TOUT EST DIT

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samedi 29 mars 2014

22 mois de gouvernement Ayrault : entre lois avortées, retoquées ou ajournées, quel bilan concret ?


L'échec d'une tentative de dirigisme économique 

Gérard Thoris : Il devrait être clair pour tous que l’application du programme socialiste est un "succès". C’est un programme d’économie dirigée. Il connaît le succès de tous les programmes d’économie dirigée. On le vérifie encore à un autre critère. Dans les programmes d’économie dirigée, si les résultats économiques ne sont pas satisfaisants, c’est que l’économie n’a pas été assez dirigée. On y ajoute alors généralement une couche de règles jusqu’à la paralysie. Une fois celle-ci atteinte, il faut desserrer les liens, mais à contre-cœur, à la façon du Pacte de responsabilité. Qu’on se souvienne de la formule qui l’accompagne dans la bouche du président François Hollande : les contreparties « doivent être définies au niveau national et déclinées par branches professionnelles. Elles porteront sur des objectifs chiffrés d’embauches, d’insertion des jeunes, de travail des seniors, de qualité de l’emploi, de formation, d’ouvertures de négociation sur les rémunérations et de modernisation du dialogue social ». Les inspecteurs des contreparties auront la vie facile pour montrer que les entrepreneurs et dirigeants d’entreprise n’ont pas de parole. Les membres du Comité d’entreprise les relaieront dans une surveillance plus fine des flux financiers. Le dirigeant finira par penser que le mieux est de ne rien faire.
Dans un monde socialiste, les revenus appartiennent à l’Etat et ils sont concédés aux citoyens. C’est donc tout naturellement que le candidat à la présidence de la République a décidé de son plein gré de taxer à 75% les revenus qui dépassent un million d’euros par an. Cette idée a été condamnée et par les plus hautes instances de la République (Conseil constitutionnel et Conseil d’Etat), et par le principe de réalité. Quant au Conseil constitutionnel, il a considéré que la première mouture du projet introduisait une inégalité liée à la composition familiale (décembre 2012). Le Conseil d’Etat a surenchéri en estimant que ce taux était confiscatoire et en suggérant de ne pas dépasser 66%. Qu’à cela ne tienne, ce ne seront plus les salariés qui seront taxés, mais les entreprises ! Mais celles-ci sont sensibles au principe de réalité. Lorsqu’un impôt rend le coût d’un facteur de production trop élevé, elles cessent de l’utiliser. On ne pourra sans doute jamais le vérifier car, a priori, cette mesure ne concernait qu’environ un millier de personnes et, surtout, qu’il serait peu probable que le Parlement s’engage dans une évaluation de l’efficacité de la mesure. Mais enfin, c’est bien au mois d’août (2013) que Christophe de Margerie annonce le transfert de la gestion de trésorerie de Total à Londres. En dehors du choix du calendrier, il n’y a évidemment aucune relation de cause à effet. Mais on ne devrait pas être surpris que cet arbre cache la forêt des exilés fiscaux.
Si les revenus des riches sont concédés par l’Etat, les revenus des salariés modestes leur sont attribués par la même instance. Pour ceux-ci, l’employeur direct ne fait qu’appliquer les lois. On le voit avec le SMIC. On l’a vu avec la fin de l’exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires. Mais si le niveau du salaire minimum est supérieur au prix du marché, cela se traduit par un chômage dit « classique ». Dans la plupart des pays, cette question est traitée en limitant le salaire minimum à environ 50% du salaire médian. En France, ce taux est plus proche de 66 %. On aurait pu imaginer faire descendre ce ratio en limitant les fameux « coups de pouce » sur le SMIC. Mais, à partir de 1991, les différents gouvernements de la République ont préféré socialiser une partie du salaire en mettant certaines cotisations patronales à la charge de l’Etat. Ce faisant, les entreprises sont devenues des assistées ; on ne cesse de répéter qu’elles perçoivent des cadeaux sociaux ; on les menace de plus en plus sérieusement de rembourser ces cadeaux en cas de fermeture ! On ne sera pas surpris que, dans la ligne des douze rapports précédents sur la compétitivité, le rapport commandé à Louis Gallois préconise un allègement des charges sociales. On ne sera pas surpris non plus que, dans la ligne du Parti socialiste, cette préconisation n’ait pas été retenue. On lui a préféré le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Evidemment, les DRH y ont trouvé un argument de poids pour justifier l’existence de leurs services et ils ont pu montrer en Comité de direction les économies que cela allait représenter. Quant aux dirigeants de PME, malgré les avances de l’Etat, ils ont préféré l’attentisme. C’est sans doute pourquoi le Ministre de l’économie lui-même a cru devoir écrire à 300 000 dirigeants de PME pour « les informer »… Aujourd’hui, nous voilà bien embêtés. Faut-il maintenir le CICE en même temps que les sommes qui seront débloquées dans le cadre du Pacte de responsabilité ? Faut-il le supprimer alors même qu’il faut attendre la fin de l’année 2014 pour que, sauf avance, les entreprises en bénéficient effectivement ? Fera-t-il l’objet d’une demande de contreparties en bonne et due forme au sein du Comité d’entreprise ? Autant d’incertitudes sur un procédé d’intervention publique qui était supposé fonctionner à besoin en trésorerie nul pour l’Etat !
Pendant ce temps, la situation des chômeurs ne s’est pas améliorée. D’une certaine manière, on peut dire que « le droit au travail » a été remplacé par « le droit aux allocations de chômage ». Seulement, une partie des jeunes n’a droit ni à l’un, ni à l’autre. On a donc inventé le « contrat de génération ». Vraisemblablement, nos DRH ont d’abord ri sous cape. Lequel d’entre eux n’avait pas été alerté par les courbes démographiques ? A combien de rencontres n’ont-ils pas assisté où on leur expliquaient qu’ils devraient se battre pour seulement maintenir leurs effectifs ? Mais voilà que, pour accompagner ce phénomène, l’Etat allait leur donner de l’argent ! Ils n’avaient plus qu’à cueillir l’effet d’aubaine. Evidemment, presque personne ne s’est souvenu que les contrats de génération sont la forme socialiste des contrats d’insertion professionnelle. Celui-ci prévoyait en effet un volet « formation » dont le coût était partagé entre l’entreprise et le jeune – sous la forme d’une rémunération en pourcentage du salaire conventionnel ou du SMIC. Avec le « contrat de génération », le jeune a accès à un CDI au niveau minimum du SMIC et l’Etat prend en charge une partie du coût supporté par l’entreprise. Mais les contreparties administratives sont extrêmement précises, avec leur lot de documents CERFA (Centre d’enregistrement et de révision des formulaires administratifs) et les sanctions peuvent atteindre 1 % de la masse salariale ou 10 % du montant des exonérations de cotisations sur les bas salaires. Alors, si la négociation est obligatoire, il n’est pas sûr que les entreprises aient envie de faire entrer leurs embauches dans cette catégorie : on avait parlé d’un objectif à 500 000 contrats sur le quinquennat, soit un million d’emplois (Le Monde du 5 septembre 2012), le taux de réalisation du Plan est aujourd’hui de l’ordre de 2,5 % !
Alors, il faut faire un pas de plus. Si l’on ne sait pas à qui s’adresser personnellement pour créer une entreprise, on peut au moins viser les dirigeants qui ferment un atelier ! Comme toujours en France, il faut un bouc émissaire, ce sera le site de Florange – on a quand même évité de parler de loi ArcelorMittal contrairement à l’opprobre jetée sur une firme exceptionnelle qu’est Michelin. Avec cette nouvelle loi, la protection du salarié change de nature. De degré en degré, la protection du salarié au sein de l’entreprise avait été élargie. L’obligation de reclassement était passée du reclassement interne au reclassement externe (1998) ; les moyens à mettre en œuvre pour ce reclassement ont concerné l’établissement puis l’entreprise puis le groupe ; l’obligation de moyens est devenue une obligation de résultats. Au final, on avait inventé l’emploi à vie dans le secteur privé. Mais au moins, lorsque le bateau coulait, il était possible de mettre les salariés dans un canot. Aujourd’hui, le bateau coule parce que le dirigeant est incompétent et il doit trouver plus compétent que lui pour reprendre son patrimoine, évidemment dégagés des dettes et évidemment pour une somme symbolique ! Le Conseil constitutionnel y a trouvé quelque chose à redire. Mais on ne sait pas encore si son jugement final sera semblable à celui de 1982. On devrait chaque jour méditer le fait que « la liberté d’entreprendre » est devenue un droit constitutionnel en France au moment du plus grand programme de nationalisations simultanées de notre histoire !
Tout cela ne serait pas trop grave si le monde entier vivait des mêmes principes. Le génie français suppléerait aux pesanteurs étatiques et nous aurions même peut-être l’avantage comparatif du talent créateur. Mais notre monde fermé est au cœur d’une économie mondiale ouverte. Même ainsi, nous pensons encore avoir raison. Ce monde ouvert autour de nous est un monde d’injustices sociales, de concurrence effrénée, de dérégulations à outrance. S’il ne se convertit pas à nos principes, nous serons bientôt obligés de fermer nos frontières. N’est-ce pas, peu ou prou, ce que demandent deux partis politiques répartis aux extrêmes ? 

