TOUT EST DIT

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lundi 29 octobre 2012

François Hollande a-t-il déjà démissionné ?

Cette semaine, Serge Federbusch revient sur les accords conclus entre la France et l'Allemagne lors du Sommet européen, et s'interroge sur les réelles ambitions de François Hollande.

1 -  François Hollande a-t-il déjà démissionné ?

Victoire ! avait crié un peu tôt Moi-Président à l’occasion d’un sommet européen où l’Allemagne devait se ranger à ses vues sur la supervision bancaire en zone euro. Le Nouvel Obs mettait immédiatement ce succès en «une» accompagné d’une photographie de son idole tout sourire.
Hélas, la révélation progressive du contenu de l’accord laissa place à une triste réalité : l’Allemagne n’avait presque rien cédé mais obtenu tout ce qu’elle voulait. Le contrôle de ses banques régionales reste de facto dévolu à la Bundesbank et l’aide apportée aux établissement financiers en difficulté ne sera pas versée avant au plus tôt la fin 2013, le temps que les élections teutoniques soient passées. Les banques espagnoles devront attendre et avec elles leurs créanciers français. Quant au thème des Eurobonds, qui saisit notre chef suprême comme une maladie périodique, il est enterré aussi vite qu’il était réapparu.
Le rêve d’une Allemagne payant les dettes des clientèles électorales de la gauche française est de plus en plus évanescent. La réalité est prosaïque : d’ici aux élections allemandes, Merkel fera ce qu’elle jugera nécessaire à son succès et, après cela, c’est Hollande dont le mandat sera le plus avancé et la situation politique la plus fragile. Notre président normal se gargarisait d’une position de force liée au calendrier politique. Il capitule déjà sur tous les sujets.
En réalité, le «pouvoir» (il va bientôt falloir utiliser ce mot avec des guillemets) socialiste, une fois passée la mise un oeuvre de son projet cauteleux, en porte-à-faux avec l’ampleur de la crise et truffé de mauvaises idées, doit se contenter de croiser les doigts en espérant que la reprise s’amorce en Europe en 2013. Il s’abandonne aux événements, fait adopter une règle d’or en espérant ne pas avoir à l’appliquer, prie pour que les créanciers du Trésor public ne deviennent pas plus regardants. Jusqu’à aujourd’hui, loin d’être son ennemie, la finance a été sa seule amie, se contentant de faibles taux d’intérêt sur la dette française. Mais pour combien de temps encore ? Qu’il est dur d’être à ce point dépendant de son adversaire proclamé ...
Adepte de la méthode Coué, Hollande en a profité pour se rassurer en proclamant que «le pire de la crise européenne est passé». Hélas, il n’en est rien. L’une des principales difficultés auxquelles se heurte l’Euroland est que le taux de change de l’euro se cale sur les performances de l’économie la plus solide, celle de l’Allemagne. Pis encore, plus les marchés anticipent que la discipline germanique s’imposera aux autres pays, plus ils valorisent l’euro, rendant la reprise des économies du Sud quasiment impossible. L’édifice de l‘union monétaire est fondé sur cette dissymétrie et menace ruine.
C’est pourtant sur cette construction bancale qu’Hollande fait reposer son avenir et, malheureusement, le nôtre. Renonçant à toute action autonome faute de réformer vraiment la France, il a déjà démissionné de toute ambition.

2 - Chérie, j’ai rétréci le choc de compétitivité !

Autre illustration de ce renoncement, le fameux «choc de compétitivité», qui s’est d’abord transformé en simple «trajectoire de compétitivité » dans le vocabulaire d’Ayrault puis traduit par un enterrement de troisième classe pour le futur rapport Gallois qui «n’engage pas le président, ni le gouvernement». Il faut dire que Gallois est suspecté de vouloir réduire drastiquement les dépenses publiques, crime suprême en Socialie. Les rapports administratifs ensevelis, la République en est coutumière. Mais les enterrements avant publication, c’est une première. De tergiversations face aux choix difficiles en abdications devant les décisions courageuses, à quand une démission pour de vrai ?

3- Accouchement douloureux pour présidence de proximité

S’emparant désormais, comme son prédécesseur, des faits divers qui émeuvent l’opinion, le président de proximité a demandé qu’une enquête soit faite sur l’accouchement sur l’A20 où une malheureuse mère n’est pas arrivée à temps pour mettre au monde son enfant à l’hôpital de Brive. François Hollande a évoqué cette affaire, samedi 20 octobre, alors qu’il s’exprimait devant le congrès de la mutualité française à Nice : « Le drame qui s’est produit hier où une femme a perdu l’enfant qu’elle portait nous appelle une nouvelle fois, encore, à ne rien accepter en matière de désert médical. »
Cette présidentielle remarque tombe mal car la mère déclare désormais que rien ne pouvait être fait et s’indigne «de la récupération politique» de ce triste sujet. Quel est le nom du principal récupérateur ?

4 - La Banque Publique de l’Inutile

La nomination d’un second couteau à la direction de la BPI laisse le champ libre à Jouyet, président et chef réel du nouvel établissement. La création du fameux bras armé de la ré-industrialisation à la sauce «hollandaise» se traduit donc par la simple absorption d’Oséo, d’Ubifrance et du Fonds stratégique d’investissement par la Caisse des Dépôts et Consignations. L’Inspection des finances y détiendra tous les postes-clés, preuve supplémentaire que le régime « hollandais » s’apparente à la restauration du pouvoir sans partage des grands corps de l’Etat. Tout ça pour ça ?
Comme il faut bien donner des compensations aux élus locaux, second pilier du nouveau régime, les Régions auront siège au conseil d’administration. Conscient du danger que sa méga-banque se transforme en hôpital régional de campagne pour entreprises malades de l’industrie française, Jouyet, nouveau tsar de toutes les réindustrialisations, a d’emblée écarté l’idée d’un renflouement de Gandrange, choisissant mal son exemple et contraignant son compère de 35 ans, Hollande, à le démentir à moitié.  Son sentiment de culpabilité d’ancien ministre de Sarkozy, lui ferait-il inconsciemment torpiller son nouveau chef ?
Ennuis avec les Pigeons des Start-Up, problèmes avec les jeunes Moineaux des PME, difficultés avec les Canards boiteux : la réalité est durement volatile pour notre gouvernement.

5 - La presse « hollandaise » contre le reste du monde

Puisqu’il faut trouver de l’argent pour aider la presse française, exsangue pour cause de médiocrité éditoriale mais qui rend tant de services à la gauche, et que les caisses sont vides, pourquoi ne pas inventer un nouvel impôt sur chaque renvoi, par les moteurs de recherche, à des contenus disponibles sur Internet ? Cela revient à taxer celui qui aménage le chemin qui mène à votre domicile et doit bien se financer quelque part. La société d’autoroute va payer le péage en quelque sorte. Mais qu’importe, puisqu’il faut trouver des sous.
Google réagit-il en menaçant de déréférencer les sites français ? Après tout, ces journaux n’ont qu’à trouver leur propre algorithme et l’entretenir eux-mêmes, peut plaider l’Américain. Son monopole ne tient qu’à son excellence. C’est ce qu’on appelle un « marché contestable » en science économique. Aussitôt, c’est l’union sacrée des médias et des politiciens, le tollé des subventionnés.
Comme avec Arnault et les autres «riches» qui décident d’aller vers des cieux fiscaux moins sombres, comme pour le message de bienvenue de Cameron aux surtaxés qui s’exilent, comme face à un Mittal qui n’a cure des roulements de mécanique de Montebourg, le gouvernement se heurte à la dure loi de l’économie ouverte. Les petits arrangements deviennent difficiles, les faiseurs d’opinion salariés sont irritables et les oligarques nerveux.

