé au dialogue alliant foi et raison. L’islam actuel s’avère même totalement incapable d’allier foi et raison. La réaction hystérique aux propos – pourtant purement historiques – de Benoît XVI à l’université de Ratisbonne en a témoigné. Du reste, Benoît XVI avait réitéré, en Jordanie, en 2009, son invitation aux musulmans, invitation à combiner foi et raison. Sur ce point, le discours en Jordanie de 2009 n’a pas différé du discours de Ratisbonne et n’a pas différé non plus du discours au Collège des Bernardins.
Cela m’est égal qu’il y ait plus d’un milliard de musulmans et « seulement » quelques millions de Juifs et d’Evangéliques sur terre. Ce n’est pas un motif suffisant pour privilégier le dialogue avec l’islam au détriment du dialogue avec le judaïsme et les communautés évangéliques. Dans le moyen et le long terme, c’est l’amitié judéo-chrétienne qui fera rempart aux islamistes radicaux du Hamas, du Hezbollah, des Frères musulmans, d’Ennahda, d’Al-Qaïda, d’Ahmadinejad, des talibans. Ménager l’islamisme radical, c’est un calcul à court terme. Un calcul qui ne nous créera que des ennuis. Du reste, pour le dialogue avec les musulmans, je note que l’Union Européenne ne dialogue pas avec les intellectuels musulmans réformateurs (ils sont pourtant des centaines et ils attendent toujours notre ouverture au dialogue) ; l’Union Européenne préfère dialoguer avec l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) et avec la Ligue Arabe.
Quant à l’antisionisme (que j’ai abondamment pratiqué dans ma jeunesse…), y compris l’antisionisme catholique français (très conspirationniste), il est une idéologie haineuse qui se drape dans la soi-disant défense des droits de l’homme. Si la France n’est plus antisémite, pourquoi ne le prouve-t-elle pas dans ses actes ? C’est facile de faire mémoire de la Shoah tout en refusant, à demi-mots, aux Juifs leur terre ancestrale.
A cet égard, je rappelle qu’Israël s’est retiré du Sinaï. Qu’Israël s’est retiré du Sud-Liban. Qu’Israël s’est retiré de la Bande de Gaza. Résultat : le Sinaï est un lieu de transit pour les armes qui finissent à Gaza. La Bande de Gaza est une république islamique : le Hamastan. Le Liban, ou plutôt le Hezbollistan, est une enclave iranienne dominée par la légion étrangère et mercenaire du Hezbollah. La Judée et la Samarie sont dominées par des bandes claniques, par des éléments armés du Hamas et par des éléments armés du Fatah. Et « l’Autorité » palestinienne de Mahmoud Abbas en Judée et en Samarie – concrètement sur le terrain – en termes « d’autorité », c’est du pipeau mafieux.
Pour conclure, je note que lorsque nous osons simplement défendre la société libre et laïque de culture judéo-chrétienne, la gauche, l’extrême gauche, l’extrême-droite laïque antisioniste et les islamistes nous accusent de prôner la supériorité de la civilisation chrétienne occidentale, alors que personnellement, j’ai toujours écrit « société libre et laïque de culture judéo-chrétienne » et jamais « civilisation chrétienne occidentale ». Ce mélange d’autisme et de terrorisme intellectuel, à notre encontre, reste pour moi assez hallucinant. Et puis, ce mélange d’autisme et de terrorisme intellectuel, révèle, une disparition lente, mais constante et persistante, de la connaissance. La connaissance rend libre la personne humaine. La disparition de la connaissance rendra la personne humaine esclave.