Le difficile accouchement de mesures "sociales" pour un résultat mitigé

Eric Verhaeghe : 
1 - L'instauration d'une consultation systématique des partenaires sociaux
En vérité, le principe d'une consultation systématique des partenaires sociaux dans le domaine du droit du travail a été posé par la fameuse loi Larcher de 2006, qui constitue l'article 1 du Code du Travail. La particularité de François Hollande est d'avoir de fait étendu cette logique à une multitude de sujets qui ne relèvent pas du Code du Travail et sur lesquels la légitimité des partenaires sociaux à intervenir est contestable. C'est évidemment le cas du pacte de responsabilité, dont on peut se demander s'il ne relève pas plutôt d'un acte de gouvernement classique. C'est surtout le cas de la réforme fiscale, sur laquelle les syndicats ont été les premiers entendus, alors qu'on peut douter de leur droit à s'exprimer sur l'impôt sur le revenu. 
Dans cette mécanique de questionnement, François Hollande a organisé son propre piège. Les consultations prennent du temps et surtout elles contraignent: si les syndicats s'expriment contre l'impôt à la source, il vous est ensuite difficile d'imposer cette mesure. J'ai cru comprendre que François Hollande lui-même mesurait l'inconvénient de son système, qui lui fait payer un prix très lourd, celui de la lenteur. Rappelons par exemple que, le 31 décembre, le président avait annoncé une loi en début d'année sur le pacte de responsabilité. Trois mois après son annonce, rien n'a véritablement bougé sur ce dossier. On ne sait toujours pas quels allégements vont être pratiqués, et les contreparties ont été embourbées dans une mécanique de négociations en cascade. 
2 - L'encadrement des loyers
La crise du logement est une réalité en France, et il est vrai que le gouvernement a voulu s'occuper de ses symptômes, notamment la cherté des loyers, plutôt que de traiter de façon innovante la question du manque de logements. C'est pourquoi la loi ALUR, et tout particulièrement son article 6, se focalise sur l'encadrement des loyers. Cette loi a fait l'objet d'une invalidation partielle par le Conseil Constitutionnel le 20 mars. La première chose qui saute aux yeux tient à la lenteur du processus. Alors que le taux d'effort des ménages en faveur du logement est de plus en plus lourd, et touche durement les milieux populaires, on aurait pu penser que le gouvernement se serait un peu plus empressé à mettre sa politique en place. La lenteur du processus laisse à penser qu'aucun effet sur les loyers ne se fera sentir avant 2015.
Là encore, le choix qui est fait (et qui ne déplaît d'ailleurs pas forcément aux professionnels du secteur), semble toujours rester périphérique et ne pas prendre le mal à sa racine. Il y a en France trop peu de terrains constructibles pour les logements. Cette rareté explique la cherté des logements. C'est ce sujet-là qu'il faut traiter.
3 - La création de 60 000 nouveaux postes dans l'éducation
L'Education connaît un superbe naufrage: en deux ans de présence, le ministre Peillon a patiemment détricoté ce qui marchait encore un peu, et il a lancé des initiatives dont aucune n'est véritablement achevée ni en état de marche, tout ceci avec force consultations publiques totalement creuses, et force déclarations en mode Troisième République qui montrent bien le passéisme dominant rue de Grenelle. 
Les 60 000 nouveaux postes sont en réalité des reconstitutions de surnombre qu'il avait fallu des années pour résorber partiellement. Il est en effet de notoriété publique que, pendant des années, voire des décennies, les ministres de l'Education ont géré leur stress de la rentrée scolaire en recrutant des surnombres pour pouvoir "boucher les trous" en urgence en cas de loupé début septembre. Le recrutement massif de ces enseignants nouveaux par le ministre Peillon a-t-il eu le moindre impact sur l'amélioration de la performance éducative? Bien sûr que non. Je rappelle que la Cour des Comptes a produit l'an dernier un excellent rapport sur la gestion des ressources humaines à l'Education Nationale, auquel le ministre n'a pas donné la moindre suite. L'Education Nationale demeure dans la logique de l'armée rouge au milieu des années 70: du nombre, du nombre, et du nombre, sans se préoccuper de réussite.
4 - Les zones de sécurité prioritaires
En dix-huit mois, le ministère de l'Intérieur a créé 80 zones de sécurité prioritaire, sans qu'on ne sache exactement les moyens exacts que tout cela a permis de dégager. Sur le fond, la tâche de Manuel Valls n'est d'ailleurs pas simple: depuis près de 20 ans, les effectifs policiers sont patiemment déplacés des zones criminogènes, comme on dit officiellement, vers les zones à faible criminalité. Tout cela est dû à l'absurde politique consistant à ouvrir des commissariats dans des villes sans problème et de petite taille, au détriment des quartiers les plus difficiles. Avec la complicité des syndicats de policiers qui voient dans ce système un excellent moyen pour assurer des deuxième partie de carrière paisibles aux collègues les plus fatigués.
