TOUT EST DIT

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jeudi 24 juillet 2014

“Morale” ministérielle et égalité des droits

C’est le 3 juillet, en catimini, que le projet de programme “d’enseignement moral et civique” (EMC) devant être appliqué à la rentrée 2015 a été dévoilé par Benoît Hamon. Il s’agit d’amener « à penser et à agir par soi-même et avec les autres […] ; à comprendre le bien-fondé des règles régissant les comportements individuels et collectifs, à y obéir […] ; à reconnaître le pluralisme des opinions, des convictions, des croyances et des modes de vie ; à construire du lien social et politique ». L’absence de distinction entre le domaine moral et le domaine civique et légal est totale. Et dans les « connaissances » qui doivent être enseignées, on ne retrouve jamais de référence au bien ou au mal, uniquement au juste et à l’injuste.
Dès le CP, on parle des droits et devoirs « de la personne, de l’élève, du citoyen », la principale illustration concernant « les droits égaux des garçons et des filles dans toutes les situations » ; parmi les « connaissances », on note « la tolérance […] les atteintes à la personne d’autrui (racisme, sexisme, xénophobie, homophobie, harcèlement), […] la charte de la laïcité à l’école, […] la sensibilisation à l’injustice et aux préjugés ». Ainsi, grâce à la lutte contre l’homophobie, on pourra présenter la dualité des sexes comme une simple convention sociale. Et sera disqualifiée toute affirmation selon laquelle l’enfant doit pouvoir bénéficier de l’altérité sexuelle de ses parents.
Pour les plus grands, c’est la continuité ; au collège on mentionne « l’égalité et la non-discrimination, […] la dimension biologique de la diversité humaine, sa dimension culturelle, l’expression littéraire de l’inégalité et de l’injustice ». Derrière cette dimension biologique de la diversité, ne se cachet- il pas une remise en cause de l’affirmation simple de la dualité des sexes ?
Par ailleurs, il est prévu que les futurs maîtres suivent une formation spécifique. L’EMC « a un contenu spécifique clairement identifié et suppose […] l’appropriation des concepts qui l’organisent (autonomie, norme, égalité des droits, citoyenneté, laïcité…), l’initiation aux grands courants de la philosophie morale et aux théories psychologiques du développement moral ».
Outre une légitime interrogation sur lesdites théories, ici transparaît clairement l’idéologie de l’égalité des droits selon laquelle chaque individu (dont le sexe n’est qu’une caractéristique assignée à la naissance) aurait le droit de remplir n’importe quel rôle vis-à-vis de la société et donc de la filiation. Cette conception de l’égalité conduit à l’indifférenciation (en particulier celle des sexes), elle est étrangère à l’idée chrétienne d’égalité (l’égale dignité de tous les hommes devant Dieu) comme à celle de la Déclaration des droits de 1789, qui, elle, fait référence à l’égalité devant la loi.
La partie morale de l’EMC se réduit à la tolérance et à la non-discrimination, elle est en fait une roue de secours d’un enseignement civique dont les buts sont de démontrer la justesse des lois actuelles et d’interdire de contester la valeur de l’égalité des droits. Le texte avertit d’ailleurs qu’on ne pourra permettre« une réticence, voire une abstention, dans l’affirmation des valeurs transmises. Les enseignants et les personnels d’éducation sont au contraire tenus de promouvoir ces valeurs dans tous les enseignements et dans toutes les dimensions de la vie scolaire ».
Après un simulacre de concertation, les programmes officiels seront validés et en mai prochain les collèges n’auront le choix qu’entre cinq ou six manuels d’EMC faisant de la surenchère dans le “bien-pensant”.
Cette morale ministérielle a clairement peu de rapport avec celle que les parents veulent transmettre à leurs enfants. Ne va-t-on pas opérer un grand écart dont les élèves seront les victimes ? L’enseignement catholique pourra-t-il manifester son désaccord avec l’EMC, dont le contenu est en opposition avec la morale qu’il essaye de faire passer dans ses cours de catéchèse ? En vertu du caractère propre dont il bénéficie, il en a le pouvoir. Cela permettra peut-être par ricochet de soulever la chape bien-pensante qui est en train de s’abattre sur l’enseignement public.

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