Piédestal : ce qui présente à l’admiration de tous. Déjà secoué par une polémique sémantique, le ministre de l’Economie a sans doute déclaré à dessein qu’il ne fallait pas mettre les 35 heures sur un piédestal. Point d’adoration totémique chez Emmanuel Macron, mais un « pragmatisme juste ». Pas de tabous (à respecter), mais des verrous (à faire sauter). Avant sa nomination, il avait osé réclamer plus de souplesse pour les entreprises. Ce n’était donc pas une erreur de débutant, mais une conviction de pratiquant.
Davantage que l’audace, c’est la manière qui interpelle. Il faut décrypter le vade-mecum du social-libéral de Bercy. Il choquera de la gauche archaïque jusqu’à la droite étatiste. Que nous révèle-t-il en effet ? Qu’il faut donner à chacun le choix : « Qui serions-nous pour dire à quelqu’un qui souhaite [travailler plus] que c’est impossible ? ». N’en déplaise au Parti socialiste, l’Etat ne peut faire le bonheur des citoyens sans leur consentement… Le ministre explique aussi qu’avec les RTT, le travail de certains – et pas les plus favorisés – était devenu « plus difficile et aliénant ». Une manière de défendre le primat du contrat, des accords d’entreprises sur la loi par nature uniforme.
Emmanuel Macron pousse plus loin encore la déconstruction de la doxa socialiste en assurant que si « la loi fixe un cadre pour protéger le plus faible », « elle s’immisce dans tout, entrave, crée des blocages ». Du Montesquieu dans le texte… Il est trop tôt pour savoir si les Macronomics franchiront sans encombre le mur de la majorité. Mais il y a comme un air de renouveau bienvenu dans ce discours si éloigné des postures.