Le mythe de la Grande crise

En 2014, il sera moins question de Grande crise, cette apocalypse du capitalisme redoutée par certains mais que d'autres désirent pour le remplacer par on ne sait d'ailleurs quoi.
En économie, prévoir à long terme - disons sur trois à cinq ans - est plus facile que d'annoncer le taux de croissance de l'année qui vient. Ce qui devrait se comprendre sans trop de peine. Dans la relative longue durée, la croissance est à peu près inévitable parce qu'elle obéit à des ressorts profonds. Le premier est l'innovation technique et scientifique : celle-ci est un processus cumulatif qui conduit de manière quasi nécessaire à de futurs produits et services. Il se trouve qu'en raison du ralentissement économique des quatre dernières années, se sont additionnées dans les laboratoires d'Amérique du Nord, du Japon et de l'Europe, quantité de novations qui vont changer notre vie, en particulier dans nos modes de soins, de communiquer, de nous déplacer, d'habiter. Une autre découverte va réduire considérablement les coûts de production industriels en Amérique du Nord et en Europe, la généralisation de la production de gaz naturel par fracturation des roches : l'Amérique du Nord est aujourd'hui à la veille de son indépendance énergétique et l'Europe pourrait le devenir. Ceci conduira à une ré-industrialisation de nos "vieux" continents.
Les innovations activent la croissance de long terme à condition que des entrepreneurs prennent le relais des savants : or, la planète n'a jamais connu une telle masse d'entrepreneurs parce que toutes les nations, ou presque, Afrique et monde arabe inclus, se sont ralliées à l'économie de marché : il est dorénavant permis d'entreprendre partout. Cette combinaison de la science et du capitalisme est une force de développement économique irrésistible dont on ne voit pas ce qui pourrait l'interrompre. Il faudrait une catastrophe naturelle, brutale et imprévisible par définition : même un hypothétique réchauffement climatique susciterait un surcroît d'investissement capable d'en contenir les effets.
Le court terme est, en revanche, plus aléatoire. Il est le champ des paris qui garantissent la fortune ou la ruine des spéculateurs, financiers, économistes à tendance prophétique, pseudo experts gouvernementaux ou du FMI (à quoi sert le FMI ? Mystère...). Le court terme répond à des impulsions politiques et psychologiques difficilement quantifiables. Ainsi, aux États-Unis, les entrepreneurs attendent les résultats des élections présidentielles et sénatoriales dont dépendront leurs coûts de production futurs, masse salariale avec ou sans assurance, exploitation massive ou non des énergies fossiles locales. Mais, quel que soit le résultat, ces entrepreneurs s'adapteront, ils recommenceront à investir et à tirer la croissance mondiale. La situation est comparable en Europe : les anxiétés majeures sur l'Euro se dissipent mais le cadre légal et politique de l'économie future reste flou. Donc on attend : à la fois les consommateurs, les épargnants et les investisseurs, avant de s'aventurer. L'incertitude politique règne aussi en Chine, en Corée du Sud, au Japon et au Brésil : elle devrait se dissiper dans les prochains mois.
Par une coïncidence extraordinaire, tous les pays moteurs de la croissance mondiale, au début de l'année prochaine, devraient être dotés de gouvernements nouveaux et de stratégies économiques claires. On en conclura que les entrepreneurs retrouveront alors leur dynamisme naturel. Les banques suivront : dans le long terme, pour elles aussi,  il est plus rémunérateur de financer des investissements privés que d'acheter des Bons du Trésor à taux faible, ce qui est leur pratique actuelle dictée par l'angoisse du lendemain.
On n'en trompettera pas que la croissance sera forte en 2014, parce qu'il faudra du temps pour remettre en route les investissements et plus encore recruter du personnel. Disons qu'en 2014, il sera moins question de Grande crise, cette apocalypse du capitalisme redoutée par certains mais que d'autres désirent pour le remplacer par on ne sait d'ailleurs quoi.

TVA sur les cadavres : Bercy pense à tout !

Les prestations de transport de voyageurs bénéficient d’un taux de TVA réduit. Mais pour Bercy les cadavres sont-ils des voyageurs ?
Les prestations de transport de voyageurs bénéficient d’un taux de TVA réduit. À l’origine, l’administration fiscale avait donc conclu que le transport du corps lors d’un convoi funéraire devait lui aussi bénéficier de ce taux réduit.
Soucieux d’éviter les accusations de rigidité cadavérique, le fisc a donc préféré donner au défunt le statut de voyageur (vers sa dernière demeure ?) plutôt que celui de marchandise transportée, taxée, elle, à 19,6%.

Mais, le fisc rappela par la suite que sa générosité avait ses limites, y compris en matière de macchabées.
En effet, le Conseil d’État ayant interprété l’instruction de l’administration comme accordant le taux réduit, que le corps soit transporté par véhicule ou par porteur, Bercy réagit en précisant que la TVA au taux réduit se bornait au cadavre convoyé par véhicule, excluant de la mesure le corps porté à bout de bras !
L’inhumation est taxée plein pot
L’administration a même exposé avec force détails les conditions que devait remplir le trépassé pour optimiser fiscalement son enterrement :
Seules les prestations de transport de corps, avant (donc, pas besoin de cercueil…) et après mise en bière, réalisées par les prestataires agréés (pas question de se faire enterrer par n’importe qui…) au moyen de véhicules spécialement aménagés à cet effet sont soumises au taux réduit.
Attention, le corps doit en être un ! Ainsi, le fisc rappelle que la dispersion des cendres sera taxée au taux normal de 19,6%. De même, le taux réduit s’arrête à la descente du corbillard : l’inhumation elle-même sera donc taxée plein pot, de même que l’exhumation éventuelle.
Cela dit, le fisc français n’a pas craint, au risque de contrevenir à la laïcité d’État, de prévoir explicitement l’extension du taux réduit aux transports des personnes réalisés pendant la cérémonie dans des voitures du clergé (sic)…
D'Olivier Bertaux vous pourrez lire l'excellent Au nom du fisc, enquête au pays de l'impôt.

Travail forcé et servitude : l'Europe sanctionne le droit français

La servitude existe encore, même sur le territoire français, de manière souterraine et dans une relative indifférence. La Cour européenne, dans un arrêt C.N. et V. du 11 octobre 2012 vient nous le rappeler.
La servitude, communément assimilée à l'esclavage, est souvent perçue, dans notre société, comme l'objet de ce devoir de mémoire, si souvent invoqué. Elle relève d'un passé coupable, d'une époque heureusement révolue, grâce au célèbre décret Schoelcher de 1848 qui l'a définitivement abolie. Le problème est que la servitude existe encore, et pas seulement dans quelques États défaillants. Elle existe sur le territoire français, de manière souterraine et dans une relative indifférence. La Cour européenne, dans un arrêt C.N. et V. du 11 octobre 2012 vient nous le rappeler.
Esclavage ordinaire à Ville d'Avray