6 - Le mousse du pédalo

Grâce à Mélenchon, nous savions qui pilote le pédalo «France». Grâce à une photographie en « une » du Parisien Magazine et un pull marinier, nous savons désormais que Montebourg est mousse sur cette embarcation.

7- Todd en folie

Il serait malséant de passer brutalement d’un anti-sarkozysme névrotique à une critique cinglante de Hollande. Conscient que «le changement c’est consternant», Emmanuel Todd a trouvé la parade intellectuelle qui le rassure : «Moi-président» sera l’instrument plus ou moins volontaire de la rupture avec l’ordre mondialisateur honni. Echouant à le faire accepter aux Français, il en sera le fossoyeur, prédit Todd avec la clarté qu’il trouve dans sa boule de cristal. C’est la théorie du « hollandisme révolutionnaire ».
Ce raisonnement reviendrait, transposé dans l’Histoire, à prétendre que Louis XVI fut le plus grand des Sans-culottes. La politique fait perdre la tête.

Les médias sont-ils capables de voir des extrêmes ailleurs qu'à droite?

Depuis 40 ans, la même ritournelle faussement antiraciste abrutit les oreilles et l'esprit d'un peuple intoxiqué à doses massives et permanentes. Depuis 40 ans, on ne cesse de triturer le même abcès de fixation. Et pourtant, insensiblement, la contre-culture de résistance que je préconisais commence à rendre ridicule les maîtres chanteurs qui exploitent sans vergogne la vieille rengaine d’après Nuremberg.
Extraits hebdomadaires de cette variation obsessionnelle sur des thèmes victimaires :
- un article critique du Monde (26 octobre) autour du « racisme anti-blanc qui diviserait le mouvement antiraciste » : des citations de mon ami Pierre-André Taguieff, (qui fut, il y a une vingtaine d'années désigné à la vindicte publique antiraciste, par le même journal qui l'interroge aujourd'hui) et qui lui fait dire que la notion de racisme anti-blanc pourrait être dangereuse. Las, l'intéressé considère qu'il a été cité improprement…
À noter cette aimable plaisanterie du vespéral, décidément incorrigible : mentionner parmi les « antiracistes » questionnés, Houria Bouteldja, responsable emblématique des « Indigènes de la République » mouvement racialiste agressif s'il en est, auteur de la célèbre formule des « sous chiens », radicalement antisioniste et anti blanc, et poursuivie pour ses sorties délirantes. Sans doute, la journaliste en est-elle encore à considérer inconsciemment que l'intéressée ne peut être, par essence, raciste. Classer les Indigènes de la République dans la mouvance antiraciste en dit cependant long sur l’état de la réflexion Mondaine sur le sujet.
À noter que la presse consacre également plusieurs articles sur la procédure judiciaire que la Licra s'est décidée à diligenter en matière de racisme anti-blanc et sur le fait que le M.R.A.P, au rebours de SOS-Racisme, reconnaisse désormais, du bout des lèvres, le phénomène. Pour le dire autrement, ceux qui, hier encore, collectaient les fagots pour dresser le bûcher des téméraires qui osaient invoquer la détestation anti-occidentale, en sont réduits désormais à faire feu de tout bois pour ne pas voir leur barque sombrer.
- Deux interrogateurs de France 2, jeudi, soumettaient gauchement à la question Jean-François Copé pour ses sorties remarquables et donc remarquées sur le racisme anti blanc, et sur un pain au chocolat confisqué qui, décidément, reste sur l'estomac délicat des journalistes du service public. David Pujadas, ordinairement mieux inspiré, n'arrivait pas à croire que la chose était possible dans notre France si harmonieuse, et Jeff Wittenberg, lui la croyait, mais en était encore à considérer qu'il valait mieux la taire…
À noter que M. Pujadas semblait avoir également du mal à accepter que le secrétaire national de l'UMP puisse, au nom d'une élémentaire réciprocité, lui retourner sa causticité. On aurait préféré que ce journaliste, par ailleurs talentueux, réserve son alacrité à ceux qui le traitent de larbin, comme un vulgaire Mélenchon, par exemple.
- Enfin, dans un autre registre, la sortie de Mme Najat-Belkacem, prescrivant la réécriture des livres scolaires pour prendre en compte l'homosexualité éclairante des grands hommes, des grandes femmes, et des grands transsexuels est, à n'en pas douter, à ranger dans la même obsession clientéliste de la minorité souffrante, forcément souffrante.
Sans doute, le fait que l'occidental soit en train de sortir peu à peu du complexe qui l’empêchait jusqu'alors de pouvoir seulement évoquer les discriminations dont il peut faire, lui aussi, l'objet, oblige-t-il les professionnels de la victimisation à investir davantage d'autres champs et à entonner d'autres chants doloristes. Il n'est pas sûr qu'ils soient désormais plus audibles.
Toujours à propos du débat Copé-Fillon sur France 2, Le Monde, toujours lui, dédie un blog qui se voudrait très factuel pour traquer les approximations de nos hommes politiques, tellement moins rigoureux que les journalistes sérieux.
Ainsi, Jean-François Copé, toujours lui, est-il contesté pour avoir osé, dans un souci d'équilibre que les lecteurs me savent partager avec lui, ne pas vouloir renvoyer dos à dos une gauche donneuse de leçons se commettant avec le Front de Gauche tandis que la droite continuerait toujours à snober le Front National.
Et le journal du soir d’ériger en doute l'opinion du secrétaire général de l'UMP que le Front de Gauche puisse être considéré « d'extrême gauche »… Ainsi, le fait que le PCF en fasse partie, que M. Mélenchon admire sans retenue Messieurs Castro et Chavez, qu’il entonne à la Bastille des airs révolutionnaires qu’un Gracchus Babeuf ne renierait pas, n'est pas de nature à entamer l'esprit de doute scientifique du journaliste.
Ah que l'on aurait aimé une rigueur aussi cartésienne lorsqu'il s'est agi de cataloguer des intellectuels imprudents qui se laissaient à évoquer la nécessité de lutter sans relâche contre les progrès de l’insécurité, l'islamisme dans les banlieues, l'antisémitisme en terre d'islam, la nécessaire régulation des flux migratoires, … ou le racisme anti blanc. Toutes choses qui, aujourd'hui, relèvent de la plus affligeante banalité…
Dans un ordre d'idée voisin, Gilles Paris, ne prend pas autant de précautions pour qualifier cette semaine dans son blog (26 octobre), « d'extrême droite religieuse » le parti qui fait alliance avec le Likoud de Benjamin Netanyahou. J'aimerais bien que ce journaliste du Monde m'explique pour quelles raisons le Shass, assurément parti religieux, populiste, nationaliste et conservateur mériterait l'étiquette peu enviable, au rebours du Hamas, du parti des Frères Musulmans égyptiens ou du parti iranien du président Ahmadinejad, ouvertement antisémites, homophobes et sexistes, qualifiés, eux, plus prudemment, « d’islamo-conservateurs » ? Ou plutôt, je vais me permettre humblement de l'expliquer à Gilles Paris : pour les raisons inconscientes, partagées par sa consœur évoquée plus haut : de même que, par essence, Mme Bouteldja ne peut pas être raciste, le Hamas ou les frères musulmans ne peuvent pas être d'extrême droite… L'étiquette honteuse étant exclusivement réservée à l'usage des occidentaux, ou des blancs, si l'on préfère. Pour combien de temps encore ?
S'agissant du Hamas, l'émir du Qatar a visité en grande pompe la bande de Gaza, à la grande satisfaction de Khaled Meechal, leader du parti islamiste mais au grand dam de l'Autorité Palestinienne, sans que les observateurs internationaux, et notamment français, y trouvent à redire. Il est vrai que lorsque l'on ne dit mot pour protéger ses banlieues de l'influence islamiste, on ne saurait s'immiscer dans les affaires de Gaza.
Au-delà du pouvoir de persuasion que confèrent les pétrodollars, si l'on veut trouver quelques explications complémentaires à la torpeur médiatique, s'agissant d’un potentat obscurantiste, néo-esclavagiste et diffuseur, via Al-Jazira, à l'échelle désormais planétaire, des prêcheurs de haine, on peut toujours se reporter au paragraphe précédent. Je rappelle, pour l'Histoire, que la dernière fois qu'un pays riche a voulu aider financièrement la France, il s'agissait de l'Amérique du plan Marshal, et que le PCF s'y est violemment opposé. Il est vrai que les Américains avaient, eux, l’immense tort d'avoir libéré le pays. Aujourd'hui, personne pour s'opposer à ce qui pourrait ressembler à un plan Mechaal pour les banlieues.

