TOUT EST DIT

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lundi 1 septembre 2014

Le partage, c’est vraiment trop libéral : interdisons-le !

Internet a permis de nombreux développements, notamment celui des sites d’entraide et de partage ou la mise en relation entre particuliers. Du covoiturage à la récupération, de la location de logements inoccupés au prêt entre particuliers, c’est tout un écosystème qui se développe, offrant des solutions moins chères voire gratuites aux consommateurs. Parfois en concurrence avec des entreprises, ces services créent souvent des opportunités inexistantes.
Adèle, 23 ans, est pionnière de BlaBlaCar, site leader de covoiturage. « À l’origine, je n’avais pas le choix pour faire Saumur-Rennes où la SNCF ne propose pas de train direct. »
Mais ce n’est pas au goût de tout le monde. Les professionnels de l’hôtellerie ne voient pas d’un bon œil la concurrence d’AirBnB, et les taxis refusent la concurrence d’alternatives moins coûteuses ; tous deux ont obtenu de l’État qu’il mette des bâtons dans les roues des nouveaux entrants sur leur marché.
Pour Bouldié Chartier-Beffa :
Dès lors que cette mise en réseaux, qui s’affranchit des intermédiaires, se généralise, « on a affaire à un libéralisme sauvage, non structuré qui s’exprime ». Au détriment de l’économie traditionnelle. [...] Biouldé Chartier-Beffa prône une régulation d’urgence de ce marché par les pouvoirs publics, car « ces starts up [sic] n’ont pas les mêmes charges que leurs homologues traditionnelles ni les même salariés, ni les mêmes taxes. » La « guerre » a bien commencé : il suffit de voir la violente opposition entre Uber et les taxis ou entre Rbnb [sic] et l’hôtellerie. « Et, demain, la multiplication des services à domicile est une vraie menace ».
Des solutions innovantes offrant aux citoyens des possibilités nouvelles et plus avantageuses, c’est bien trop libéral, et ça crée une concurrence à l’économie traditionnelle. Vite, règlementons, taxons, interdisons !
Cette concurrence néolibérale débridée, ce capitalisme sauvage qui s’exprime par le partage et l’échange entre adultes consentants menacent directement l’économie. Pour endiguer l’invasion du libéralisme, il faut aller plus loin, et en finir définitivement avec le gratuit et le pas cher, avec le don, l’échange et le service entre particuliers. Interdire non seulement AirBnB, mais aussi Couchsurfing.
Il faut en finir avec le coup de main donné à un ami pour repeindre son salon, qui part d’une bonne intention mais fait concurrence aux artisans locaux. Interdire aux Français d’héberger un ami en plein déménagement, ou de garder pour lui quelques cartons dans un coin du grenier, pour sauver les hôtels et garde-meubles.Traquer les naïfs qui pensent qu’inviter un collègue à diner est un geste innocent et bienveillant sans se rendre compte qu’ils mettent ainsi en péril tout le secteur de la restauration. Pourchasser ceux qui offrent ou vendent pour un prix modique les vieux meubles dont ils n’ont plus l’usage. Enfermer ceux qui prêtent de l’argent à un voisin dans le besoin, et lui évitent de payer des frais bancaires. Il faut en finir avec tous ces pirates. Que dire de la colocation, qui évite à chacun d’avoir à louer son propre appartement ? Ou de l’auto-stop, ce covoiturage gratuit et sauvage face auquel les professionnels du transport sont désarmés ?
Ce n’est pas seulement l’écosystème de la mise en relation entre particuliers qu’il faut tuer dans l’œuf, mais l’idée même de la solidarité et du partage.
À moins de considérer que ces échanges nouveaux entre particuliers, gratuits ou bon marché, ne regardent que ceux qui y prennent part. Qu’il n’y a aucune raison de protéger des modèles simplement parce qu’ils font face à une concurrence nouvelle, aucune raison de privilégier le payant au gratuit, aucune raison pour que les particuliers ne puissent pas librement échanger, directement ou via des intermédiaires, gratuitement ou non.
Et de considérer que c’est au consommateur de choisir, parmi une offre aussi large que possible, s’il préfère économiser sur l’hébergement ou bénéficier des services d’un hôtel, s’il préfère louer une voiture à un particulier ou bénéficier des services et de la flexibilité d’un loueur, s’il veut des meubles neufs ou s’accommode volontiers d’anciens.
Mais ça, bien sûr, c’est du libéralisme sauvage : no pasaran !

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