Mme C.N. et Mme V. sont deux sœurs, de nationalité française, nées au Burundi, respectivement en 1978 et 1984. Leurs parents ayant été tués durant  la guerre civile intervenue dans ce pays en 1993, un conseil de famille décide de les confier à leur oncle et tante, M. et Mme M. Ces derniers, de nationalité burundaise, résident en France, et M. M., ancien ministre du gouvernement burundais, est désormais fonctionnaire à l'Unesco. Arrivées en France, l'une en 1994 à l'âge de seize ans, et l'autre en 1995 à l'âge de dix ans, les deux sœurs logent dans la maison de leur oncle, à Ville d'Avray. Elles couchent dans une cave non aménagée et mal chauffée, n'ont pas accès à une salle de bain, et ne partagent pas les repas de la famille qui compte sept enfants. L'aînée est employée comme "bonne à tout faire" sans aucune rétribution ni jour de repos. La cadette était scolarisée, mais devait se rendre au collège à pied et ne pouvait manger à la cantine. En 1995, le service départemental d'action sociale des Hauts de Seine procède à un signalement d'enfants en danger auprès du procureur, dossier qui fut classé sans suite après enquête de la brigade des mineurs. Il est vrai que le statut diplomatique de M. M. faisait alors obstacle à une enquête sérieuse.
Indulgence des juges 
C'est seulement en 1999 que les deux sœurs parviennent à s'enfuir, pour rejoindre l'association Enfance et Partage. Le parquet de Nanterre ouvre une enquête, et obtient du directeur général de l'Unesco la levée de l'immunité de juridiction de M. M. Après avoir multiplié les recours pendant six années, à la fois sur la question de l'immunité et sur une première ordonnance de non-lieu partiel, les époux M. sont enfin jugés par le tribunal correctionnel le 17 septembre 2007, pour avoir soumis des personnes vulnérables à des conditions de travail et d'hébergement indignes. M. M. est condamné à douze mois d'emprisonnement, Mme M. à quinze mois, car elle est aussi poursuivie pour violences aggravées. Tous deux bénéficient du sursis. À cela s'ajoute une amende de 10 000 € et 24 000 € de dommages intérêts. Cette condamnation, bien légère, est largement atténuée par la Cour d'appel de Versailles le 29 juin 2009. Elle estime que les conditions de vie des jeunes filles étaient certes "mauvaises, inconfortables et blâmables", mais qu'elle n'emportaient pas réellement d'atteinte à leur dignité. Ne subsiste donc que la condamnation pour violence aggravée à l'égard de Mme M., qui se traduit par une amende de 1500 €. Cette décision est ensuite confirmée par la Cour de cassation, le 23 juin 2010.
Victimes du principe de non rétroactivité
Observons que les jeunes requérantes sont les victimes directes des époux M., et indirectes du principe de non rétroactivité. À la suite de différentes affaires d'esclavage domestique, la loi du 18 mars 2003 a en effet ajouté au Code pénal un article 225-13 qui punit "le fait d'obtenir d'une personne, dont la vulnérabilité ou l'état de dépendance sont apparents ou connus de l'auteur, la fourniture de services non rétribués ou en échange d'une rétribution manifestement sans rapport avec l'importance du travail accompli". Cette infraction est assortie d'une peine particulièrement lourde, de cinq ans d'emprisonnement et de 150 000 Euros d'amende.
Le problème est que les époux M. ne peuvent être condamnés sur ce fondement, puisque les faits de l'espèce sont antérieurs à 2003. On peut néanmoins s'étonner que les juges n'aient pas utilisé l'arsenal juridique à leur disposition  (atteinte à la dignité de la personne, abus de faiblesse...) pour prononcer des peines un peu en plus en rapport avec les exigences de la nouvelle législation.
Heureusement pour l’État de droit, les jeunes victimes, soutenues par Enfance et Partage, n'ont pas abandonné le combat et sont allées devant la Cour européenne. Celle-ci se fonde directement sur l'article 4 de la Convention européenne qui sanctionne "l'esclavage et le travail forcé" (al. 2) ainsi que la "servitude" (al. 1).
Travail forcé et servitude
La Cour définit le travail forcé comme celui exigé "sous la menace d'une peine quelconque"et contraire à la volonté de l'intéressé. Tel est bien le cas en l'espèce, notamment pour l'aînée des deux sœurs, contrainte à des travaux dont la difficulté et le volume dépassent largement ceux qu'il est possible de demander à des enfants, dans le cadre d'une vie familiale. Les deux sœurs étaient d'ailleurs menacées d'être renvoyées au Burundi si elles n'exécutaient pas les corvées qui leur étaient imposées.
Au-delà du simple "travail forcé" (al. 2) , la Cour européenne estime que la situation des deux sœurs s'analyse comme une "servitude" (al. 1). En effet, la servitude peut être définie comme une situation de travail forcé, dans laquelle l'intéressé se trouve dans l'impossibilité de changer sa condition. Tel était le cas en l'espèce, dès lors que les deux sœurs étaient convaincues qu'elles seraient en situation irrégulière si elles quittaient le domicile de M. M. et qu'elles ne pourraient jamais travailler à l'extérieur, faute d'une formation professionnelle adéquate.
À partir de faits identiques, les juges français condamnaient pour violences, et la Cour européenne se fonde sur la servitude.
Servitude et esclavage
Aux yeux de la Cour, la servitude se distingue néanmoins de l'esclavage. Dans un article Siliadin c. France du 25 juillet 2005, à propos d'une jeune Togolaise de quinze ans contrainte de travailler dans une famille sans aucun jour de congé, ses papiers lui ayant été confisqués, la Cour a estimé qu'il n'y avait pas esclavage, car ses employeurs n'exerçaient pas sur elle un véritable droit de propriété. En revanche, une relation de servitude lui était imposée, ce qui suffit à fonder une violation de l'article 4.
Dès lors, le droit français de l'époque ne permettait pas de lutter efficacement contre la servitude, puisqu'aucune infraction spécifique ne figurait dans le Code pénal. La Cour fait d'ailleurs observer que le parquet n'a pas fait de recours en cassation contre la relaxe de M. M. par la Cour d'appel, ce qui montre, à ses yeux, une certaine négligence des autorités judiciaires françaises dans ce type d'affaire. C'est cette négligence qui est sanctionnée, par une satisfaction équitable évaluée à 30 000 €.
Satisfaction équitable, certes, et les deux requérantes sont justement indemnisée d'un préjudice incontestable. Reste que les auteurs des mauvais traitements ont bénéficié d'une réelle mansuétude, et ne seront plus poursuivis. Alors que bon nombre d'auteurs d'infractions sont cloués au pilori par la presse, ceux-là bénéficient d'un anonymat tout à fait exceptionnel. Et si les victimes révélaient le nom de ceux qui les ont tenues en servitude, en attendant ensuite, avec sérénité, une éventuelle plainte en diffamation ?