Comme sous Sarkozy, le ministère de l'Intérieur est parti dans une bagarre de chiffre pour montrer que, malgré les apparences les plus évidentes, la situation s'améliore. Officiellement, sur ces 80 ZSP, 530 kg de cocaïne ont été saisis. On ne nous dit pas si c'est mieux ou moins bien qu'avant. Cela fait, en dix-huit mois, une moyenne de 6 kg de cocaïne saisis par zone de sécurité prioritaire. Chacun jugera de l'intérêt de l'opération. 
 Des projets sociétaux qui déçoivent à gauche et inquiètent à droite
Damien Le Guay : Primo, la proposition 31 du candidat Hollande indique qu’il ouvrira « le droit au mariage aux couples homosexuels ». De ce point de vue-là, les choses étaient dites, sans détail, sans urgence, sans faire partie des engagements apparemment prioritaires. Et puis surtout l’opinion n’y était pas opposée. Rien ne devait gripper la mise en œuvre de cette proposition. Personne, à dire vrai, n’avait imaginé les manifestations qui eurent lieu, la mobilisation hétéroclite des religieux, d’une frange conservatrice plutôt provinciale, d’une nouvelle génération de jeunes et de tous ceux qui sentaient qu’il fallait protéger le mariage – une des plus vieilles institutions sociales. De réactions fragmentaires, nous sommes passés, au fur et à mesure du débat, à un mouvement de fond comme la France n’en avait pas connu depuis des lustres – avec l’apparition de questions essentielles qui n’avaient pas été prises en compte. Que faire ? Soit tenir une promesse, soit trouver un compromis (une union civile avec les mêmes droits) pour éviter, comme l’avait indiqué le candidat, « d’opposer les français les uns contre les autres » et de ne pas les « écouter » ? Mais le gouvernement tenait à cette promesse en l’état. Elle devait passer coûte que coûte. Ceci cristallisa les mécontentements, les aigreurs, un sentiment de surdité politique. Une certaine gauche médiatique s’en donna même à cœur joie dans l’invective contre les opposants, assimilés à des extrémistes, des « homophobes », voire même « des fachos ». Ce que les homosexuels ont gagnés, la paix civile l’a perdue.
Secundo, la PMA-GPA. Tout vient de cette même proposition 31. Elle ajoute que le candidat ouvrira le « droit à l’adoption aux couples homosexuels ». La question de la PMA s’est ajoutée à la question de l’adoption comme un droit inclus dans ceux permis « aux couples de même sexe». L’adoption pour tous les couples sembla délicate à mettre en œuvre considérant la pénurie d’enfants à adopter et les réticences des pays donneurs ». Alors,  Ne fallait-il pas augmenter « les droits », établir «l’égalité des droits » par cette procréation médicalement assisté en passant d’une «stérilité biologique » à une « stérilité sociale » ? Tel est le raisonnement d’un grand nombre. Qu’un couple homosexuel puise ne pas bénéficier de l’aide de la médecine est considéré comme une injustice, une discrimination – et non une contrainte naturelle. Cette question est encore en suspend. Elle devrait être traitée plus tard ainsi que la question de la Gestation pour Autrui. Son principe est refusé. Mais ce qui est refusé par la porte semble toléré, pour ne pas dire encouragé, par la fenêtre. Faut-il, comme aujourd’hui, ne pas accepter des enfants conçus par GPA à l’étranger ou, au contraire, selon des directives de Madame Taubira, faciliter les procédures ? Dans les deux cas, pour des discussions à venir, une logique consensuelle s’oppose à celle jusqu’auboutisme des mêmes droits pour tous et d’une liberté individuelle sans limites jusqu’à tolérer les « locations de ventres étrangers ».    
Enfin, l'euthanasie. La promesse du candidat (n°21) est assez neutre : « bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité » et aurait supposée d’aménager à la marge la loi Léonetti. Or, cette « dignité » a été entendue au sens de la dignité de l’euthanasie. Et tout est fait, depuis deux ans, pour ne pas tenir compte des rapports et avis modérés, comme le rapport Sicard, l’avis du CCNE, et mettre en avant l’euthanasie ou le suicide assistée comme les solutions les plus « dignes » pour la fin de vie. Le débat des idées est lancé depuis longtemps. L’ADMD est à la manœuvre. Les propositions des uns et des autres sont sur la table – avec en plus la mise en place de directives anticipées contraignantes. Si le ministre Marisol Touraine n’a pas caché ses idées pro-euthanasie, le vrai débat au parlement a été repoussé à juin 2014 ou plus tard. Une certitude à finie par s’imposer : tout est prêt, tout a été fait pour préparer les esprits, mais il faut encore attendre le « bon moment » - qui, espérons-le, ne viendra pas, tant le savant équilibre de la loi Léonetti, est précieux, mesuré, d’une grande intelligence. S’il faut avancer, avançons du coté des soins palliatifs et de l’adaptation de l’Hôpital à cette logique palliative qui lui es un peu étrangère – tant est forte, pour lui, la logique curative.   