Enfin, polémique germanopratine assez graveleuse sur fond de vaseline autour de la mémoire de Louis Aragon, accusé par l'un de ses proches amis de l'avoir dragué de manière soi-disant ridicule et tentative de censure de ce récit par un autre de ses proches. (Voir l'excellent article de Josiane Savigneau dans le Monde du 28 octobre). Je déconseille cependant à Madame Najat Vallaud-Belkacem d'intervenir auprès des éditeurs de livres scolaires pour modifier la notice de l'immense écrivain et poète pour des broutilles d'alcôve. En revanche, il ne serait peut-être pas inutile d'édifier les élèves sur son passé de collaborateur zélé du stalinisme, comme on le fait à propos de la conduite de Drieu la Rochelle et de Brasillach pendant l'occupation nazie.
Pour ma part, rien ni personne ne m'empêchera de détester et d'apprécier tout à la fois Céline et l'auteur des yeux d'Elsa. Quand comprendra-t-on qu'on peut être à la fois grand et petit ? Car c'est ainsi, parfois, que les hommes vivent.

L’autre hiver

L’autre hiver 


Une droite décomplexée, une gauche à la « nuque raide » (formule de Martine Aubry empruntée à François Mitterrand), un grand patronat qui adopte des positions tellement abruptes que, bien sûr, le gouvernement ne pourra pas les suivre. Nul ne s’y prendrait autrement s’il voulait que rien ne bouge.
L’UMP est plus « décomplexée » que jamais, puisque la compétition interne pour la présidence du mouvement est arbitrée par les seuls militants. Pour obtenir leurs suffrages, rien de tel qu’un discours radical, option choisie par Jean-François Copé et que François Fillon n’a pas su, ou pas voulu, contrer l’autre soir, lors de leur joute télévisée. Le premier parti de la droite a des accents guerriers qui rappellent ceux de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, au printemps dernier.
Une aubaine pour Harlem Désir, intronisé hier, au congrès de Toulouse. Chez les socialistes, rien ne soude mieux que les caustiques attaques contre l’opposition, accusée de vouloir faire alliance avec l’extrême-droite. Doublés d’un appel à serrer les rangs derrière Jean-Marc Ayrault, ces assauts ont permis au nouveau premier secrétaire de faire coup double. Lui, dont le punch n’est pourtant pas la première qualité, a trouvé là matière à montrer ses capacités offensives.
Mais dans ces attitudes totalement convenues, certains PDG ne sont pas en reste. Les patrons des plus grandes firmes françaises somment François Hollande de faire baisser les charges des entreprises de 30 milliards d’euros, au moins, sur deux ans.
Les chiffres avancés par le Medef sont du même ordre et ils sont en débat, à la veille de la publication du rapport Gallois sur la « compétitivité ». Mais comment effectuer un tel transfert sans peser encore plus sur le pouvoir d’achat des Français et entraver la croissance ?
À cette question, pas de réponse concrète, dans cet appel lancé de manière très et trop spectaculaire, façon ultimatum. Une méthode sans doute contre-productive pour l’image, peu flatteuse, d’une partie du monde patronal, précisément celui des très grands groupes. Sur la scène politico-médiatique, c’est aussi le retour de l’hiver. Et même de la grande glaciation. Celle des postures caricaturales.

Combat de géant pour petit coq français

Combat de géant pour petit coq français


Le match s'annonce titanesque. Il vaut d'être livré. D'un côté, la France, notre petite France - à l'échelle du monde - qui s'inquiète, s'alarme même, de la tutelle qu'imposera bientôt un certain Google sur le numérique. De l'autre, un puissant moteur de recherche, qui n'est pas seulement l'ami du petit déjeuner, comme on le dit de la presse, et constitue un immense aspirateur à contenus. Sa gloutonnerie rapporte des fortunes. Sa technicité - des outils rapides et gratuits - fascine. Un clic pour que se dévoilent des trésors. La France, donc, fera-t-elle plier Google ? Ne rejouerait-on pas David contre Goliath ? Le bras de fer passe aujourd'hui par la case Élysée. Il vise pour François Hollande à obtenir du géant californien qu'il rémunère les éditeurs de presse sur les articles réutilisés par Google, et partage ses revenus publicitaires issus des liens vers les contenus qu'ils diffusent. Une manière de droits d'auteurs pour tenter de réguler l'économie numérique. Raisonnement de bon sens, certes, mais pas si facile à soutenir dans une économie mondialisée : Internet repose en effet, par essence, sur l'échange libre… des liens. Le gouvernement, auquel on ne pourra en la circonstance reprocher de manquer de volontarisme, n'exclut pas de légiférer. Quant à Google, n'ignorant pas la crise du papier, jouant de son quasi monopole, il retourne le compliment et objecte que l'indexation offre aux sites français une audience de masse. Le « kiosquier du monde » n'entend pas se faire taxer, non plus que l'État se faire pigeonner par celui qu'il juge mauvais client du fisc. Le numérique, c'est fantastique, politique et électrique.

