TOUT EST DIT

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mercredi 20 août 2014

Rentrée sinistrée

Rentrée sinistrée
?Le professeur Hollande appréhende beaucoup cette rentrée politico-sociale, dont la date se rapproche inexorablement et où il craint d’être fortement chahuté. Y compris dans son propre camp. Voici venu le temps des échéances, et celles-ci sont lourdes. Et plus question d’entourloupes verbales pour faire passer la pilule. Même les électeurs de gauche ne croient plus au discours du président de la République et à son sempiternel : « Ça ira mieux demain ! » L’hypnotiseur a perdu son fluide : il n’endort plus personne. Les lendemains hollandais ne chantent plus : ils crissent, grincent et gémissent ! L’inverseur de la courbe du chômage a pris celle-ci, tel un ressort trop tendu, en pleine figure. Le « réenchanteur » proclamé du « rêve français » a transformé celui-ci en cauchemar.

Chômage, fiscalité, professions réglementées, réforme territoriale, rythmes scolaires, autant de dossiers hautement inflammables. Sans oublier celui de la GPA. La Manif pour tous, comme le savent nos lecteurs, appelle à la mobilisation le 5 octobre prochain. De son côté, l’extrême gauche va sans doute appeler à descendre dans la rue, avec l’espoir d’amalgamer les mécontentements. Mais, pour l’instant, la GPA divise le PS. Jacques Delors, Jospin et son épouse, Sylviane Agacinski, soutenus par une soixantaine de personnalités du PS, « enjoignent » à François Hollande « de s’opposer publiquement à l’admission par le droit des contrats de mères porteuses », afin de « ne pas voir se constituer un marché des bébés ». Quitte à s’opposer frontalement à la Cour européenne des droits de l’homme… Qu’ils rejoignent donc la Manif pour tous !
Duflot, Montebourg, Aubry…
Dans ce contexte tempétueux, Le Monde identifiait mardi trois personnalités du PS « susceptibles » de mener une guérilla interne et de surfer, à l’intérieur de la gauche, sur ces vagues de mécontentement s’apprêtant à déferler : Cécile Duflot, Arnaud Montebourg et Martine Aubry.
Duflot ? L’ex-ministre démissionnaire sortira lundi prochain, aux éditions Fayard, un livre sur son expérience gouvernementale : Voyage au pays de la désillusion. Mais n’est-elle pas elle-même une grosse désillusion pour les adhérents et électeurs d’EE-LV ? Son passage au ministère du Logement constitue un tel ratage – elle apparaît aujourd’hui comme une sorte d’Attila de l’immobilier – que son discrédit l’empêchera de jouer un rôle de leader dans une contestation anti-Hollande au sein de l’actuelle majorité. Très peu probable de voir, à côté des bonnets rouges, émerger un mouvement de bonnets verts avec Cécile Duflot comme égérie.
Montebourg ? Son sondage à 10% du début août semble lui avoir – momentanément ? – cassé la voix. Et douché quelque peu ses ambitions…
Aubry ? Les sarcasmes qu’elle a lancés ces dernières semaines contre la politique du gouvernement ressemblent à des galops d’essai. Et puis, pas question pour elle de laisser sans réagir sa région du Nord-Pas-de-Calais fusionner avec la Picardie. « C’est une aberration économique et sociale. On est en train de faire du Monopoly, de jouer à Sim City sans demander l’avis des élus concernés. » Et surtout, Martine Aubry voit dans la fusion de ces deux régions l’ombre menaçante du Front national. Celui-ci, lors des européennes de juin dernier, est arrivé à 35% dans le Nord-Pas-de-Calais, et il a rassemblé plus de 38% en Picardie. En cas de mariage des deux régions, le parti de Marine Le Pen serait en position, l’année prochaine, d’emporter cette méga-région. Martine Aubry en a des sueurs froides… Si, à la faveur d’une contestation à gauche de la réforme territoriale en chantier, elle prenait la tête des frondeurs, elle pourrait certainement, dans ce climat de grandes turbulences, entraîner derrière elle des déçus de Hollandisme et des anti-Valls. Cela fait pas mal de monde. Mais pour aller où ? Pêcher à la ligne au bord du Rubicon qu’elle n’aura sans doute jamais l’audace de franchir ?
Il y a un quatrième larron, que Le Monde ne cite pas et qui pourtant existe, et même un plus que les autres puisqu’il détient sur eux l’avantage de diriger le PS : Jean-Christophe Cambadélis. 
A la conquête du pouvoir
L’ancien agitateur trotskiste (du courant lambertiste, le plus dur), spécialiste en intrigues politiques de tous genres, pourrait bien être tenté, en cas de tourmente, de jouer les premiers rôles. « Conquérir le pouvoir, c’est ce qu’il sait faire de mieux. » A 63 ans, si l’occasion se présente, Cambadélis ne manquera pas de la saisir, elle qui lui permettra de prendre sa revanche sur ses déboires passés : ses ennuis judiciaires (emplois fictifs de la MNEF) l’ont empêché, en 1997, d’être nommé à la tête du PS. Et si, en 2011, Strauss-Kahn n’avait pas trébuché sur la moquette du Sofitel new yorkais, l’actuel premier secrétaire du PS aurait eu de bonnes chances d’être son Premier ministre. Il peut de nouveau, en cas de grand chambardement, entrevoir Matignon… Cette fois dans le sillage d’un autre strauss-kahnien : Manuel Valls, si celui-ci parvenait à l’Elysée. Ce serait la revanche de DSK. L’objectif est, certes, loin d’être atteint, mais rien n’empêche les deux compères d’y travailler. C’est ce que redoute François Hollande.
Pour ce dernier, il s’agit en quelque sorte, lors de cette reprise de la vie politique, de réussir ce que les footballeurs appellent : une rentrée en touche. Sauf que François Hollande ne sait plus très bien dans quelle direction et vers qui envoyer le ballon… 

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