UNE NOUVELLE TAXE SUR LE GAZ DÈS LE 1ER AVRIL


Le 1er avril, les ménages français seront soumis à une nouvelle taxe sur la consommation de produits énergétiques polluants, qui alourdira leur facture de gaz, même si le gouvernement a prévu des compensations pour les plus modestes.

Les ménages étaient jusqu’ici exemptés de la taxe intérieure sur la consommation de gaz naturel (TICGN), collectée depuis 1986 par les fournisseurs de gaz auprès de leurs clients et reversée à l’Etat.
Elle est l’équivalent pour le gaz des taxes intérieures de consommation perçues sur les carburants, le fioul ou le charbon.
Mais le gouvernement a décidé de mettre fin à cette exception, dans le cadre de la mise en place de la contribution climat énergie (CCE), sorte de «taxe carbone» qui consiste à lier en partie les taxes sur les énergies polluantes à leurs rejets de gaz carbonique.
Le gaz commence à me monter au nez....

Selon le ministère de l’Ecologie et de l’Energie, le montant de la taxe a été fixé à 1,41 euro par mégawattheure à compter du 1er avril.
Elle sera ensuite relevée à 2,93 euros en 2015, et 4,45 euros en 2016.
Au 1er mars, le tarif (B1) pour un ménage se chauffant au gaz était compris entre 56,60 et 60,20 euros TTC du mégawattheure suivant les zones géographiques. La hausse du gaz provoquée par la taxe carbone avoisine donc pour ces consommateurs 7,5% sur trois ans.
En avril, le prix taxes comprises du gaz restera toutefois quasi stable, l’application de la nouvelle taxe étant contrebalancée par une baisse de 2,1% en moyenne des tarifs réglementés du gaz, selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
Mais les tarifs réglementés du gaz naturel sont révisés tous les mois depuis l’introduction fin 2012 d’une réforme qui avait permis d’amorcer une légère détente des prix de cette énergie.

Réductions majorées

Cette année, le gaz, le charbon et le fioul lourd seront les seules énergies fossiles dont le coût augmentera à cause de l’instauration de la CCE, laquelle n’aura pas encore d’impact sur les carburants et le fioul domestique. Mais toutes ces énergies augmenteront en 2015 et 2016.
D’autres usages du gaz, notamment pour la production d’électricité, restent exemptés.
La contribution climat énergie doit rapporter 340 millions d’euros à l’Etat la première année, avant une montée en puissance à 2,5 milliards d’euros en 2015 et 4 milliards en 2016. 
Pour les ménages plus modestes, des compensations sont prévues pour accompagner la montée en charge de cette contribution, au moyen d’une revalorisation des déductions forfaitaires dont ils bénéficient via le «tarif spécial de solidarité» du gaz, ou TSS.
Le montant de la réduction varie de 23 à 185 euros selon le nombre de personnes composant le foyer et les usages du gaz (eau chaude, cuisson ou chauffage), contre 22 à 156 euros jusqu’à présent, selon un arrêté du gouvernement paru jeudi au Journal officiel.
Le TSS a été créé en 2008. Versé sous conditions de ressources, il peut être cumulé avec le tarif social de l’électricité (ou TPN). Ces tarifs sociaux de l’énergie ont été étendus en novembre 2013 à environ quatre millions de foyers modestes, soit plus de huit millions de personnes. 
Le TSS est financé au moyen d’une contribution acquittée par les consommateurs de gaz et son nombre de bénéficiaires à fin 2014 est estimé à environ 1.138.000.

SATISFACTION

SATISFACTION


Pierre qui roule n’amasse pas mousse mais les Rolling Stones font toujours recette. Ils n’ont même pas eu besoin du temps d’un concert pour remplir le stade de France. À peine 51 minutes hier matin pour vendre les 75.000 billets de leur unique sortie en France (le 13 juin). 25 tickets écoulés à la seconde pour des sésames dont le prix (astronomique) oscille entre 75 et 150 euros. Certains billets VIP pouvant dépasser le millier d’euros. Plusieurs fois dispersé, mais toujours reformé, le plus grand groupe de l’histoire du rock (plus de 50 ans d’existence, 200 millions d’albums vendus) ne carbure plus au sexe et à la drogue comme dans ses vertes années. Non, les papys de la scène (71 ans pour Mick Jagger et Keith Richards et des fortunes estimées à plus de 250 millions de dollars) pilotent une formidable machine cash. Ils organisent jusqu’à la sécurité de leurs tournées. Histoire d’en percevoir 75 % des recettes. Le moins d’intermédiaires possibles, mais toujours plus de revenus. Doté d’un redoutable sens des affaires, Sir Mick, ancien élève d’une école de commerce, a mis au point un système qui lui a permis de ne payer que 1,6 % d’impôts ces vingt dernières années. De quoi donner un tout autre écho au plus célèbre de leurs hymnes :
I can’t get no satisfaction !

Après le second tour des municipales: agenda "normal" pour François Hollande et Jean-Marc Ayrault


Chaque vendredi, les services de presse des ministères communiquent les agendas à venir des ministres. Mais pour cette semaine post-municipales, en pleine rumeur de remaniement, c'est bien le planning de Jean-Marc Ayrault qui focalise l'attention. 