Cris d'alarme contre les dénis français 

 
Les sonneurs de tocsin doivent choisir leur moment. 

Celui que l'on traverse actuellement, avec la crise de l'Europe et le désenchantement français, se prête hélas trop bien à faire retentir leur écho. Les deux cris d'alarme que poussent Nicolas Baverez et Sophie Pedder ne seront donc pas pris à la légère. Les lecteurs du Point le savent bien : Baverez s'acharne depuis vingt ans à prédire le déclin français si une prise de conscience collective et une réaction énergique ne se produisent pas. Les faits lui donnent raison et son pessimisme foncier trouve chaque année plus de confirmation. Avec Réveillez-vous ! (1), il récidive impérieusement, brandissant une panoplie d'arguments peu contestables. La France s'enfonce, c'est un fait. Elle rétrograde à tous les classements mondiaux, qu'il s'agisse de la compétitivité (six places perdues en deux ans), de la marge des entreprises, du coût du travail (supérieur de 10 % à celui de l'Allemagne, alors qu'il lui était inférieur de 15 % en 2000), de la part des exportations françaises dans le commerce mondial ou du poids des dépenses publiques.
Pour reconstruire, Nicolas Baverez veut une nouvelle architecture d'ensemble. Il a une obsession : que surtout la France ne reproduise pas les erreurs catastrophiques des années 30, qu'elle écarte l'impasse de la déflation pour mettre en place au contraire une politique de reflation à l'allemande. Fallait-il pour autant invoquer un Munich intellectuel et moral, asséner que la France se trouve au seuil de la guerre civile ? Le disciple distingué, savant et clairvoyant de Raymond Aron perd ici la mesure de son maître. L'essayiste ne résiste pas assez aux facilités du polémiste.
Sophie Pedder, correspondante à Paris du prestigieux The Economist, choisit plutôt les armes de l'enquêtrice pour aboutir à un diagnostic, dans Le déni français (2), qui arrive par des moyens différents à des conclusions proches de celles de Nicolas Baverez. Son oeil anglo-saxon, sa méthode empirique donnent une force impressionnante à son sombre verdict. Un État obèse (emplois publics deux fois plus nombreux qu'en Allemagne), une efficacité des dépenses publiques qui nous situe au 56e rang mondial, un taux d'absentéisme abusif, cinq années de plus à la retraite que les Allemands, un Code du travail archaïque : Sophie Pedder n'omet cependant pas nos atouts et, ayant exploré nos provinces, juge les Français plus lucides que leurs dirigeants. Des nuances bienvenues qui donnent du crédit à sa thèse.

le congrès du PS, "politiquement, ce fut nul" 


 
On n'attendait pas du congrès du PS, à Toulouse, qu'il apportât grand-chose sur le plan politique. Mais à ce point ! On n'attendait pas davantage, et pour cause, qu'il célébrât dans la liesse les mérites et les résultats du gouvernement et du président de la République, six mois bientôt après l'avènement au pouvoir des socialistes. Mais à ce point ! Les fidèles de cette grand-messe ont fait penser durant ces trois jours au choeur d'Aïda qui chantait : "Marchons ! Marchons !" sans avancer d'un pas.

Où sont passés les enthousiasmes d'antan, les féroces pugilats internes qui faisaient le sel de ces démonstrations laïques et républicaines qui ont marqué durant près d'un siècle l'histoire du parti ? Quoi, ils n'ont jamais connu pareille puissance, jamais gagné autant de batailles, ils sont partout, et les voici déjà repliés sur la défensive comme une armée incertaine d'elle-même et qui n'obéit plus qu'à un seul mot d'ordre : "Il faut sauver le soldat Ayrault !" C'était triste à entendre. Ils allaient réenchanter le rêve, et les voilà déjà désenchantés. Il est vrai qu'il y a de quoi.

Sarkozy, la tête de Turc


Alors, ils ont trouvé un truc. Puisque l'avenir se dérobe sous leurs pas, ils ont convoqué le passé, c'est-à-dire Sarkozy. L'aubaine, la tête du Turc sans laquelle ils n'existeraient pas. Ce fut sa fête. Faute de pouvoir se glorifier de la moindre avancée - écoutons le Premier ministre qui pour tout bilan cite l'ISF, l'allocation de rentrée scolaire et le rétablissement partiel de la retraite à soixante ans -, ils ont repris leur méchante rengaine contre celui que naguère Hollande appelait le "sale mec". On se serait cru au temps de la campagne électorale, lorsqu'il s'agissait de conquérir le pouvoir. Ils l'ont pourtant, le pouvoir. Croient-ils que cette médiocre défausse prend encore dans l'opinion ? C'est plutôt contre-productif, non ?
Politiquement, ce fut nul. Pas la moindre analyse. Pas le moindre souci pédagogique. Pas le moindre effort critique. Pas l'ombre d'une vision. Pas un discours sur le fond. Pas un mot solide sur la crise. Dans la bouche du nouveau patron, Harlem Désir, désigné avant d'être élu et mal élu, un lyrisme et une fermeté de circonstance : nous ferons voter le mariage et l'adoption pour tous les couples, le droit de vote des étrangers aux élections locales, la loi sur le non-cumul des mandats. Chiche ! Et cette péroraison virile : "Restons pionniers !" Bigre ! Pour toute pitance idéologique, la réaffirmation de trois principes directeurs : le retour de l'État (Montebourg), la défense de l'ordre républicain (Valls) et les riches paieront (Hamon). Le gage rituel donné aux diverses composantes de la famille.

Le racisme de Martine Aubry


On allait oublier les sarcasmes habituels contre la presse, cette presse qui leur a pourtant naguère rendu de fiers services, cette presse qu'ils ne supportent que lorsqu'elle leur est acquise : "Arrêtons de parler dans la presse !" Singulière conception de la démocratie ! On allait également oublier l'intermède habituel et enchanteur de Ségolène Royal sur "l'objectif de civilisation". Bref, les chômeurs peuvent chômer tranquilles, les fonctionnaires fonctionner paisiblement, les contribuables contribuer généreusement.
Il y eut toutefois un vrai discours, assez inspiré, d'une bonne qualité formelle, plutôt efficace. Le seul. Celui de Martine Aubry. Malheureusement, elle eut une formule qui le discrédite. Elle dit ceci : "Un honnête homme, c'est un homme de gauche et qui est droit." C'est restrictif et inadmissible. Un honnête homme, c'est un homme droit, un point c'est tout. L'appartenance à la gauche ne définit pas un honnête homme à l'exclusion de toute autre affiliation idéologique. Nous, nous connaissons d'honnêtes hommes de droite. Nous en connaissons également de gauche. Le sectarisme, nous allions dire le racisme, de Martine Aubry n'est pas à son niveau. Il fait penser à ce cri lancé un jour par François Hollande, enfant gâté de la République : "Je n'aime pas les riches", ce François Hollande qui, non content de ne pas les aimer, leur prend sans vergogne leur fric. Double faute. Cet homme-là est-il droit ?

Le PS ne sert plus à rien..., sauf à soutenir Ayrault !