Les vignerons ne veulent pas de châteaux en Amérique

L'interdiction des importations de vins américains étiquetés "château" pourrait être levée par la Commission européenne. Dans le Bordelais, la nouvelle est difficile à avaler.
Lorsque Dominique Haverlan colle ses étiquettes "Vieux Château Gaubert" sur ses bouteilles, voilà ce qu'il promet à ses clients : quatre cents ans de patrimoine français, le fruit de 35 hectares de vignes cultivés avec des soins de mère à l'ombre de bâtiments palladiens restaurés pour près de deux millions de dollars [1,54 millions d'euros] et le glorieux héritage vigneron du plateaux de Graves, dans la région de Bordeaux.
Dès lors, se demande Haverlan, comment des vignerons américains pourraient-ils revendiquer le droit d'écrire "château" sur leurs vins du Nouveau Monde ? Quels châteaux ? Ils ont des châteaux, en Amérique ? Le mot lui-même est français, fait-il observer, et le vieux château Gaubert, anciennement Le Bordillot, se dressait déjà quand l'Amérique n'existait pas. Comment les marchands américains peuvent-ils donc prétendre vendre de tels vins en Europe? Pire encore : en France, et peut-être même dans le Bordelais !?

"Ils veulent nous voler notre réputation"
De fait, la Commission européenne étudie la possibilité de lever l'interdiction sur les importations de vins américains étiquetés "château" ou "clos" (terme plus souvent utilisé en Bourgogne, où la vigne était traditionnellement travaillée par les moines). Le Comité de gestion de l'Organisation commune des marchés (OCM unique) devrait rendre sa décision ce 25 septembre. Celle-ci sera ensuite soumise à la Commission européenne qui, compte tenu de l'actuel mouvement pro-mondialisation en Europe, a de bonnes chances de l'approuver. "Ils essaient de nous voler notre réputation, s'indigne Haverlan en arpentant ses terres inondées de soleil. Les vrais châteaux ne sont certainement pas aux Etats-Unis".
La protection de l'appellation "château" sur les bouteilles de vin n'est qu'un chapitre parmi d'autres dans le long combat entre tradition et mondialisation. Dans tout le pays, les artisans et les agriculteurs se battent pour préserver la valeur d'un héritage vieux de plusieurs siècles – l'excellence du fromage, la perfection de la robe – face à l'invasion de mauvaises imitations tout juste débarquées d'un conteneur. Alors que les frontières disparaissent et que le commerce se désintéresse de plus en plus de l'origine des produits, leur voix peine de plus en plus à se faire entendre.
En 2011, les Français ont consommé en moyenne 46,1 litres de vin par personne. Ce secteur emploie près de 50 000 personnes, soit une part non négligeable de l'économie dans un pays où le chômage atteint les 10%. Les exportations représentent presque neuf milliards de dollars [près de 7 milliards d'euros] et contribuent rééquilibrer le solde d'une balance commerciale largement déficitaire. Le prestige des vins de Bordeaux attire depuis longtemps les étrangers.
Des Britanniques fortunés viennent acheter des châteaux dans le Bordelais depuis le 19e siècle, et même avant. Sont venus par la suite de riches Américains, puis des Japonais, dans les années 70. Aujourd'hui, c'est au tour des Chinois. Ils ont rachété une trentaine de châteaux dans la région de Bordeaux (qui en compte 7 400) au cours des trois dernières années.
Une querelle vieille de plusieurs années
Le problème n'est pas que des étrangers achètent des propriétés, souligne toutefois Haverlan. Cela aussi fait partie de la tradition bordelaise. Le problème est qu'en France, l'appellation "château" se rattache à une définition précise à laquelle les vins américains ne correspondent pas. Selon la réglementation française, seul un vin produit sur place et à partir des vignes de la propriété peut porter l'appellation "château".
La querelle sur l'étiquetage des vins américains remonte à plusieurs années. En 2006, les producteurs américains ont obtenu une dérogation de trois ans à l'interdiction d'exporter leurs "châteaux" en Europe. En contrepartie, les autorités américaines s'engageaient à lutter contre l'utilisation abusive d'appellations comme "Bourgogne", "Chablis" ou "Champagne" pour des breuvages produits très loin de ces régions françaises.
Voyant que les vignerons américains continuaient d'utiliser ces étiquetages, les autorités européennes ont décidé de mettre un terme à cette dérogation en 2009. Depuis, les Etats-Unis s'efforcent d'obtenir une nouvelle levée de l'interdiction pour leurs vins de "châteaux". Ils ont renouvelé leur demande à l'occasion d'une révision de la réglementation européenne sur les importations et les exportations de vins qui, sans cela, se serait déroulée dans la discrétion feutrée de la bureaucratie bruxelloise.