Lundi 31 mars

Le Premier ministre s'entretiendra dès 8h30 avec le ministre de l'Intérieur (et Premier-ministrable), Manuel Valls...qui verra luiFrançois Hollande à 10 heures à l'Elysée. 
Suivra pour le Premier ministre, un entretien avec le premier Secrétaire du PS, Harlem Désir, à midi. Enfin, c'est bien le déjeuner calé avec le président de la République à 13 heures qui retiendra toutes les attentions. 
>> A (re)lire: Tous nos articles sur le possible remaniement 

Mardi 1er avril

Jean-Marc Ayrault s'entretiendra à 10 heures avec la ministre de la Justice, Christiane Taubira avant de recevoir un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'homme à 11 heures.  
Pour sa part François Hollande verra Laurent Fabius (autre candidat non-déclaré à Matignon) à 8h30. Le président de la République s'entretiendra dans l'après-midi avec l'homme le plus riche du monde, Bill Gates

Mercredi 2 avril

Les équipes du service de presse de Jean-Marc Ayrault ont prévu comme d'habitude un entretien avec le président de la République à 9h30, avant le traditionnel Conseil des ministres à 10 heures. 
Seul hic, le Conseil a été avancé à 9 heures afin de permettre à François Hollande de se rendre à Bruxelles pour un sommet européen consacré aux relations entre l'Europe et l'Afrique. L'agenda du Premier ministre est pour l'instant le seul du gouvernement à n'avoir pas acté ce changement d'heure. 

L'agenda caché?

Si tout semble normal en façade, en coulisses, la rumeur court que le gouvernement pourrait remettre sa démission dès lundi soir. "Le Secrétariat général du gouvernement nous a demandé de nous tenir prêt", indique-t-on dans l'entourage d'un ministre important. 
Dans cette hypothèse, le nouveau gouvernement pourrait être annoncé mardi dans la soirée, pour un premier conseil des ministres mercredi comme prévu.  
François Hollande qui déteste la contrainte, pourrait aussi vouloir reprendre la main sur son calendrier en programmant une intervention télévisée mercredi pour un remaniement vendredi, juste avant le week-end. Bref, comme le résume un haut fonctionnaire, "on est pleine béchamel". 

Un remaniement pour la forme et ne rien changer sur le fond ?


Face au désastre de la majorité aux élections municipales, François Hollande est dans une impasse où ses talents de tacticien vont être mis à rude épreuve. Difficile en effet de trouver un autre Ayrault acceptable à l’opinion et docile au président. La tentation est grande de conserver l’original, alors qu’il faut donner malgré tout le sentiment que l’on a compris le message électoral.
Une fois de plus, n’attend-on pas trop de François Hollande ? Face au désastre de la majorité aux municipales, à la nouvelle et brutale aggravation du chômage, à l’incapacité de réduire les déficits, il est pressé de partout de changer, de prendre des mesures radicales, en évoquant l’exemple de l’Italie où le nouveau président du Conseil a décidé de trancher dans le vif.
Rien n’est plus difficile pourtant que de modifier la nature des hommes. Et l’on sait que le tempérament de François Hollande est constamment de louvoyer, de chercher à contourner les obstacles sans les affronter de face. Ce qui lui a permis de diriger le parti socialiste en jouant sur les différents courants sans s’impliquer lui-même n’est pourtant plus adapté à la direction de l’Etat. Au cours du dernier conseil des ministres, le président a tancé vertement ses ministres, en les incitant à travailler "avec plus de rapidité, de force, de cohérence et de justice sociale". Un réquisitoire fort mal reçu par les intéressés, qui pourraient à juste titre en rendre largement responsable un chef de l’Etat, qui ne sait pas diriger ses troupes.
Il reflète en réalité une constante de François Hollande qui n’exerce pas sa mission, mais se décharge sur autrui de résoudre les problèmes, en cherchant à se contenter d’un rôle d’arbitre qui n’est plus de mise dans l’état actuel du pays. Il affirme ainsi qu’il ne changera pas de cap, alors qu’on cherche vainement à connaître le fil rouge de sa politique, qui se résume pour l’instant dans un pacte de responsabilité aux contours mal définis et qui ne fera sentir ses effets concrètement qu’à partir de l’an prochain.
Là encore, on voit surtout un effet d’habillage à destination de Bruxelles, pour donner l’impression que l’on a engagé une action, alors qu’on est toujours au stade du Verbe. Car c’est toujours le flou qui règne sur la manière dont on parviendra à réaliser cinquante milliards d’économies d’ici trois ans. La poussée du Front national aux municipales offre un nouvel argument à l’attentisme du chef de l’Etat pour retarder l’heure de la rigueur, car, selon lui, une politique trop sévère pour réduire la dépense publique ne ferait que renforcer l’extrême droite. Il propose de lâcher du lest en obtenant un nouveau délai dans l’échéancier auprès de Bruxelles et en donnant un coup de pouce aux plus bas salaires à court terme en France.
Mais sur le fond, c’est toujours le même statu quo qui prévaut. Le grand choc attendu n’aura pas lieu. On se contentera d’un habillage sous la forme d’un remaniement. Pourtant, là encore il ne peut être question de mettre à la tête du gouvernement face à un président au plus bas dans les sondages et sans véritable autorité un homme fort qui lui disputerait rapidement la réalité du pouvoir. Trouver un autre Ayrault acceptable à l’opinion et docile au président n’est pas chose facile. La tentation est grande de conserver l’original, alors qu’il faut donner malgré tout le sentiment que l’on a compris le message électoral. Bref, François Hollande est dans une impasse où ses talents de tacticien vont être mis à rude épreuve.

De François Mitterrand à François Hollande : que reste-t-il de la France unie ?

De François Mitterrand à François Hollande : que reste-t-il de la France unie ?