Hervé Gattegno intervient sur les ondes de RMC du lundi au vendredi à 8 h 20 pour sa chronique politique "Le parti pris".
Ce week-end à Toulouse, le PS tenait son premier congrès depuis l'élection de François Hollande. Harlem Désir a été intronisé au poste de premier secrétaire et les socialistes ont serré les rangs derrière le Premier ministre. À part ça, pas grand-chose. Votre parti pris : le PS ne sert plus à rien..., sauf à soutenir Jean-Marc Ayrault.

Sans surprise, le PS a tenu l'un des congrès les plus ennuyeux de son histoire. Ce n'est pas entièrement de sa faute. Que son vrai chef soit à l'Élysée et ses éléments les plus brillants au gouvernement, ça n'aide pas le parti à garder une dynamique et en plus ça l'oblige à s'aligner sur le pouvoir. De ce point de vue, Harlem Désir est l'homme de la situation : il n'est pas assez fort pour être indiscipliné, ni assez charismatique pour faire de l'ombre à Jean-Marc Ayrault - c'est dire...
Le Premier ministre a eu droit à plusieurs ovations et tous les ténors socialistes lui ont rendu hommage. C'était une mise en scène ?
Ce type est dangereux
Plutôt une (re)mise en forme. Jean-Marc Ayrault a du mal, on le sait, à imposer son autorité. Il a été secoué par les couacs de ses ministres. Et vexé, parfois, par les commentaires acides sur son impréparation - dont certains partent de l'Élysée, ce qui est injuste, car Matignon n'a pas le monopole de l'inexpérience... À Toulouse, tout le monde l'a couvert de fleurs. Ça lui a sûrement donné du tonus, mais c'était presque trop : entre la médaille du travail et l'éloge funèbre. Normalement, c'est le chef qui galvanise la troupe. Là, c'est comme si on espérait l'inverse...
L'expression qu'on a remarquée, dans le discours de Jean-Marc Ayrault, c'est "le nouveau modèle français" : sa version d'un mode de gouvernement apaisé, fondé sur la consultation et la négociation. Est-ce que ça peut être l'atout de Jean-Marc Ayrault ?
C'est tout le mal qu'on lui souhaite. C'est vrai qu'il y a une rupture de style avec Nicolas Sarkozy : plus d'attention, de dialogue, moins de décisions expéditives. Mais du coup, Jean-Marc Ayrault et François Hollande laissent s'installer l'impression que les discussions s'éternisent pour pas grand-chose. Pendant ce temps-là, les patrons, les médecins, les enseignants grognent. Et l'affaire du rapport Gallois sur la compétitivité risque d'alimenter ce malaise. En fait de négociation, le gouvernement a surtout l'air de négocier avec Louis Gallois pour que le contenu du rapport ne le mette pas en difficulté... Ou qu'il ne soit pas appliqué.
Vous croyez que le PS est condamné à avaler la potion amère de la rigueur jusqu'à la fin du quinquennat ?
Il n'y a pas de crise de régime, mais c'est bien un régime de crise qui est imposé à la majorité. Et il est douloureux. D'où la nécessité d'en appeler aussi aux sujets qui flattent les militants : le vote des étrangers, le mariage gay, les attaques contre la droite... À part cela, on a vu aussi Ségolène Royal se pousser du col et Martine Aubry se positionner en réserve pour Matignon. Effet positif garanti pour Jean-Marc Ayrault : on peut le trouver brouillon et atone, personne n'est pressé de revoir le duel des deux dames du PS - comme à Reims, en 2008. Mieux vaut sans doute un congrès ennuyeux qu'un congrès meurtrier... et trafiqué.

Après les pigeons, les gros poissons

Après les pigeons, donc, les gros poissons,. En publiant un appel en forme de programme économique de redressement pour la France dans "le Journal du dimanche", les patrons des grandes entreprises sont sortis du bois protégé dans lequel ils préfèrent d'habitude évoluer. C'est en effet l'Afep (l'Association française des entreprises privées regroupant 98 grands groupes) qui a semble-t-il pris cette initiative. Un lobby puissant qui depuis sa création, il y a trente ans, par Ambroise Roux (le très influent président de ce qui était à l'époque la Compagnie générale d'électricité), préférait agir pour défendre ses intérêts, d'ailleurs très efficacement, dans la coulisse que sur les estrades.
Cet ultimatum, il faut bien le dire inédit, nous dit plusieurs choses. Sur le fond d'abord. Sans surprise, il estime que le niveau de la dépense publique est devenu insupportable (56% du PIB) et qu'il faut donc la réduire de 60 milliards sur cinq ans. Pas moins. Une réduction qui servira à financer pour moitié (l'autre moitié le serait par une hausse de la TVA) une deuxième exigence: 30 milliards de baisses des charges sur les salaires moyens (deux Smic et plus) en deux ans pour alléger le coût du travail. Le choix de privilégier les salaires moyens constitue donc une évolution sensible de la pensée patronale. Au nom du redressement de la compétitivité, beaucoup estiment aujourd'hui, dont de nombreux économistes, que c'est sur ce levier qu'il convient désormais d'agir. Visés : la moyenne et la grande industrie où le niveau de salaire est plus élevé que dans les services et qui, souffrant d'un déficit de rapport qualité/prix, sont mal armés face à la concurrence internationale. Problème : ce n'est pas un moyen, en tout cas à court terme, de lutter contre le chômage.
Habile, cet appel ne se contente pas de revendications « syndicales ». Il fait une part à la formation, offre même un satisfecit au gouvernement pour les contrats de génération et convoque même le dialogue social pour preuve de sa bonne volonté en soutenant la négociation en cours sur la sécurisation de l'emploi. Un petit passage convenu sur l'innovation, une invitation à exploiter « nos ressources nationales comme les gaz de schiste » et, attention, c'est un petit bijou de litote : « il faut rester pragmatique dans la mise en œuvre de la transition énergétique ». En clair, ne venez pas nous saboter le travail avec des normes ou une fiscalité trop exigeantes. Et de conclure, pour faire bonne figure, par un volet bonne gouvernance des entreprises qui prévoit le vote (consultatif seulement) des rémunérations de dirigeants en assemblée générale et la limitation à deux du nombre de postes d'administrateurs pour les dirigeants mandataires sociaux.
C'est donc un programme économique très politique. En empruntant une voie nouvelle pour se faire entendre, les grands patrons fragilisent un Medef qui n'avait déjà pas vu venir le coup des Pigeons. Ils signifient au gouvernement qu'en s'apprêtant à enterrer pour partie le rapport Gallois - dont le cousinage avec cet appel apparaît manifeste - , il prend un risque grave pour le rétablissement de la compétitivité. Ce pas de côté revendicatif, assumé par certains patrons que l'on ne peut soupçonner de radicalisme libéral puisqu'ils sont membres de l'Afep - constitue un événement beaucoup plus considérable même s'il n'a pas le même écho médiatique que la révolte des Pigeons dont les ressorts pouvaient apparaître très corporatistes.
Après avoir abandonné l'idée d'un choc de compétitivité au profit d'une « trajectoire » dont on devrait avoir les détails le 6 novembre prochain au lendemain de la remise du rapport Gallois, François Hollande se retrouve désormais pris en étau. Entre une sorte d'unanimité qui prend corps pour ce fameux choc et un impératif de soutien minimum à la croissance au moment où la montée du chômage peut transformer l'exigence sociale en une véritable urgence. Le nouveau président ,qui n'aurait pas détesté être celui du temps long, doit commencer à penser que cela va un peu vite.