Lorsque Dominique Haverlan colle ses étiquettes "Vieux Château Gaubert" sur ses bouteilles, voilà ce qu'il promet à ses clients : quatre cents ans de patrimoine français, le fruit de 35 hectares de vignes cultivés avec des soins de mère à l'ombre de bâtiments palladiens restaurés pour près de deux millions de dollars [1,54 millions d'euros] et le glorieux héritage vigneron du plateaux de Graves, dans la région de Bordeaux.
Dès lors, se demande Haverlan, comment des vignerons américains pourraient-ils revendiquer le droit d'écrire "château" sur leurs vins du Nouveau Monde ? Quels châteaux ? Ils ont des châteaux, en Amérique ? Le mot lui-même est français, fait-il observer, et le vieux château Gaubert, anciennement Le Bordillot, se dressait déjà quand l'Amérique n'existait pas. Comment les marchands américains peuvent-ils donc prétendre vendre de tels vins en Europe? Pire encore : en France, et peut-être même dans le Bordelais !?
"Ils veulent nous voler notre réputation"
De fait, la Commission européenne étudie la possibilité de lever l'interdiction sur les importations de vins américains étiquetés "château" ou "clos" (terme plus souvent utilisé en Bourgogne, où la vigne était traditionnellement travaillée par les moines). Le Comité de gestion de l'Organisation commune des marchés (OCM unique) devrait rendre sa décision ce 25 septembre. Celle-ci sera ensuite soumise à la Commission européenne qui, compte tenu de l'actuel mouvement pro-mondialisation en Europe, a de bonnes chances de l'approuver. "Ils essaient de nous voler notre réputation, s'indigne Haverlan en arpentant ses terres inondées de soleil. Les vrais châteaux ne sont certainement pas aux Etats-Unis".
La protection de l'appellation "château" sur les bouteilles de vin n'est qu'un chapitre parmi d'autres dans le long combat entre tradition et mondialisation. Dans tout le pays, les artisans et les agriculteurs se battent pour préserver la valeur d'un héritage vieux de plusieurs siècles – l'excellence du fromage, la perfection de la robe – face à l'invasion de mauvaises imitations tout juste débarquées d'un conteneur. Alors que les frontières disparaissent et que le commerce se désintéresse de plus en plus de l'origine des produits, leur voix peine de plus en plus à se faire entendre.
En 2011, les Français ont consommé en moyenne 46,1 litres de vin par personne. Ce secteur emploie près de 50 000 personnes, soit une part non négligeable de l'économie dans un pays où le chômage atteint les 10%. Les exportations représentent presque neuf milliards de dollars [près de 7 milliards d'euros] et contribuent rééquilibrer le solde d'une balance commerciale largement déficitaire. Le prestige des vins de Bordeaux attire depuis longtemps les étrangers.
Des Britanniques fortunés viennent acheter des châteaux dans le Bordelais depuis le 19e siècle, et même avant. Sont venus par la suite de riches Américains, puis des Japonais, dans les années 70. Aujourd'hui, c'est au tour des Chinois. Ils ont rachété une trentaine de châteaux dans la région de Bordeaux (qui en compte 7 400) au cours des trois dernières années.
Une querelle vieille de plusieurs années
Le problème n'est pas que des étrangers achètent des propriétés, souligne toutefois Haverlan. Cela aussi fait partie de la tradition bordelaise. Le problème est qu'en France, l'appellation "château" se rattache à une définition précise à laquelle les vins américains ne correspondent pas. Selon la réglementation française, seul un vin produit sur place et à partir des vignes de la propriété peut porter l'appellation "château".
La querelle sur l'étiquetage des vins américains remonte à plusieurs années. En 2006, les producteurs américains ont obtenu une dérogation de trois ans à l'interdiction d'exporter leurs "châteaux" en Europe. En contrepartie, les autorités américaines s'engageaient à lutter contre l'utilisation abusive d'appellations comme "Bourgogne", "Chablis" ou "Champagne" pour des breuvages produits très loin de ces régions françaises.
Voyant que les vignerons américains continuaient d'utiliser ces étiquetages, les autorités européennes ont décidé de mettre un terme à cette dérogation en 2009. Depuis, les Etats-Unis s'efforcent d'obtenir une nouvelle levée de l'interdiction pour leurs vins de "châteaux". Ils ont renouvelé leur demande à l'occasion d'une révision de la réglementation européenne sur les importations et les exportations de vins qui, sans cela, se serait déroulée dans la discrétion feutrée de la bureaucratie bruxelloise.

“Même le camembert a perdu sa saveur”

 C’est bien connu, les Français adorent se plaindre. Mais, en cette rentrée, ça frôle la pathologie, constate ce correspondant italien. Au cinéma, dans les livres, à la radio, un seul leitmotiv : la déprime.

Nicolas Sarkozy voulait une “France forte”, Hollande avait promis de “réenchanter le rêve français”. Pourtant, de retour de vacances, nos cousins se retrouvent en pleine déprime. Soyons clairs : la grogne* passe pour une caractéristique nationale dans ce pays cyclothymique où des périodes de sombre découragement et de mélancolie fulgurante alternent avec des rêves de gloire et des bouffées de grandeur, ce pays capable de tout sauf de se résigner à la normalité.Mais cet automne semble bien placé sous le signe du mécontentement. L’économie va mal, le seuil symbolique des trois millions de chômeurs a été dépassé, l’euro est à bout de souffle et de nouvelles vagues de licenciements et de délocalisations sont annoncées.