Depuis le slogan «la France unie» qui avait marqué les élections présidentielles de 1988, ce thème s'est effacé du débat politique français, comme ringardisé. L'unité de la France est un principe fondateur essentiel de la Nation que l'on retrouve à toutes les époques. Sous l'ancien régime, elle s'incarnait dans la personne du souverain. «L'unité du Royaume» fut ainsi la priorité absolue deRichelieu. Elle fut la véritable obsession des républicains: «Messieurs, avant de faire une France grande, faisons une France une. Refaisons l'union de tous les Français. Reconstruisons le grand parti français sous les plis d'un drapeau qui puisse l'abriter, parce qu'il est le seul sur lequel, aujourd'hui comme au temps de l'invasion, tous les Français puissent servir avec honneur» déclaraitJules Ferry dans son discours du 17 octobre 1874. Cette aspiration s'exprime en permanence dans l'œuvre de Jules Michelet qui voit dans la France une personne et prône «l'unité de l'être». Elle atteint sa quintessence avec «l'union sacrée» de Raymond Poincaré, président de la République sous la bannière de laquelle la France entre en guerre le 4 août 1914. Le général de Gaulle voyait en elle la source de la grandeur et de la réussite, fustigeant au contraire la division: «Depuis l'aurore de notre histoire, nos malheurs furent toujours en proportion de nos divisions. Mais jamais la fortune n'a trahi une France rassemblée.» (discours de Vincennes le 5 octobre 1947).
Tout porte à croire que l'unité nationale est un principe dépassé, déconnecté du réel. La société française ne cesse en effet de se fragmenter, traversée de part et d'autres de profondes fractures laissant penser que les termes «République indivisible», inscrits dans la Constitution, ne sont plus qu'un slogan vide de sens: aggravation des clivages culturels, religieux, urbains ou de génération, chômage de masse qui creuse les différences entre métiers protégés et exposés à la précarité, entre la fonction publique et le privé, entre actifs et retraités, entre la classe moyenne et 5 millions d'exclus du monde du travail… L'attitude des responsables politiques amplifie les tensions qui minent la société française. La division et le sectarisme dominent leurs comportements. On comprend mieux l'effondrement de la participation électorale et la défiance envers le politique quand on voit des politiciens s'écharper sur les plateaux de télévision, quand des gouvernants (quels qu'ils soient) se défaussent de leurs responsabilités en se contentant d'accabler leurs prédécesseurs, où quand les milieux dirigeants versent en permanence dans la haine furieuse, la calomnie, la chasse aux sorcières et l'invective. Les élites politiques ont renoncé au débat d'idées pour s'abandonner à la guerre civile froide et à l'affrontement des ambitions individuelles. Les politiques, ces dernières décennies, ont mis l'accent sur la recherche du clivage, de la polémique, de la cassure.




Pourtant, «la France unie» n'est pas définitivement morte et enterrée et «un printemps français» ne peut venir que d'elle. D'abord, les Français dans leur ensemble aiment l'unité et la souhaitent dans leur vie quotidienne comme dans la vie publique. L'objectif n'est en aucun cas d'engendrer un consensus mou qui ferait le jeu des extrêmes. Dans une démocratie il faut impérativement une majorité et une opposition, des idées et des projets différents. Cependant, «la France unie» passe par un socle commun de valeurs, une règle du jeu fondée sur le respect mutuel et des objectifs communs, la possibilité d'alliances et de compromis sur certains points. Quelques sujets qui concernent l'avenir de la Nation pourraient être placés au-dessus des alternances et faire comme dans d'autres grandes nations européennes - le Royaume-Uni par exemple - l'objet d'une entente ou au moins d'une discussion entre les divers courants politiques: l'avenir de l'école, la maîtrise de l'immigration, la réussite de l'intégration, la sécurité. Bref, la «France unie» ne doit pas être seulement un mythe mais donner lieu à des réalisations concrètes. C'est aux politiques de donner un exemple volontariste, malgré une situation sociale qui semble plus propice à la division qu'à l'unité. Se trouve-t-il assez de lucidité dans la classe dirigeante pour en prendre conscience? L'évolution des institutions politiques avec la présidentialisation du régime aggrave la division. Quand le chef de l'Etat s'occupe de tout et gouverne directement le pays en appliquant la politique de sa majorité, il ne peut plus se placer au-dessus de la mêlée et s'exprimer en garant de l'unité nationale. La Constitution de 1958 distingue les rôles du président de la République, arbitre, guide de la Nation et du Premier ministre en charge de la politique quotidienne. Elle n'est plus appliquée depuis fort longtemps et cet oubli majeur contribue au sentiment de fragmentation du pays. Respecter la Constitution tout simplement serait un premier pas, même modeste, dans la bonne voie. La France unie sera-t-elle le thème majeur des prochaines grandes échéances politiques? Il serait temps d'y penser.

DOZE LE NETTOYEUR
 
Revivez la semaine éco à travers les propos de Nicolas Doze, ses coups de gueule et ses coups de coeur. Cette semaine : les municipales et le FN, le SMIC trop élevé, le chômage, le compte de pénibilité, la CFE-CGC et le pacte de responsabilité.,

L’Acropole aux enchères ?