Droit de vote des étrangers : un boulet pour Hollande

Après le psychodrame estival du traité européen, c'est une nouvelle pomme de discorde entre le gouvernement et sa majorité.

Depuis que la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a laissé entendre, la semaine dernière, que le projet de loi sur le droit de vote des étrangers aux élections locales pourrait être reporté après les municipales de 2014, les ­mises en garde se multiplient au PS. Elles ont redoublé à Toulouse, plusieurs ténors du parti montant en première ligne.
«Sur le droit de vote des étrangers, je serai d'une grande tristesse si nous n'arrivons pas à l'appliquer d'ici à 2014», a lancé samedi l'ancienne première secrétaire Martine Aubry. Le ministre délégué chargé de l'Économie sociale et solidaire, Benoît Hamon, bien décidé à reprendre la main alors qu'il se sait en perte de vitesse parmi ses anciens amis de l'aile gauche du PS, a enfoncé le clou: «Cet engagement-là n'est pas ouvert à la négociation avec je ne sais qui», a-t-il martelé devant les militants, qu'il sait très attachés à l'engagement numéro 50 du candidat Hollande. «Il est des symboles dont l'impact sur la cohésion sociale est bien plus important que les quelques milliards du budget de l'État», a-t-il poursuivi. Le ministre s'est même dit prêt à «faire campagne» parmi les parlementaires pour les convaincre. La députée de Seine-Saint-Denis et ancienne garde des Sceaux Élisabeth Guigou, qui lui succédait à la tribune, a remis ça: «Tenons nos engagements!» a-t-elle tranché.

Partie «perdue d'avance»

Ces mises en garde ont laissé Jean-Marc Ayrault de marbre. Le premier ministre n'a pas eu un mot sur le sujet, samedi, à la tribune, préférant s'attarder sur le non-cumul des mandats, autre symbole plébiscité par les militants. À droite, on se gargarise de cette frilosité gouvernementale sur un sujet hautement symbolique, promis par François Mitterrand il y a trente ans et jamais mis en œuvre.
Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, prédit une nouvelle «reculade». François Hollande et Jean-Marc Ayrault savent en effet qu'il leur sera difficile d'obtenir les deux tiers des voix des parlementaires sur ce texte qui exige que l'on modifie la Constitution. Une partie «perdue d'avance», n'hésite pas à conclure le maire de Lyon, Gérard Collomb. Quant au référendum, le président, qui redoute un désaveu, n'en veut pas.
Soucieux d'imprimer sa marque, pour son premier discours de premier secrétaire, Harlem Désir s'est emparé du sujet, dimanche. «Oui, a-t-il lancé, nous nous battrons pour le droit de vote aux élections locales! C'est une question de dignité républicaine, d'égalité et de fraternité.» Sur la version papier de son discours, Désir était bien plus affirmatif: «Oui, nous donnerons le droit de vote aux étrangers», avait-il prévu de dire. Comme si le patron du PS avait déjà pris acte du recul de l'exécutif.

OUI, ILS DONNERONT LE DROIT AUX ÉTRANGERS  DE VOTER SOCIALISTE !!!

Grèce: un journaliste arrêté pour avoir publié une liste d'exilés fiscaux

Un journaliste grec a été arrêté dimanche pour avoir dévoilé les noms d'une mystérieuse liste de détenteurs grecs de comptes bancaires suisses, et doit comparaître devant le procureur d'Athènes.

Le journaliste Kostas Vaxevanis a publié quelque 2059 noms de la liste transmise en 2010 par , à l'époque ministre française des Finances.

Le prétend que la copie originale de la liste a disparu.

Les réseaux sociaux grecs bruissaient dimanche de commentaires après l'annonce par la police que «sur l'ordre du bureau du procureur d'Athènes», une était menée pour retrouver et arrêter le responsable de la publication du magazine Hot Doc.

«Au lieu d'arrêter les voleurs et les ministres violant la loi, ils veulent arrêter la vérité», a commenté Kostas Vaxevanis sur son compte Twitter samedi soir.

La liste provient de documents révélés par un employé de la banque HSBC en Suisse. Elle avait été transmise au gouvernement grec en 2010 par l'actuelle patronne du FMI Christine Lagarde. Le ministre grec des Finances de l'époque, George Papaconstantinou, qui en était le destinataire, a affirmé mercredi devant le Parlement qu'il ne savait pas ce qui était advenu de la version originale de la «liste Lagarde».

Le nouveau gouvernement de coalition issu des élections de juin avait d'abord exclu d'user contre les auteurs d'évasion fiscale des documents obtenus illégalement, avant de tourner casaque, confronté à la colère croissante de la rue face à une austérité accusée d'épargner les riches et les puissants.

Fête de l'Aïd : les chiffres du business de la consommation musulmane

Les musulmans célèbrent depuis vendredi la fête de l'Aïd-al-Adha (Aïd-el-Kébir), la "fête du sacrifice", il s'agit pour les fidèles de perpétrer le sacrifice du mouton. Le nombre potentiel de consommateurs des produits halal en France est estimé à 5 millions.

Lors de la fête de l'Aïd-el-Kébir, les familles musulmanes de France seraient 150 000 à sacrifier un mouton, un bélier, une chèvre ou parfois un bovin. En termes de chiffres, combien cela rapporte-il à l'économie ?

Abbas Bendali : Nous n’avons pas estimé ce que cela représente précisément en termes de chiffres, mais il est clair qu’il y a un pic de consommation au moment de l’Aïd. Il y a un nombre conséquent de foyers qui respecte la tradition du sacrifice du mouton. Un agneau représente tout de même un budget d’environ 200 euros, ce qui est conséquent. Par ailleurs cette fête dure deux à trois jours. L’achat de ce mouton est ce qui pèse le plus dans ces dépenses, qui comprennent également l’achat de gâteaux et de boissons. Sur la période du ramadan, cela dure un mois. Bien sûr, les musulmans jeûnent mais il y a une augmentation de consommation durant cette période. Il s’agit d’une période durant laquelle les fidèles vont se faire plaisir en consommant davantage de viandes, en cuisinant davantage de plats.
Traditionnellement pour l’Aïd, on achetait des vêtements neufs pour les enfants, aujourd’hui on constate qu’il s’agit plus largement de l’achat de cadeaux. La consommation n’est pas uniquement alimentaire.

Le halal représente-t-il un gros business pour l’économie française ?