Même s’ils refusent de l’admettre, à commencer par François Hollande, les Français savent que l’Etat social auquel ils sont attachés (parce qu’il fonctionne bien mieux qu’en Italie, pour le même tarif) n’est plus viable.Résultat : la cote de popularité du tout nouveau président est en chute libre, 11 points perdus au mois d’août [soit 44 % de jugements favorables selon le baromètre Ipsos]. Hollande, à vrai dire, n’est pas responsable d’une situation dont il a largement hérité. Mais il semble à court de solutions pour en sortir. La crise des idées s’est répercutée sur l’optimisme des ménages.

Les perspectives nationales sont tout sauf encourageantes : selon les derniers sondages, 68 % des Français se disent pessimistes pour leur avenir [sondage Ifop].La culture, dans l’un des rares pays à la prendre encore au sérieux, reflète ce mal-être. Prenez une autre des exceptions françaises les plus typiques : la rentrée littéraire, ce raz de marée de romans qui s’abat sur les rayons des librairies en septembre, véritable tsunami littéraire de plus de 500 nouveaux titres [646 livres sont sortis entre août et octobre]. Les deux ouvrages les plus prometteurs, en termes de ventes et en prévision des prix littéraires, sont tout sauf optimistes. Les Lisières, d’Olivier Adam [éd. Flammarion], a déjà été vendu à plus de 70 000 exemplaires.

Son protagoniste, alter ego de l’auteur, largué par sa femme avec qui il vivait en Bretagne, revient sur les lieux de son enfance en banlieue parisienne et découvre, naturellement, combien les lieux se sont dégradés. A dire vrai, tout a empiré : sa mère perd la tête, son père, ex-communiste, est tenté par le Front national (et donc, vu de gauche, timbré lui aussi), la périphérie est peuplée de classes moyennes appauvries et délogées du centre-ville, les classes défavorisées sont reléguées plus loin encore, alors que sur les écrans défilent les images de Fukushima et du tsunami. Ambiance.Autre best-seller, autres désastres. Le sujet d’Une semaine de vacances de Christine Angot [éd. Flammarion] est l’inceste.

La scène d’ouverture montre le père bourreau posant une tranche de jambon sur son sexe et proposant à sa fille de la manger. A droite, c’est-à-dire au Figaro, journal qui ne brille guère par son objectivité (depuis que les socialistes sont au pouvoir, il pleut tous les jours sur la France, plus personne n’ose rire et même le camembert a perdu sa saveur), on s’interroge : “La culture française est-elle déprimée ?” Le critique Charles Dantzig tire à vue sur le “populisme littéraire” auquel les auteurs français s’abandonnent (“J’appelle populisme littéraire une fiction destinée à flatter des sentiments hargneux”). Michel Houellebecq, fondateur du courant “déprimiste” de la République des lettres, a toujours peint le désespoir avec ironie. Aujourd’hui, alors que les réserves d’ironie semblent épuisées, seul demeure le désespoir.

Le cinéma se fait également l’écho de cette tristesse. A côté des incontournables comédies légères sentimentales, les maladies, physiques ou sociales, prolifèrent sur grand écran : c’est une litanie de chômeurs rongés par le désespoir et l’agressivité, sur fond de banlieues dégradées et violentes… Même la chanson a succombé au virus de l’anxiété : “La mélancolie c’est communiste / Tout le monde y a droit de temps en temps / La mélancolie n’est pas capitaliste / C’est même gratuit pour les perdants”, soupire le Breton Miossec (si son nom vous est inconnu, rassurez-vous : la variété française a tendance à vivre en autarcie et dépasse rarement les frontières de l’Hexagone). Et le populaire Benjamin Biolay de lui répondre : “Il n’y a plus de cosmos au-dessus de nos balcons / Il n’y a que des fosses, plus que des dalles de béton.

En France, depuis toujours, pleurer sur son sort est un sport national. Aujourd’hui, pourtant, c’est en train de dégénérer en pathologie. L’écrivain Michel Onfray parle de “haine de soi française” et l’explique ainsi [dans un article paru en août dans l’hebdomadaire Marianne] : “Les Français, qui furent longtemps des coqs juchés sur leur tas de fumier, sont devenus désormais des poulets de batterie.” Pourquoi pas ? Mais l’observateur étranger aura du mal à cacher sa perplexité. La France est peut-être bien déprimée, mais sûrement pas déprimante.

Sénégal : Hollande, s'il vous plaît ne nous offensez pas !

En 2007, le président français Nicolas Sarkozy avait, à Dakar, tenu un discours qui avait choqué le continent. Aujourd'hui, son successeur, François Hollande, se livre à l'exercice périlleux devant le parlement sénégalais. Fera-t-il mieux ? Le chroniqueur et écrivain Fadel Dia est sceptique.

Le président français- est à Dakar ce 12 octobre. Pour quelques heures : c'est toujours en heures qu'il faut calculer la durée des séjours que les "Grands" du monde passent sous nos cieux.

Leur objectif principal n'est pas de prendre le temps de nous connaître, mais de se faire acclamer par des foules dont l'enthousiasme est à la mesure des primes reçues et que leurs médias portent au loin leurs paroles et leurs actes.