La Grèce va mieux... disent-ils.
 Il arrive, il est vrai que de grands malades connaissent quelques rémissions dans l'aggravation de leur mal. 
 C'est le bon docteur Barbarosso qui l'affirme, content de lui-même, comme Rajoy en Espagne, satisfait des remèdes de l'infaillible Troîka, ces ayatollahs de l'austérité : le berceau de la démocratie est en bonne voie de guérison. Les métastases ont cessé de progresser.  D'un optimisme sans faille, il n'a jamais vu dans le cas grec une faillite européenne, qui est bien plus qu'héllène, mais une purge provisoire et nécessaire, une sorte de jeûne thérapeutique, en somme. N'allez surtout pas croire que l'intervention chirurgicale visait d'abord le sauvetage des banques européennes, qui avaient joyeusement prospéré là-bas ; καθόλου ! Pas du tout !..   
Il l'affirmait avec un optimisme sans faille, comme un chirurgien légitimement fier après une délicate première et longue opération, lors de du lancement de la  présidence grecque de l’UE :
 "...Nous sommes bien au courant qu’il existe encore des situations extrêmement difficiles, y compris dans un pays comme la Grèce – des difficultés sociales, des épreuves, d’importants sacrifices – et nous savons que ces signes positifs que nous commençons à constater ne se font pas encore ressentir au niveau individuel. Je suis aussi pleinement conscient des difficultés que traverse la population grecque et je souhaite vraiment lui rendre hommage pour son courage et sa dignité ; et j’encourage le peuple grec, sous la direction de son gouvernement, à ne pas baisser les bras et mettre en péril les efforts accomplis. Je pense que nous pouvons dire au peuple grec que ses efforts et sacrifices lui ouvrent les portes d’un meilleur avenir. » 
La dignité ? Quand une grande partie de la population côtoie la misère, quand le chômageprogresse encore, quand même le système de santé est soumis à de sévères restrictions et prend le chemin de la privatisation. 
  Aujourd'hui, là-bas, on pourrait aller jusqu'à  privatiser l'Acropole...ou presque !
Comment, il est vrai, s'arrêter en si bon chemin, quand on a déjà bradé tant de biens publics ?
 Le malade, en grande léthargie, ne se plaint pas trop et n'est pas encore à l'agonie.
 On dit même que le tourisme reprend de la rigueur. Forcément, les salaires ont fondu, donc les prix sont devenus attractifs.
 Donc on peut forcer la dose et peut-être aller jusqu'à founir au monde le modèle d'un pays entièrement privatisé, selon les dogmes d'un ultralibéralisme poussé jusqu'au bout de sa logique. Reagan ne disait-il pas, à la suite de Hayek : l'Etat, c'est le problème ?....
    Mais,mais... On apprend que d'autres médecins, grecs ceux-là, ne partagent pas les vuesdiscutables  du Président non élu de la Sainte Commission. L'un deux fait un diagnostic assez sombre :
 "...C'est bien connu : l'Histoire se répète parfois sous forme de tragédie, parfois sous forme de farce. Les premières années de la crise ont été marquées par de nombreux troubles sociaux ; il y en a beaucoup moins maintenant. Les gens rentrent chez eux et lèchent leurs plaies. Ils essaient de joindre les deux bouts, et de mettre de quoi manger sur la table. Pour résumer, les rues sont calmes, mais le mécontentement est fort, et la pauvreté, un cancer qui tue les gens psychologiquement. De très nombreux ménages sont surendettés. Ce que j'ai pu observer au sein des familles, c'est une forme de dépression au sens clinique du terme, qui s'apparente beaucoup aux états bipolaires. Un jour, les gens sont catatoniques et, le lendemain, ils sont dans une forme d'optimisme bizarre, où ils éprouvent le sentiment totalement irréaliste que tout est possible. Puis la dépression revient. Pas besoin d'être grand clerc pour savoir de quoi tout cela est le terreau, on l'a déjà expérimenté dans les années 1930, et pas seulement en Allemagne... "

 Qui disait : " Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde" ?

Quand le monstre échappe à son créateur

Quand le monstre échappe à son créateur


Après le ministère de la Culture, le siège du Medef, celui de la CGPME, la Cour des comptes, le Mucem à Marseille, les intermittents du spectacle ont choisi d’occuper l’Opéra de Paris, jeudi 20 mars, pour y passer la nuit, avec la bénédiction de son directeur adjoint, en attendant une assemblée générale prévue le lendemain.
Toutes ces occupations illégales pour lesquelles le gouvernement socialiste montre une rare indulgence, pour ne pas dire complaisance — il est vrai qu’à quelques jours d’une échéance électorale, il ne s’agit pas de se mettre à dos une population tout entière acquise à sa cause —, ont un seul et même objectif : laisser inchangé, comme c’est le cas depuis 2003, le régime des intermittents — dans le rouge chaque année de 1 milliard d’euros —, alors qu’il nécessiterait au contraire une profonde remise à plat.
Selon la Cour des comptes, les artistes et les techniciens, concernés par les annexes 8 et 10, représenteraient en effet un quart du déficit total de l’assurance chômage, mais à peine 3 % des chômeurs. En cause, des règles d’indemnisation très généreuses.
La renégociation de la convention d’assurance chômage était l’occasion rêvée de le faire, mais c’était compter sans l’aide apportée par certains membres du gouvernement au premier rang desquels Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, qui a accusé le Medef — il demandait simplement l’alignement des annexes 8 et 10 sur le régime général — de « vouloir tuer la culture » avant de déclarer quelques semaines plus tard qu’en France, on avait « économiquement besoin des intermittents » et que le déficit était « la raison d’être d’un régime fait pour des gens plus précaires que les autres ». Seul problème, cette “précarité” a été voulue par les intéressés eux-mêmes et elle est loin d’égaler celle, bien plus réelle, des ouvriers des abattoirs Gad en Bretagne. La réforme ne se fera qu’a minima.
Saint-Just disait : « Tous les arts ont produit des merveilles ; l’art de gouverner n’a produit que des monstres. »Vingt-cinq ans plus tard, Mary Shelley a montré, dans son roman Frankenstein, que les monstres pouvaient échapper à leurs créateurs. Il en est de même des intermittents du spectacle.