Oui, c’est un business conséquent. Aujourd’hui, la viande représente l’essentiel du marché du halal. On estime que cette consommation pour les achats domestiques est de 4,5 milliards d’euros par an en France et on estime le nombre potentiel de consommateurs à 5 millions de personnes aujourd’hui. On observe au cours de ces dernières années, le développement de produits élaborés composés à partir de viande, comme la charcuterie, les plats cuisinés, les soupes, les bouillons, etc… Ce sont des produits en plein développement avec des gammes et une distribution de plus en plus larges grâce aux circuits de la grande distribution.
Existe-t-il d’autres produits de "consommation musulmane" ? Que représentent ses produits en termes de ventes ?
On parlera plutôt de produits orientaux. Il y a les sodas identitaires ou ethniques, par exemple. Il s’agit de marques de sodas de pays du Maghreb (tunisiennes, marocaines, algériennes), aux côtés desquelles on retrouve les marques de grands groupes internationaux comme Coca cola et Pepsi co, qui existent dans les pays du Maghreb et se se développent aujourd’hui dans l’hexagone.
Ce sont des produits que les gens ont connu dans leur pays d’origine, ou pour les plus jeunes à travers les vacances passées dans le pays d’origine des parents. Les produits comme la semoule de couscous se développent également. Des groupes, comme le groupe algérien Benamor ont des ambitions pour le marché français.
Le lait fermenté fait également parti aujourd’hui des produits de la consommation courante des originaires du Maghreb. On sait que 60/70% des populations issues du Maghreb consomment des sodas identitaires, les chiffres sont à peu près les mêmes sur le lait fermenté et la semoule.

Quelle évolution connaît aujourd’hui ce marché ? Ce marché a-t-il un fort potentiel ?  

Ce marché est en pleine expansion, plus particulièrement le marché du halal. On sait qu’en 2011, il y a eu une progression de 10% sur les produits en libre-service. Les rayons halal se développent, notamment sous des appellations "saveurs du monde", "exotiques", qui offrent à leurs consommateurs au-delà des produits halal, des produits plus typiques.

Le marché français de la consommation musulmane est-il plus développé par rapport aux autres pays européens ? Quels sont les principaux canaux de distribution ?

Je ne connais pas bien le marché européen, mais la France compte davantage de personnes originaires du Maghreb parmi sa communauté musulmane. Mais nous avons rencontré des industriels allemands lors d’un séminaire qui convenaient que la France était extrêmement avancée sur le marché du halal, notamment grâce à la grande distribution. En termes de visibilité, de distribution, d’offre de produits, ils ont été surpris par l’avance du marché français.
Néanmoins, la grande distribution n’est pas le principal canal de distribution des produits halal, et plus largement des produits orientaux. Ce marché reste aujourd’hui dominé par les commerces traditionnels, les boucheries musulmanes, les supérettes orientales et où pour la fête de l’Aïd, beaucoup de foyer vont acheter leur mouton directement à la ferme.


"Nous, dirigeants des plus grandes entreprises…"

Les PDG des 98 plus importantes sociétés françaises pressent le président de la République de baisser le coût du travail. Voici leur appel.

"Nous, dirigeants des plus grandes entreprises privées françaises, proposons au gouvernement un pacte pour relancer la croissance et l'emploi. Il traduit notre ambition pour la France et est conçu dans un esprit de dialogue. La France affiche un déficit sans précédent de son commerce extérieur, de ses paiements courants, de ses finances publiques et de ses comptes sociaux. Les marges de nos entreprises sont historiquement basses. Le chômage sape la cohésion sociale et exclut notre jeunesse. La France doit se transformer en profondeur. Il est urgent d'agir maintenant et collectivement. Nous préconisons une réponse globale adossée à des mesures simples et concrètes.

Compétitivité

Baisser le coût du travail et rendre l'État plus économe
1) Avec une dépense publique record de 56% du PIB, nous sommes arrivés au bout de ce qui est supportable. L'État doit réaliser 60 milliards d'euros d'économies (3 points de PIB) au cours des cinq prochaines années.
2) Pour les entreprises, il faut baisser le coût du travail d'au moins 30 milliards d'euros sur deux ans, en réduisant les cotisations sociales qui pèsent sur les salaires moyens (2 smic et plus). Un transfert financé pour moitié par un relèvement de la TVA de 19,6% à 21% (la moyenne européenne) et l'autre moitié par une baisse des dépenses publiques.
3) Il faut garantir aux entreprises un environnement fiscal favorable et stable en baissant notamment l'impôt sur les sociétés pour le ramener au niveau de nos voisins européens.

Emploi et formation

Intégrer les jeunes et établir un meilleur dialogue social en amont
1) À côté des contrats de génération que nous soutenons, nous voulons promouvoir une "plate-forme pour l'emploi des jeunes". Elle favorisera les emplois d'insertion, des actions d'embauche inter-entreprises, la mise en réseau de nos centres de formation et le développement de l'apprentissage.
2) Il est vital d'instaurer un dialogue social ouvert très en amont pour permettre aux entreprises de s'adapter aux aléas de la conjoncture. C'est l'objet de la négociation sur la sécurisation de l'emploi que nous soutenons.

Innovation

Créer un véritable écosystème
1) Pour donner à notre pays toutes ses chances, il faut préserver le crédit d'impôt recherche.
2) Garantir une offre de capitaux large et dense pour financer les projets à travers des leviers comme la Banque publique d'investissement (BPI), les investisseurs privés et les ressources du fonds d'amorçage du commissariat général à l'investissement.
3) Continuer à nous rapprocher du monde de la recherche publique dans le cadre des pôles de compétitivité.
4) Concentrer les moyens sur une quinzaine de secteurs d'avenir comme la santé, les sciences du vivant ou les technologies de l'efficacité énergétique.

Environnement-Énergie

Lutter contre le changement climatique sans abîmer notre compétitivité
1) Il faut se donner les moyens d'explorer et d'exploiter nos ressources nationales comme les gaz de schiste.
2) Rester pragmatique dans la mise en œuvre de la transition énergétique, qu'il s'agisse de réduire nos émissions de CO2 ou notre exposition à la production d'électricité d'origine nucléaire.
3) Développer des réponses technologiques à tous ces défis où nos entreprises ont acquis un vrai savoir-faire.

Gouvernance et image des entreprises

Renforcer notre code de gouvernance
Notre code de gouvernance Afep-Medef est déjà l'un des plus stricts au monde mais nous sommes prêts à le modifier en :
 1) soumettant les rémunérations des dirigeants à un vote consultatif des actionnaires lors de l'assemblée générale annuelle ;
 2) créant un haut comité du gouvernement d'entreprise habilité à intervenir auprès des conseils d'administration ;
 3) limitant à deux le nombre de mandats d'administrateurs pour les dirigeants mandataires sociaux. 
Les conditions du succès sont simples : agir sur tous les fronts, s'inscrire dans le cadre de l'Europe et organiser les conditions d'un dialogue entre toutes parties prenantes, pouvoirs publics, partenaires sociaux et entreprises. Nous avons besoin de tous les entrepreneurs, créateurs, managers et investisseurs. Cessons d'opposer PME et grandes entreprises. Nous, dirigeants des plus grandes entreprises françaises, nous nous sentons profondément attachés à notre pays."
La liste intégrale des adhérents à l’Afep (Association française des entreprises privées) et la composition de ses groupes de travail :

Le quinquennat et les bouleversements des institutions ont-ils tué le Premier ministre ?