C'est du reste mieux ainsi, parce que leur séjour perturbe notre quotidien, nous coûte cher en logistique, que nos services de protocole et de sécurité en sortent épuisés, mais surtout, frustrés d'être dépossédés de leurs responsabilités par l' ”assistance” étrangère. François Hollande est donc chez nous, et, au Sénégal comme en France, on spécule. Va-t-il tenter d'”effacer” le discours prononcé par Nicolas Sarkozy le 26 juillet 2007, rassurer les Africains et donner à ses hôtes l'image d'une France plus généreuse et mieux instruite de leur histoire ?

Ce n'est pas ce que nous devrions attendre de ce voyage et ce serait d'ailleurs une illusion que de croire qu'un simple discours peut réparer les dégâts d'une adresse qui n'a jamais été reniée par son auteur. Il n'appartient même pas à François Hollande de répondre à Sarkozy : les Français n'étaient pas les destinataires des propos et ce n'est pas leur histoire qui a été mise en cause.

L'alternance n'altère pas les actes

Enfin, c'est aller trop vite en besogne que de croire que l'alternance politique qui a eu lieu en France suffit pour faire changer les choses.
La manière a changé, le contenu bien moins, et le discours et les actes du plus populaire des ministres [allusion à Manuel Valls, ministre de l'Intérieur] de François Hollande ne sont pas très éloignés de ceux tenus ou conduits sous son prédécesseur.

Mais le malentendu est aussi à un autre niveau. Que pourrait nous dire François Hollande pour effacer le discours de Sarkozy ? Rétablir la vérité historique ? C'est commettre une grosse erreur que de croire que c'est par ses connotations historiques que le discours de Sarkozy est blessant.

L'histoire de l'Afrique n'est pas une terra incognita et il suffisait à Sarkozy (ou à sa plume) de se plonger un court instant dans l'ouvrage que d'éminents historiens lui ont consacré sous l'égide de l'Unesco [Collection Histoire générale de l'Afrique lancée depuis 1964], pour éviter de tomber dans les poncifs.

Le discours de Dakar choque parce qu'il est politique, ses inexactitudes historiques sont moins flagrantes que le mépris qui s'en dégage. La réponse qui doit lui être donnée doit venir, non des historiens, mais des politiques, et elle ne peut être qu'africaine.

Nos chefs d'Etat ont manqué à leur devoir en gardant le silence devant cette agression. Que reste-t-il comme recours aujourd'hui ?
Il nous faut d'abord observer que l'exercice auquel se prêtent les présidents français a cette particularité qu'il ne prévoit aucune réponse : l'invité livre son ”message”, se fait applaudir et s'en va !

Prestation sans risque et Africains dociles

C'est une prestation sans risque puisque les auditoires qui y sont conviés sont composés de gens sages et mesurés, triés sur le volet. Sarkozy s'était exprimé devant le gratin de l'Université et de la nomenklatura politique et il ne s'était trouvé personne pour quitter la salle, comme les pays occidentaux le font aux Nations-Unies, quand s'expriment les présidents de l'Iran, du Zimbabwe ou de Cuba.
Hollande est encore plus à l'abri des chahuts puisqu'il s'exprimera devant le Parlement, instance peu familière aux rebellions. La réponse n'a donc pas eu lieu quand il le fallait.

Aujourd'hui, ce qui s'impose à nous c'est de faire plus qu'un discours, c'est de changer radicalement de comportement. C'est de rompre avec cette ”inégalité des termes de l'échange” qui nous lient avec l'ancienne métropole, en matière de diplomatie comme tout simplement en dignité.

La Françafrique n'existe pas seulement parce que la France l'a voulue, mais d'abord parce que les Africains s'en accommodaient. ”Dieu ne change pas le sort des hommes tant qu'eux-mêmes n'ont pas changé”, dit un verset du Coran. On pourrait paraphraser cette sentence divine en affirmant que la Françafrique ne disparaitra pas tant que les Africains eux-mêmes, et non la France, ne lui refuseront pas le droit d'existence.

Si le Commonwealth [organisation des pays, anciennes colonies britanniques] ne connait pas de dérives de ce genre, c'est qu'on y respecte ce principe intangible des relations entre nations qu'est la réciprocité.
Que nos présidents cessent donc de se précipiter à Paris aussitôt après leur élection, comme s'ils reconnaissaient que l'examen, c'est-à-dire leur élection, a bien lieu en Afrique mais que le diplôme, c'est-à-dire la reconnaissance internationale, est toujours délivré à Paris.

Qu'ils cessent d'intriguer pour que leur pays soit le premier à accueillir le président de la République française (ou celui des Etats-Unis), comme si c'était la seule consécration qui avait un sens à leurs yeux.

Que nos gouvernants cessent de donner de nous, l'image de peuples plus enclins à la bamboula qu'au travail et refusent de paralyser notre économie et notre administration, sous prétexte que nous recevons, pour quelques heures, la visite d'un hôte venu des pays du Nord, alors que les visites de nos chefs d'Etat dans ces pays passent inaperçues. A moins que cette frénésie populaire ne soit la contrepartie de l'aide qu'ils nos apportent, ce qui serait bien mesquin !

Qu'ils refusent de laisser nos hôtes du Nord se comporter chez nous comme en pays conquis et fassent chez nous ce qu'ils nous refusent chez eux.