Le réveil de l’opinion française

Le réveil de l’opinion française


L’Express de ce 24 mars, peut-être pour attirer le chaland, parle des « dix surprises du premier tour » de ces élections municipales. Or, dans l’histoire politique française il s’est produit, sans doute plusieurs fois, des retournements inattendus entre les deux tours. Mais ce que souligne le scrutin du 23 mars vient de suffisamment loin pour qu’on doive en prendre acte et en tirer les conséquences.
Remarquons d’emblée que la « surprise » ne vient pas, à nos yeux, de l’effondrement du PS et de la poussée du FN, mais de l’ampleur du premier phénomène dont le second tire naturellement, quoique partiellement, parti.
Sans doute est-il trop tôt pour discerner quels mouvements réels et durables se sont produits dans l’opinion. Il faut attendre pour cela de disposer de chiffres complets, non plus en pourcentages, mais en valeurs absolues. Au moment de la présidentielle de 2012, on pouvait consulter les chiffres des villages, puisqu’ils ne comportent qu’un bureau de vote : c’est en effet à ce niveau que doit se situer toute étude des évolutions de l’électorat. Elles se révèlent très différentes de ce que disent les commentateurs, et nous le soulignions alors. Or, cette étude ne peut s’effectuer dans le cadre de ce scrutin puisque la France rurale ne vote pas ici sur des listes politisées. Rappelons aussi que les listes urbaines sont beaucoup plus encadrées par le système, beaucoup plus quadrillées par l’idéologie officielle, qu’elles sont subventionnées, etc.
Constatons que le travail d’implantation locale a fini par porter ses fruits et que ce qui s’observe partout s’est vérifié, aussi, à Hénin-Beaumont et à Forbach et dans pas mal de villes, et pas seulement en faveur de ce parti, faut-il le signaler.
Mais c’est, en plus de tout cela, le sentiment d’écœurement qui a donné un coup de pouce général aux diverses formes d’opposition. On a beaucoup parlé, et à juste titre, des promesses sociales non tenues, de l’échec économique du pouvoir actuel, de l’effacement international et européen de la France etc.
Tout cela joue indiscutablement.
Il faut aussi rappeler, cependant, que les plus grandes poussées d’indignation de l’année 2013 ne se sont pas investies sur les terrains auxquels un certain matérialisme voudrait pouvoir les cantonner. Si monstrueuses soient-elles, la pression fiscale, pas plus que le monopole de la sécurité sociale, etc. tout cela n’a pas mobilisé autant que les atteintes à la famille et aux mœurs.
Au titre de celles-ci on doit inclure aussi le cas, unique au monde, d’un chef d’Etat, renégat manifeste du catholicisme familial, prétendant instituer le « mariage » pour tous et s’en dispensant lui-même. Que ce personnage fasse honte à une partie de l’opinion mériterait une attention plus soutenue des observateurs.
Qu’enfin le parti de ce politicien dont la capacité à gouverner reste encore à démontrer et dont le seul métier connu, pour ne pas parler de mérite, se limite aux manipulations, se soit investi ces dernières semaines dans les atteintes judiciaires, effectivement partisanes, contre son prédécesseur et rival, n’a fait qu’assombrir le tableau.
La bonne surprise de ce premier tour semble donc le réveil d’une opinion française qu’on aurait pu croire installée au château de la Belle au Bois Dormant. On ne peut donc que souhaiter la prolongation et l’amplification du phénomène.

Le Conseil constitutionnel censure la loi Florange


Le Conseil constitutionnel a censuré jeudi la "loi Florange" qui ouvrait la voie à des pénalités pour les entreprises fermant un site rentable, infligeant ainsi un camouflet au gouvernement à trois jours du deuxième tour des élections municipales.
Il estime dans un communiqué que les dispositions sur le refus de céder un établissement en cas d’offre de reprise et les sanctions prévues dans ce cas, sont "contraires à la liberté d’entreprendre et au droit de propriété".
Les "Sages" censurent aussi les dispositions prévoyant des pénalités en cas de non respect de l’obligation de recherche d’un repreneur et vide de sa substance cette loi hautement symbolique, promesse de campagne de François Hollande.
Le Medef, qui juge ces dispositions "inapplicables et dangereuses", a salué la "décision réaliste" du Conseil.
Dans un communiqué, la principale organisation patronale française invite le gouvernement à faire montre du même réalisme lors de la présentation au Parlement, en avril, du pacte de responsabilité proposé par François Hollande aux entreprises.
"La confiance est indispensable à la réussite du pacte de responsabilité. Elle passera par des actes cohérents de la part du gouvernement et des parlementaires", écrit-elle.
Mais le porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Thierry Mandon, a déclaré à Reuters que les députés de la majorité allaient présenter un nouveau texte sur "le point difficile" des sanctions mais les motivations de la décision du Conseil constitutionnel laissent peu de marges de manoeuvre.
MESURES CONTRE LES OPA HOSTILES
La "loi Florange", un texte d'origine parlementaire dont les dispositions mécontentaient à la fois patronat et syndicats, devait être initialement adopté avant fin 2012 mais n'a finalement été voté que le 24 février 2014.
Les groupes UMP de l'Assemblée et du Sénat ont alors saisi le Conseil sur cette loi jugée par le patronat en contradiction avec la main tendue par le gouvernement aux entreprises.
Le texte obligeait un dirigeant d'entreprise appartenant à un groupe de plus de 1.000 salariés et souhaitant fermer un de ses établissements à rechercher pendant trois mois un repreneur, sous peine de devoir verser une pénalité pouvant atteindre 20 smic mensuels - soit 28.000 euros - par emploi supprimé, dans une limite de 2% de son chiffre d'affaires.
Le texte comporte également des mesures en faveur de l'actionnariat à long terme et encadre les OPA hostiles, qui n'ont pas été censurée par le Conseil. Ainsi, afin d'éviter des prises de contrôle rampantes, les salariés pourront détenir jusqu'à 30% du capital social de l'entreprise.
De plus, les collectivités locales ayant accordé des aides publiques pourront réclamer à ces entreprises n'ayant pas joué le jeu de les rembourser si elles ont été accordées durant les deux dernières années.
Mais pour les "Sages", l’obligation d’accepter une offre de reprise "sérieuse" et la compétence confiée au tribunal de commerce pour en juger "font peser sur les choix économiques de l’entreprise (...) des contraintes portant atteinte au droit de propriété et à la liberté d’entreprendre.
Il estime par ailleurs que la pénalité prévue pour le non respect de l’obligation de recherche d’un repreneur est "hors de proportion avec la gravité des manquements réprimés".
UNE PROMESSE DE HOLLANDE
Il juge en revanche conforme à la Constitution le dispositif donnant aux repreneurs potentiels l’accès aux informations "utiles" sur l’établissement dont la fermeture est envisagée, de même que les dispositions relatives à l'information du comité d’entreprise en cas d’offre publique d’acquisition.
Ce texte était une promesse faite par le chef de l'Etat en février 2012, pendant la campagne présidentielle, lors d'une visite sur le site sidérurgique ArcelorMital de Florange.
Le 30 novembre 2012, le gouvernement et ArcelorMittal avaient cependant signé un accord entérinant l'arrêt des deux hauts-fourneaux de Florange et la disparition de 629 emplois. Accord alors qualifié de trahison par les syndicats.
En outre, ce n'est pas le gouvernement mais le groupe PS à l'Assemblée qui a déposé la proposition de loi votée en février dernier après un parcours parlementaire chaotique.
L'Assemblée a notamment dû procéder à une nouvelle lecture définitive après que le Sénat, où la gauche dispose d'une faible majorité, a rejeté le texte du fait de l'abstention du Front de gauche qui le jugeait insuffisamment contraignant.
(Emile Picy, édité par Emmanuel Jarry)