L'élection du Président de la république au suffrage universel direct fête ses cinquante ans le 28 octobre. Malgré la distribution des rôles dans la Constitution, les relations entre le Président et son Premier ministre restent fortement dépendantes de la personnalité du chef de l'Etat.

Qu'est-ce qui a changé dans le rôle du Président de la République avec le suffrage universel direct ?

Didier Maus : Rien n’a vraiment changé pour le général de Gaulle. Tout a changé pour ses successeurs. En 1962 le général de Gaulle a été, de fait, confirmé par le référendum du 28 octobre et la victoire de l’UNR-UDT aux élections législatives de novembre. Il a exercé son pouvoir de la même manière avant et après le référendum, mais avec un horizon plus dégagé. La séquence de l’automne 1962 (renversement du gouvernent Pompidou, dissolution de l’Assemblée nationale, référendum, élections législatives, le tout en moins de deux mois) est la dernière étape de la crise politique et institutionnelle ouverte le 13 mai 1958. Raymond Aron a d’ailleurs considéré qu’il s’agissait de la deuxième naissance, la vraie, de la Ve République. Avant le référendum, il y  avait un risque de retour vers la IVe République, même avec la Constitution de 1958 ; après il y a une confirmation de l’adhésion des Français au nouvel équilibre des pouvoirs.
Il n’en demeure pas moins que c’est à cause du changement de mode d’élection du Président de la République que le général de Gaulle a été mis en ballotage en décembre 1965, qu’il a été obligé de faire campagne au second tour contre François Mitterrand et que, même s’il a gagné, il n’est plus « au-dessus » des partis. Le parcours ultérieur de François Mitterrand (le Programme commun de la gauche de 1972, sa victoire en 1981) découle directement de sa position de chef de l’opposition, née de ses 44,5% le 19 décembre 1965.
L’élection du Président de la République au suffrage universel direct a profondément transformé non seulement le statut du Président, mais a bouleversé la vie politique française. Elle est devenue l’élection centrale, reléguant, sauf périodes de cohabitation, les élections législatives au second rang. Désormais le Président de la République est obligé de tirer la logique de son extraordinaire légitimité démocratique. Il ne peut plus se mettre en retrait. Son dialogue avec les Françaises et les Français constitue nécessairement le socle de son programme et engage sa responsabilité s’il se représente à l’élection suivante. Les défaites de Valéry Giscard d’Estaing en 1981 et de Nicolas Sarkozy en 2012 répondent à cette logique.

L'équilibre des pouvoirs entre le Président et le Premier ministre a-t-il été bouleversé suite à l'adoption du quinquennat ?

La modification essentielle est la coïncidence des calendriers. Le Président de la République, la majorité de l’Assemblée nationale et le Gouvernement ont désormais le même horizon. La disparition, pour l’instant, des élections politiques intermédiaires aligne la durée de l’exercice du pouvoir en France sur la moyenne des autres pays européens. Il est évident que si le Président de la République envisage de se représenter, il est obligé de « diriger » l’action du Premier ministre et du Gouvernement. Il leur appartient, ensuite, d’aménager leurs relations en fonction des circonstances et, surtout, de leurs tempéraments. Le Premier ministre demeure responsable devant l’Assemblée nationale, c’est-à-dire en fait de devant sa majorité.
Il sera intéressant, un jour, après 2017 peut-être, de voir comment fonctionne la relation Président/Premier ministre lors du second mandat du Président, puisqu’il sera dans l’impossibilité de se représenter et que le Premier ministre aura une tendance naturelle à se considérer come un candidat potentiel.

On a beaucoup parlé de "l'hyperprésidence" de Nicolas Sarkozy. Était ce du à sa personnalité ou au fonctionnement des institutions?

 Il y a nécessairement conjugaison entre le statut constitutionnel et la personnalité. Il est incontestable que Nicolas Sarkozy s’est comporté en véritable chef de gouvernement et de majorité. Il a poussé le plus loin possible l’emprise du Président de la République sur le système de décision, au risque, parfois, d’aller vraiment trop vite et trop loin. A partir du moment où la majorité de l’Assemblée nationale est obligée (à tort ou à raison) d’être disciplinée autour du Président et que l’existence du Gouvernement, à la fois dans son être collectif et dans les situations individuelles, dépend totalement du Président de la République, il y a une situation de fait qui dépasse les mécanismes constitutionels. 

Les difficultés actuelles du gouvernement de François Hollande et Jean-Marc Ayrault (baisse de popularité, couacs) peuvent-elles s'expliquer par une ambiguïté dans la distribution pouvoirs?

Non. Je crois que les difficultés d’aujourd’hui, réelles, proviennent avant tout d’un  fonctionnement encore mal organisé du processus de décision interne au trio Président/Gouvernement/Majorité. Il y a des différences fondamentales entre la manière dont l’autorité s’exerce dans un parti politique, surtout dans l’opposition, et la manière dont fonctionne l’État. Il est indispensable que le Président bénéficie d’une autorité non seulement constitutionnelle, mais également naturelle à l’égard du Gouvernement, de la majorité et des partis de la majorité. Lorsqu’il est devenu Président de la République en 1981 François Mitterrand était le chef incontesté de l’Union de la gauche. Il savait incarner le pouvoir à l’égard de sa majorité et, le cas échéant, faire preuve d’autorité, par exemple en 1983/1984, avec les changements de gouvernement et le départ des ministres communistes.
Soit il faut que les décisions essentielles soient véritablement prises par le Président, soit que celles du Premier ministre bénéficient automatiquement du soutien du Président. 

Avec le Comité Balladur, Nicolas Sarkozy avait entamé une réforme des institutions, faut-il aller jusqu'au bout et adopter un régime présidentiel à l'américaine?

J’ai toujours considéré que le régime présidentiel « à l’américaine », qui n’existe dans aucun pays de l’Union européenne, est impossible en France. Il y a une différence fondamentale entre la France et les États-Unis : le fédéralisme. Les États-Unis sont une fédération de 50 entités (les Etats) qui ont délégué une partie de leurs compétences (le moins possible) aux institutions centrales, Président, Congrès et Cour suprême. La réalité du pouvoir politique (fiscalité, droit civil, droit pénal,  services sociaux,…) quotidien se trouve dans les états. Il y a aux États-Unis une crainte maladive d’un trop grand pouvoir central.
L’histoire de la France est totalement différente. Elle s’est faite autour d’un pouvoir central fort, même parfois très fort. On voit bien que même les plus ardents partisans de la décentralisation veulent mettre en place des mécanismes nationaux de solidarité. Dans ces conditions le régime présidentiel, qui est plus faible que l’on le croit, n’est pas l’idéal de la République. Il serait bien préférable de se demander comment évoluer vers un régime parlementaire stable et efficace. C’est impossible, en France, avec l’élection du Président de la République au suffrage universel direct.

AVEC HOLLANDE LE SUFFRAGE UNIVERSEL A TOUCHÉ LE FOND.
CHANGEONS DE MODE DE SCRUTIN.
ABATTONS L'ERREUR ET RECOMMENÇONS DE ZÉRO