François Hollande l’assure : « Commémorer, c’est savoir d’où l’on vient ». Et aussi où l’on va, devrait-il ajouter. Les célébrations de la Première Guerre mondiale offriront une occasion bienvenue de saluer le sacrifice de patriotes valeureux, l’amitié franco-allemande et l’Europe de la paix. Bref, de fabriquer du consensus dans une nation en mal de repères.


Mais elles devraient aussi servir de base à une opération d’introspection nationale. Thème : les raisons de notre échec dans ce que le Président nomme à juste titre les « batailles économiques » d’aujourd’hui. Le chef de l’Etat en appelle à une « France forte », capable de peser ? Le décrochage français actuel évoque plutôt la sentence d’Anatole France, remonté à la veille des hostilités contre une classe politique incapable de grands desseins : « Leur génie est médiocre, comme leur puissance ».
Car bien avant août 1914 et prémices à l’étrange défaite de 1940, le pays perdait du terrain face à l’Allemagne et au Royaume-Uni, miné qu’il était par son démon égalitariste, par le rejet de la compétition internationale et la tentation protectionniste, par la défense de la boutique contre les grandes entreprises, par une méfiance vis-à-vis du progrès et de l’industrialisation. A la prise de risque entrepreneuriale, la France préférait déjà l’interventionnisme étatique, à la liberté contractuelle la loi, à la réussite individuelle le cadre collectif…
Le chef de l’Etat peut, en guise de mobilisation, demander aux Français « de faire bloc » en 2014 comme en 1914. Mais ses discours mémoriels resteront creux, sans écho tant que le carcan idéologique interdira de tirer les leçons de cette histoire, si cruciales pour notre lien avec l’Allemagne et notre place dans l’Europe.