Les Européens n'ont pas de cours de bonne gouvernance à donner 

Certes, il faut condamner la violation des droits de l'homme, mais à condition de le faire partout où ça se passe, et pas en aparté en Chine et avec éclat en Afrique. La situation des libertés est bien plus aléatoire en Arabie Saoudite qu'en RDC [République démocratique du Congo] et pourtant, on n'a jamais entendu une autorité française exiger des élections libres et transparentes dans la monarchie pétrolière.

Quant à la bonne gouvernance, la situation qui prévaut actuellement en Grèce montre que les Européens devraient aussi balayer devant leurs portes. Mais , pour en revenir au discours de Sarkozy, ce qu'il nous faut refuser désormais c'est cette propension des chefs d'Etat du Nord à se servir de nos capitales comme tribunes pour nous faire la leçon, nous tancer ou nous menacer, nous dire ce que nous devons faire pour leur plaire. A Dakar, Sarkozy était allé encore plus loin. Il avait convoqué les Africains devant leur misère, dont ils étaient les seuls responsables selon lui. Il avait justifié l'injustifiable et, lui qui n'avait encore que quelques mois d'expérience présidentielle, leur avait livré un kit de développement pour sortir de la nuit.

Si François Hollande veut, non pas effacer mais marquer sa différence avec Sarkozy, qu'il s'abstienne donc de s'ériger en donneur de leçons, qu'il parle de la France et de ce qu'elle peut offrir en fraternité, et ne donne pas l'impression qu'il connait nos intérêts mieux que nous-mêmes, qu'il exprime non de la compassion mais du respect.

contre l’ennui, des idées

contre l’ennui, des idées


En mars 1968, Pierre Viansson-Ponté écrivait dans Le Monde un éditorial intitulé “La France s’ennuie”. Quelques semaines plus tard, les baby-boomers jetaient des pavés sur les CRS et rêvaient de libérer la société française. C’était encore l’époque des Trente Glorieuses, de l’insouciance économique et du journal de 20 heures de l’ORTF qui n’ouvrait pas sur les fermetures d’usines. Un demi-siècle ou presque a passé et l’Hexagone s’est recroquevillé. Ses moteurs économiques sont à l’arrêt. Les enfants des baby-boomers n’ont rien connu d’autre que le chômage de masse et une dette publique à 12 chiffres (au minimum). La pauvreté s’affiche à chaque coin de rue jusque dans les centres-villes. La croissance appartient à l’Histoire. Le retour à un déficit public sous la barre des 3 % est devenu le nouvel horizon indépassable. Et, comme il y a quarante-cinq ans, la France s’ennuie. C’est le sentiment d’Anjuli Pandit, une étudiante d’origine indienne en cours à Paris. Invitée il y a quelques jours par la conférence TEDxParis à livrer sa vision de notre pays, la jeune femme a raconté qu’à son arrivée elle avait trouvé “de jeunes Français qui ont peur de l’avenir, qui ont peur du chômage, qui ne veulent pas prendre de risques”. Sa recette pour lutter contre la morosité ambiante ? Voyager, traverser les frontières, côtoyer une nouvelle culture, apprendre une nouvelle langue… Anjuli a raison : contre la panne sèche, la France a besoin d’idées. Et, pour faire naître celles-ci, notre pays peut compter sur ses talents, comme le physicien Serge Haroche, nouveau Prix Nobel de physique (aux côtés de l’Américain David Wineland). Les nouvelles idées, c’est un antidote imparable à l’ennui. C’est aussi un carburant indispensable pour échapper à la sinistrose.

Hip, hip, hip, Europe !

Hip, hip, hip, Europe !


Vous auriez parié un centime d'euro, vous, sur l'attribution du prix Nobel de la paix à l'Union européenne ? Avouez que non. Comment imaginer que, parmi les 188 individus et 43 organisations à concourir, l'Union européenne, plombée par la crise et minée par ses chicaneries, coifferait tout le monde sur le poteau ? Reconnaissons au jury norvégien une réelle aptitude à manier le paradoxe, voire une audace subversive. Ce moment n'était pas le mieux choisi pour célébrer l'UE. À moins, tout compte fait, que ce ne soit l'inverse. Il suffit simplement de ne pas se méprendre sur le sens du message.
Le choix de l'académie norvégienne invite à double lecture. Il constitue à la fois un hommage aux visionnaires du passé et un encouragement aux artisans du futur. Voilà pourquoi il doit conduire nos actuels dirigeants à ne surtout pas sombrer dans une bruyante autocélébration. Pas plus qu'à une autosatisfaction qui confinerait à l'indécence dans l'actuelle situation de souffrance sociale de nombreuses populations européennes.
Il faut donc prendre ce prix attribué à l'UE comme un vigoureux encouragement à aller plus loin, sans se complaire dans le simple recensement mémoriel des valeurs fondatrices. Ce sera aussi le meilleur moyen de couper court aux sarcasmes, pas tous injustifiés, des europhobes dénonçant un geste supplémentaire d'allégeance aux puissances d'argent. Il y avait grand besoin, comme l'a souligné Jacques Delors, de donner du courage aux gouvernements actuels.
L'évolution vers plus de fédéralisme, plus de démocratie et plus de souveraineté partagée, en demande. Peut-être parlera-t-on plus d'Europe grâce aux Nobel, en soulignant nos capacités d'innovation et notre potentiel scientifique. Peut-être la France et l'Allemagne retrouveront-elles le goût de s'entendre. 
Alors oui, l'Union européenne méritait ce prix. 
Mais c'est aux hommes qui la font aujourd'hui de s'en montrer dignes.